On avait bien bourlingué. Comme prévu, William m’avait rejoint à l’extérieur de la ville et je décidais de l’emmener au QG. J’aimais pas perdre de temps: je voulais que les choses se fassent rapidement. En plus, j’étais pas un expert dans la tchatche.: moi, il fallait pas que ça cause plus de dis minutes sous peine de me retrouver avec un putain de mal de crâne à détruire le cul de Shakira. J’avais ma première recrue et j’en étais bien content… Même si je ne le montrais pas. C’était pas mon genre de sauter dans les bras de mon copain pour lui faire un bisou.
J’étais monté en voiture avec lui et je lui indiquais le chemin. Sur la route, je lui faisais quelques recommandations.
« Quand tu arriveras chez moi, tu suis le même chemin que moi et tu cherches pas à t’aventurer plus loin que de raison. Je vais être franc avec toi, c’est pas un endroit pour les pédés. Un seul pas de travers et, au mieux, tu te retrouves en sale état, au pire, t’es mort. Il y a un chemin au bout de deux kilomètres, tu arrêtes ta voiture et on fera le reste à la marche. Dès que tu auras tes entrées, tu pourras garer ta voiture comme bon te semble. J’espère pour toi que tu as une bonne mémoire sinon t’es mort. Eh ouais ! Ici, on plaisante pas ! » Déclarais-je en fumant ma clope tout en crachant, de temps en temps, par la fenêtre ouverte du mastodonte.
Une bonne demi heure passèrent sans que je ne dise plus rien. Je lui indiquais la place où il pouvait garer son véhicule et on continua le chemin à pied. Je le laissais regarder la configuration du lieu où nous nous trouvions. Dans la forêt plus précisément. On pouvait y voir des minis caméras disposés à peu près partout. S’il avait l’œil, il pouvait même se douter qu’il y avait des mines à défragmentation un peu partout également. On entrait pas ici n’importe comment. À vrai dire, on ne pénétrait pas mon QG sans que je le sache. Il ne me manquait plus que du personnel…Bah ! Ça viendrait… Je ne m’en faisais pas… On fait pas la guerre du jour au lendemain: j’avais le matériel mais pas les hommes.
On passait le long chemin qui nous amenait au Manoir et je montrais à Will les ailerons de requins. Je souriais. Je lui fis bien comprendre que rentrer chez moi, c’était la croix et la bannière. Que ce soit par la terre, l’eau ou les airs, le périmètre était bigrement difficile d’accès. Et puis, nous voilà arrivé chez nous. J’ouvris la porte et m’installais dans le salon. Auparavant, dans la cuisine, je me pris deux verres et une bouteille de Whisky, du Chivas 18 ans d’âge. Maintenant, j’étais dans le salon, assis sur un fauteuil, la bouteille et un cendrier posé sur une petite table circulaire. Je décidais de le mettre au parfum.
« Ok ! Je vais te mettre au parfum de la situation. L’existence des Clébards et des Dents pointus est connu depuis très longtemps. Le gouvernement américain est au courant et cherche à enrayer la situation. Les Non Humains, comme on les appelle, ne sont plus dans le domaine du secret et ils collaborent avec nous. Mais il y a toujours des récalcitrants. Et c’est là où Dankirk intervient. La donne est simple: ils marchent avec nous ou on les tue. Aucune distinction: hommes, femmes, enfants… Ils sont avec nous ou contre nous. Fork est le bled central de cette opération. Je suis là pour faire du nettoyage et je compte pas mettre des gants. Il y a d’autre clans: ils seront nos alliés ou nos ennemis. On ne discute pas avec nous: un seul pet de travers et on tue… » Commençais-je alors que je buvais mon whisky pur. Putain de merde ! Trop bon !
« Je n’ai aucune limite. Je fais ce que je veux, quand je le veux et au moment où je le veux. Le chef, c’est moi. Je prends toutes les décisions qui s’imposent. Si un des membres de mon clan tentent une mutinerie, je le tue sans hésiter. Une trahison et je tue… Un truc qui me plaît pas et je tue… Dankirk est une organisation armée. Quand tu me réaffirmeras ta volonté de te joindre à ce mouvement, tu recevras un passe spéciale et tu auras accès à tous les trésors de ma caverne d’Ali Baba. Si tu veux toujours me rejoindre, sache que tu devras être prêt pour commettre les pires atrocités pour parvenir au but du clan. Tu ne devras jamais hésiter à assassiner les membres récalcitrants de notre race. Tu devras, aussi, niquer les vampires qui se dresseront contre les objectifs de l’Organisation. Si un humain rallie les ennemis de notre Rassemblement, il sera considéré comme un adversaire. Donc, il te faudra le tuer sans hésiter. N’oublie pas que ce qui compte, c’est la pacification de Fork par tous les moyens… Même les plus pourris… » Poursuivis-je en buvant cul sec mon verre d’alcool et en soupirant de bonheur.
« Ici, chacun aura un rôle bien défini. Tu peux être franc tireur et bourrin comme tu peux être un planqué et stratège. Maintenant, si tu as des questions, vas y… Si tu as des objections, parle avant que tu ne puisses plus le faire. Si tu es toujours tenté pour rejoindre mon clan, dis le… » Conclus-je en me resservant un nouveau verre de whisky et en me fumant un pétard…
La balle était dans son camp, il avait un choix à faire et j’espérais qu’il ferait le bon… Ça m’emmerdrait de la buter…Mais je n’hésiterais pas…