Quelques coups de fil, et l'annonce de la réunion du soir avait fait le tour de la meute. Chaque membre devait absolument être présent, le premier absent serait passible de renvoi, j'avais été formel. Désormais, nous étions en guerre. L'obéissance devait être absolue et la confiance aveugle, je ne tolérais aucun retard, aucune mauvaise volonté, aucun doute. Tout ceci était un luxe que nous ne pouvions plus nous payer, nous avions désormais de lourdes tâches sur les épaules. C'était ce qui avait résulté de ma réunion avec Liam et Jacob ; nous devions agir intelligemment, rapidement, et fortement. La moindre crainte de la mort, la moindre appréhension étaient bannies, nous avions un but élevé et les Volturi, eux, ne craignaient pas la mort. Lorsqu'ils agiraient, ils frapperaient un grand coup, frappe dont personne ne se relèverait si nous n'étions pas unis comme les doigts de la main et synchro dans nos actes.


Minuit pile dans le salon du quartier général. Voilà l'heure et le lieu que j'avais fixés. J'avais emmené Kaitlyn faire un tour à l'extérieur, je l'avais faite courir, jouer dans un parc et je l'avais entraînée de sorte à l'épuiser. Je ne tenais pas à ce qu'elle assiste à la réunion qui risquait d'être un peu trop crue pour ses oreilles d'enfant ; même si je lui apprenais à tirer avec un pistolet pour qu'elle soit en mesure de se défendre ou de protéger un proche en danger, je ne voulais pas l'effrayer avec les paroles que j'allais prononcer et encore moins la secouer plus qu'elle ne l'était déjà en reparlant de la mort de sa mère. Au moment où tout le monde me rejoindrait dans le salon, je voulais qu'elle dorme à poings fermés pour ne se réveiller qu'au petit matin, quand la réunion serait terminée.
Une fois de retour au QG, je la montai donc dans notre chambre, me glissant à côté d'elle sur le lit en prenant un livre et croisant les jambes. Alors qu'elle fermait les yeux petit à petit, je lui lisais une histoire, refusant de la laisser repenser au décès de sa mère, qui s'était après tout faite tuer devant ses yeux de petite fille. Elle devait, dans ses rêves, repenser à la princesse qui se faisait sauver par son prince charmant - pas revoir la tête de sa mère se faire transpercer en plein front par une balle en argent avant de s'écrouler mollement sur le sol devant une foule en panique.


Lorsque je fus sûr que ma fille dormait, je descendis dans la cuisine en jetant un coup d'oeil à ma montre qui indiquait 23h39. Vu comme j'avais été catégorique et peu enclin à accepter un quelconque retard, je ne doutais pas que certains membres de la meute arriveraient bien en avance. Je me servis un jus de pomme avant de regagner le salon, m'affalant sur le canapé en fermant les yeux, trempant mes lèvres dans la boisson que je venais de me servir avant de soupirer profondément. Je finis par me redresser, posant le verre sur la table basse et mon regard se fixant sur mon reflet dans la baie vitrée alors que j'écoutais le feu de la cheminée qui crépitait, donnant l'illusion d'une atmosphère chaleureuse dans ce monde de glace.