Treize années, treize longues années pour revenir dans cette ville maudite. Forks, ici où tout à commencer, le berceau de cette guerre qui ne fait que détruire un peu plus les beautés que l'on peut retrouver dans ce monde. La guerre je la connaissais, je savais bien à quel point elle pouvait faire ressortir le pire de nous-mêmes, comment elle pouvait transformer un enfant innocent en machine à tuer. Oui comment la tristesse d'un père qui vient de voir sa fille mourir sous le feu d'un soldat ennemi pouvait devenir celle qui exterminera des milliers d'innocents, qui seront vengés par leur famille. Une année sur la base de Kandahar, je n'avais que trois ans, mais j'étais déjà bien assez vieux pour comprendre tout l'enjeu et les conséquences de ces guerres qui étaient supposément présents pour emmener la joie et la liberté. Cette guerre, j'y étais mêlé malgré moi. Étant un Dhampire j'avais deux choix, soit me cacher et attendre que les choses se calme, ce qui arriverait probablement jamais, soit je combattais ceux que je considérais comme les méchant et que je tuais. J'avais choisi de créer ma propre voie, de créer une troisième option pour moi et tous ceux qui voulaient voir cette guerre disparaitre. Étant un expert en maitrise et au combat à main nue j'étais bien décidé à empêcher les autres de se battre. Pour ce faire, il y avait plusieurs méthodes que j'avais envisagées, quelques une plutôt imbécile je dois l'avouer. Cependant, celle qui me semblait avoir le plus haut taux de réussite était aussi celle qui avait le plus haut taux de danger pour ma vie. Personne ne devait me suivre dans cette voie, je n'étais pas là pour entrainer qui que ce soit dans la mort si jamais les choses tournaient mal.

Cette méthode était simple, lorsque les différents clans seront face à un ennemi commun ils finiront pas s'allier pour pouvoir le faire tomber. Ils devront mettre fin au conflit présent pour abattre un seul ennemi. Est-ce que j'étais assez fort pour réussir un tel coup de maître et d'obliger tous les clans à mettre fins a leurs conflits pour me traquer? Surement pas, mais si au moins je pouvais les détourner de ce massacre pendant quelque temps, le temps que j'arrive à trouver une solution où les effusions de sang seraient absentes, j'en serais heureux. J’étais sur le point d'entrer dans cette ville, là où le mal trouva sa source, l'endroit même où la mort siégeait avec le grand sourire collé aux lèvres. J'espérais de tout mon être de ne pas avoir à tuer, je voulais pouvoir survivre ici sans faire couler le sang, sans regarder le sang couler. Non, je ne voulais pas accepter de voir le sang couler devant moi. Si jamais j'acceptais que cette réalité fût normale dans cette ville, je prendrai de vue mon but et me laisserai emporter par cette vague de rage et de violence. Je devais empêcher les gens de tuer davantage sans leur donner de raison de tuer encore et encore. Je devais leur faire comprendre que se battre ne servait strictement à rien et qu'ils ne pouvaient continuer ainsi.

Je marchais dans cette rue, en cette nuit sombre où la pluie tombait comme une chute intarissable qui tentait de nettoyer la ville qui était souillée par le sang et la mort. Oui la ville sentait la mort à plein nez, cette odeur je la détestais, elle me rappelait l'Afghanistan. La seule chose que je pouvais apprécier de cette ville était cette pluie, c'était littéralement un don venu du ciel. Je me sentais si bien sous les puissantes gouttes qui coulaient le long de mon corps et de mon visage. J'avais pris le temps de cacher mon visage avec un mince foulard de coton que j'avais replié en deux pour lui donner une forme triangulaire, les même que portent les cowboys dans les films de far ouest. La raison était simple, je voulais pouvoir vivre une vie un tant soit peu normale lorsque je ne cherchais pas à m'interposer dans les combats. Bien sûr cela ne marcherait pas éternellement, mais si ce pouvait être efficace pendant quelques mois j'en serais heureux.

Je marchais silencieusement dans la rue alors que j'entendis un grognement. Ce grognement résonnait dans ma tête comme un coup de fusil. Non, en fait le coup de fusil aurait fait beaucoup moins d'effet, il m'aurait beaucoup moins de souvenirs et n'aurait jamais éveillé tant de peine. Ce grognement, c'était l'un de ces grognements remplis de haine et de désir de tuer pour assouvir des pulsions primaires qui avait retenti dans la rue. Ce même type de grognement qui m'avait transpercé le coeur avant que je vois mon père mourir sous de puissants coups de griffes. J'avais mal, le gout du sang revenait et me crier de courir vers le lycan qui grognait et de le tuer. Mais non, je ne pouvais me laisser prendre par de tel émotions, je ne pouvais me laisser conquérir par la guerre, par la mort.

Je me mis à courir vers la source du bruit et je tombais face à face avec un lycan qui venait de tuer un chiot qui ne désirait rien d'autre que défendre la vie de sa jeune maîtresse, une gamine d'à peine sept années. Celle-ci était déjà blessée à la jambe et si je n'intervenais pas elle deviendrait bientôt de la nourriture alors qu'elle avait encore une longue vie à vivre. Ses parents seraient alors dévastés par la peine et deviendraient soit des gens incapables d'accepter la réalité que nous avions nous aussi le droit de vivre dans ce monde ou encore deviendraient des hunters. Pouvais-je vraiment accepter cette réalité? Non, certainement pas.

Je chargeait sur le lycan à toute vitesse et me plaça entre lui et la gamine pour la protéger, face à la fillette pour qu'elle voie mes yeux qui lui disaient de tenir bon, qu'une personne était venue pour l'aider. Rapidement je me retournais alors que le lycan était sur le point de m'assener un autre violent coup. Je le vis immédiatement, le point précis où je devais appliquer une pression pour qu'il perde toute force dans son bras. Bien que j'avais l'air d'un humain totalement normal j'avais les capacités physiques de ma race et je n'hésitais pas à me servir de cet avantage pour atteindre ledit point de pression, ces points que j'avais appris à maitriser et à reconnaitre à la perfection grâce à mes années d'entrainement en Aikido et mon don qui m'indiquait la zone la plus efficace à utiliser. Immédiatement le lycan vit son bras tomber comme s'il je venais de lui trancher tous les tendons. Sans lacer ledit point, je passai rapidement une main derrière sa nuque à la hauteur de la seconde cervicale pour appliquer une pression de chaque côté de l'espace qui se trouvait entre la seconde et la troisième vertèbre cervicale. Je devais tenir quinze secondes pour que ce point de pression fasse son effet, endormir le lycan. Pendant ce temps je lui dis à l'oreille d'une voie neutre et sans pitié.

- Nous avons tous un peu d'humain en nous, nous n'avons aucun droit de tuer nos semblables. Cette guerre et ces meurtres ne résoudront jamais rien.

Je vis ses yeux se fermer peu à peu et il tomba dans mes bras, alors que je laissai échapper, un soupire, de soulagement. Oui, les points de pressions n'étaient pas ultimes et ce lycan avait une bonne musculature. Pendant quelques secondes je crus que j'avais échoué et que j'allais devoir me battre encore. Je le pris et l'adossa contre le mur d'une bâtisse, dans une ruelle puis retourna voir la jeune fille. Elle me regarda un long moment alors que je m'accroupirais doucement devant elle.

- Hey sweetie, je peux voir ta jambe?

D'un air incertain elle hochait la tête, de toute façon que pouvait-elle faire, n'ayant pas la force de marcher. Je regardai la blessure un moment puis enleva mon foulard doucement, penser la plaie était bien plus important que cacher mon identité. Je pris sa jambe puis utilisa le foulard pour lui faire un bandage en m'assurant de ne pas lui faire de mal. Elle me regardait sans comprendre pourquoi je l'avais sauver, pourquoi j'avais accepté de me faire blesser par la bête sans broncher alors que je ne la connaissais même pas. Elle finit par tourner la tête vers le lycan dont elle ne voyait qu'un bout de patte.

- Vous êtes sur qu'il est mort?

Je m'arrêtai suite à ces paroles, elle était déjà prise par la haine de la guerre et le chaos de la mort. Mon regard se dirigeait vers son visage et je plongeai mon regard dans le sien alors que je la prenais dans mes bras. Avant de commencer à marcher, je pris le collier du chien discrètement pour avoir l'adresse de la fillette, pouvoir la ramener chez elle en sécurité pour que ses parents s'occupent d'elle.

- Non, je l'ai endormis. Même s'il a voulu te faire du mal, il ne faut jamais tuer. Quand tu tues quelqu'un, ses parents, ses enfants et sa famille veulent te tuer. Quand tu te fais tuer par la famille, TA famille désire te venger. C'est comme cela que les guerres débutent. Souviens-toi toujours, tuer c'est mal. Quand tu tues tu ne résous rien, tu ne fais qu'empirer le problème.

Elle me regardait avec un air étonné, comme si ces paroles étaient étranges, qu'elles n'avaient pas leur place dans ce monde.

- Mais... ils sont méchants...

Un petit sourire ironique se dessina sur mes lèvres alors que je lui répondais.

- Non, toi tu penses qu'ils sont méchants parce qu'ils ont tenté de te faire du mal. Mais as-tu déjà pensé qu’eux pouvaient penser que c'était toi la méchante qui un jour leur ferait du mal? Qu'en te faisant du mal maintenant ils sauvaient la vie de leurs enfants... Dans une guerre il n'y a pas de méchant... il n'y a que des points de vue différents et il faut apprendre à...

Je m'arrêtai d'un coup, une nouvelle odeur venait d'apparaitre et je ne l'aimais pas. Cette odeur ce n'était pas la première fois que je la sentais, elle m'était familière, mais je ne pouvais dire exactement ce qu'elle me rappelait. Je tournai un coin de rue et je tombai face à face avec elle, je voulais lui faire face.

Elle était là, droite devant moi comme une statue. Nos regards étaient plongés dans celui de l'autre, nous nous jugions en silences, un combat silencieux et immobile. Qui était-elle, je ne pouvais me rappeler, mais je l'avais déjà vu quelque part, je savais que même si j'avais peut-être déjà eu une relation amicale avec cette femme je devais me méfier. Oui je ne pouvais me permettre de faire confiance et laisser les gens entrer dans ma vie, c'était bien trop risqué et dangereux. Sous la pluie et la nuit noire, ses cheveux semblaient prendre une teinte brun foncé alors que ses yeux avaient les mêmes particularités de ceux de mon père, des vampires végétariens. Ses formes étaient bien définies et généreuses sans trop l'être. Quelque chose me disait qu'elle n'était pas une jeune femme en détresse qui serait simple à semer.

Je le savais, je n'étais pas en état de me battre, mais je le ferai si jamais je le devais. J'étais gravement blessé et je le savais, je sentais le sang couler dans mon dos. La griffure débutait dans le haut de ma nuque et descendait jusqu'en dessous de mon épaule. J'endormis sans problème la fillette dans mes bras pour qu'elle ne puisse pas me déranger en se débattant si jamais je devais la protéger. Elle était peut-être végétarienne à première vue, mais qui sait si elle n'avait pas décidé de prendre part à cette guerre contre les humains. J'étais donc dans une situation précaire, je n'avais qu'une seule main de libre et je n'étais pas en état de me battre pendant plus de dix minutes.

Rapidement je visualisai dix points de pressions qui étaient rapidement utilisables pour la maitriser. J'éliminais immédiatement ceux qui m'obligeaient à atteindre son dos ou l'arrière de son cou, car je savais très bien je ne me rendrai jamais dans son dos. Non il y en avait un seul qui serait vraiment efficace, mais il était aussi très mal situer... Juste sous le plexus solaire, là où la courbe de ses seins prenait fin. Suivi d'un autre très rapide en utilisant seulement deux doigts, pour les deux coups, à la base du cou juste au dessus du plexus solaire. Les humains utilisent leurs deux mains pour réussir ce coup, mais je misais sur ma vitesse qui était de loin supérieure pour tenter. Oui, si je réussissais à donner un coup d'une pression suffisante à cet endroit elle en perdrait le souffle et sentirait toutes ses forces l'abandonner pendant une seconde. Le principe était simple, j'étais sur le point de tenter l'un de coups les plus difficiles, si ce n'est pas LE plus difficile, que je connaissais. En appliquant la bonne pression, les nerfs de la colonne vertébrale seraient atteints et tous les signaux qui dictaient à son corps les mouvements seraient brouillés. Si je réussissais, j'allais avoir l'occasion de coincer sa première cervicale et la paralyser.

Mes chances de réussites étaient de... cinq sur cent peut-être. Peu importe, je ne pouvais pas lui laisser cette humaine.

Comment savait-elle mon nom? Que savait-elle surmoi? Elle semblait me connaître depuis longtemps, mais surtout connaître mon père. Non, je ne voulais me baser sur cet impression pour lui faire confiance ou non, je ne devais pas lui faire confiance. C'est bien cela, je ne devais pas lui faire confiance, je ne devais pas créer ou recréer de lien avec les gens, peu importe la raison. Si je le faisais, deux choses arriveraient. Soit, cette personne me trahirait et aiderait un des deux clans à m'attraper dans le but de repartir la guerre. Soit des gens s'en prendre a elle pour m'atteindre.

Avant tout je devais me rappeler de qui elle était, me rappeler son nom et ce qu'elle était pour moi et mon père. Cette odeur, qui me rappelait tellement la mienne. Ces cheveux bruns, je les avais vus, quelque part j'en étais, certains. Je pouvais dire qu'elle était végétarienne selon ses yeux, des yeux comme ceux de mon père. Elle connaissait mon père, peut-être devais-je chercher parmi ses relations.

Peu à peu je me remémorais notre passage à Fork, ce que nous y avions fait jusqu'à la mort de mon père, jusqu'à cette nuit qui avait changé ma vie à tout jamais. Je me le rappelais très bien, cette nuit où mon père avait utilisé son pouvoir pour me paralizer alors que je voulais l'aider contre ces deux lycans. je l'avais vu mourir sans pouvoir bouger un seul cheveu. Oui ces souvenirs éveillaient une colère sans précédent, je voulais le venger, mais comment? Non je ne pouvais pas descendre au point de traquer n'importe quel lycan et tuer par simple esprit de vengeance.

Tout d'un coup un souvenir vint à mon esprit, cette Dhampire qui m'avait empêché de courir à ma perte. Celle qui m'avait retenu lorsque je voulais rattraper les deux lycan. Oui, c'était elle, elle n'avait pas changé depuis les treize dernières années. Est-ce que je pouvais vraiment lui faire confiance? Surement pas, elle était chef de clan et, même si son but était de protéger les innocents comme moi nos manières étaient totalement différentes. Je reculai donc d'un pas en changeant ma position de combat, grâce à mon don j'avais vu un nouveau point de pression que je ne connaissais pas, on ne me l'avait jamais enseigné. En fait, il ne visait pas les nerfs, mais bien une veine, si j'atteignais la cible elle serait étourdie et je pourrais me sauver assez vite. Cependant, j'étais décidé à utiliser cette technique improvisée qu'en dernier ressort.

- Marine... laisse-moi passer, je la ramène chez elle.

J'étais totalement sérieux, je n'avais pas l'intention de lui laisser la fillette, et ce, même si je lui devais la vie. Non, je ne pouvais commencer à distribuer mes responsabilités même si elle était chef de clan.

- Oublis moi Marine, je ne suis plus le petit garçon que tu as connu. La guerre va prendre un autre tournant, ce sera dangereux si tu as des liens avec moi. En fait, le seul fait de me connaître va te mettre en danger dans les semaines qui viendront, oubli moi et fait comme si tu m'avais jamais connu. C'est mieux pour ta vie et pour la fin de cette guerre...

Je repris la petite fille alors que j'entendais le lycan grogner, il allait bientôt se réveiller. Je la regardai une dernière fois et partit rapidement vers le centre-ville, vers l'endroit qui était indiqué sur le collier.

J’aurais du me douter qu'elle m'arrêterait plus loin, mais je ne pouvais pas lui faire de mal, non ce n'était pas mon style. Si elle m'attaquait j'aurais eu tôt fait d'utiliser une prise de sommeil sur elle, mais dans tous les cas le temps pressait, je devais me soigner et faire de même pour la petite fille que j'avais dans les bras. Je gardais cependant mes distances, semblant me méfier d'elle. Elle était dans mes souvenirs quelqu'un de bien oui, mais depuis le début de la guerre bien des gens avaient changé, souvent en mal.

- Tu vas m'écouter deux minutes, je ne sais pas de quoi tu parles, mais crois moi qu'on va en reparler. Tes discours ne n'intéressent pas mais la santé de la jeune fille par contre. Tu vois bien qu'elle est blessée et tu comptes la ramener dans cet état ?

Mes discours? En reparler? Non mais pour qui elle se prenait, comme si j'avais l'intention de lui parle de ce que je comptais vraiment faire, de qui j'allais m'occuper et qui j’allais écarter de cette guerre. Elle se prenait vraiment pour mon chef alors qu'elle n'était qu'une simple amie de mon père. Elle pouvait toujours courir pour que je lui demande de l'aide. Je n'étais pas venu ici pour demander de l'aide à quiconque. Dans tous les cas je ne pouvais me permettre intégrer des gens dans mes plan pour la simple raison, qu'au final, les chances que tout finisse mal était trop grande.

- Une blessure de lycan est compliquée à soigner et imagine la réaction de ses parents ou des médecins qui verraient ce type de blessure. Crois-tu qu'ils apprécieraient la forme de ses griffes ? Les humains ont peur, ils ne savent plus quoi penser sur ce qu'il leur arrive. Leur crainte redoublerait et ils seraient capables d'isoler cette enfant.

Je le savais bien mais je ne pouvais la laisser sans sa famille plus longtemps, je savais ce qu'elle pouvait ressentir et je ne la laisserai pas vivre cette isolement.

- Laisse moi, la soigner et la rassurée. On la ramènera après, vaut mieux. Va falloir apprendre à réfléchir avant de faire quoi que ce soit. Tu n'as pas l'air de savoir dans quoi tu es embarqué. Tu crois qui lui arrivera quoi si elle rentre avec une blessure de lycan ?

nous étions tous les deux des plus sérieux, mes souvenir d'elle était ceux d'une jeune femme jovial, pas la femme froide et sérieux que j'avais devant moi. Elle était changer, un changement qui ne m'inspirait pas confiance. À son ton de voix je sentais qu'elle m'attaquerait si je ne faisais pas à son bon vouloir. Habituellement je refuserai mais j'avais déjà perdu trop de sang, ma vision devenait floue de temps à autre.

- Bien... mais je la laisse pas seule, alors on trouve un coin tranquille et on s'occupe d'elle! avant le levé du jour si possible.