Plus d'un mois s'est écoulé après ton départ de Forks pour tes vacances. La distance avec cette ville si particulière dans ton coeur a créé une sorte d'immense vide. Plus de forêt, plus de longues routes bordées par des arbres gigantesques, frôlant le ciel. La nature de cette ville te manque. New York et ses immenses buildings sont fascinants mais la simplicité de la campagne te manque. Tu profites du luxe new-yorkais autant que tu le peux mais ton esprit reste dans ce petit coin de paradis perdu des Etats-Unis. Le mois se déroule plutôt rapidement. Tu fais des rencontres, toutes plus enrichissantes les unes que les autres. Le retour vers Forks étant prévu pour bientôt, ton premier réflexe a été d'envoyer un message à Jamie. Surement la seule personne fiable dans cette état. Un ami, un vrai, sur qui compter était devenu aussi facile que de respirer. Au moindre pas, sa présence est à tes côtés. Une sorte d'ange gardien. Je rentre bientôt, tu me manques, xoxo, Auby. Le message est simple, clair. Tu vas pas t'étaler sur des sentiments amicaux. Tu n'attends pas forcement de réponse de sa part. Votre amitié est comme ça, les preuves de sincérité ne se font pas par des mots mais par des gestes, aussi insignifiants soient-ils.

L'avion atterrit enfin à Forks. Le voyage te semblait interminable. Tu t'es retrouvé avec un type bedonnant à côté de toi. Le trajet ne fut que ronflements et discussion d'homme divorcé d'une quarantaine d'années. Il s'est plains, une centaine de fois du comportement abusif des femmes envers les hommes. Tu l'as écouté, malgré l'énervement que tu as ressentit face aux paroles incendiaires de celui-ci face à la gente féminine. Ton pied frôle le sol de Forks et ton visage s'illumine. Le retour que tu as attendu pendant un mois. Tu sors ton portable et envois un message à ton ami. Rendez-vous au lac, soit pas en retard <3 xoxo, Auby. Le lac. Ton endroit préféré dans Forks. Le seul endroit où tu te sens réellement libre, sans limites, sans rien. Tu t'assois donc face à l'eau, après avoir balancé tes talons hauts plus loin. Assise en tailleur, le regard perdu sur l'étendue d'eau miroitante. Le soleil est au rendez-vous pour ton retour. Quoi de mieux?

Je ne cherche rien de particulier à travers les différentes liaisons que j'ai pu avoir. Pas de sentiments, juste... De l'amusement. Rien de sérieux, pas d'attaches ni rien. Des amourettes de vacances, si on peut appeler ça comme ça. Je n'ai jamais ressentit ça, ce truc qui vous tord les tripes, qui vous rend complètement fou à en perdre la raison. L'amour. Ce sentiment idiot qu'on recherche toujours en une personne. A croire que c'est ce qu'on attend toute notre vie. Tomber amoureux, souffrir, être heureux. Cette âme soeur qu'on tente désespérément de trouver pour enfin être comblé dans une vie où tout semble trop fade. L'être humain est ainsi, jamais satisfait de ce qu'on peut lui offrir. Suis-je donc une éternelle insatisfaite? Sans l'ombre d'un doute. Autant n'être qu'un exemplaire de plus, un mouton à la chaîne. Pourquoi vouloir se différencier des autres alors que la normalité est une solution de facilité? Il n'y a qu'une chose que je n'espère pas autant que les autres. L'amour ne me tente pas. Je ne veux pas souffrir. Ne veux pas m'attacher inutilement à une personne qui pourra me briser comme bon lui semble, au grès de ses humeurs. Je ne suis pas un jouet. Mon coeur n'est pas une balle de ping pong dans laquelle on peut se permettre de tirer avec violence.

L'amitié est surement la seule valeur sure dans ce monde où tout n'est qu'apparences. La sincérité aurait-elle complètement disparue du coeur des humains? Va savoir. Rien de mieux qu'une personne de confiance, qu'une épaule sur laquelle se reposée. La fiabilité des amis est pourtant si fragile. La confiance qui se lit entre deux êtres est aussi friable d'une motte de sable. Une seule pression et tout part en poussière. N'y a t-il pas une chose sur cette putain de terre sur laquelle on peut vraiment compter? Sur laquelle on peut s'appuyer? Jamie fait partit de ses gens en qui j'ai une entière confiance, une personne vers laquelle me tourner est aussi simple que de respirer. Perdue dans mes pensées, le regard vrillé vers l'horizon. Aucun bruit ne perce le calme qui pèse sur le lac. « Salut » Mon coeur fait tout bonnement un arrêt. Un léger crit s'échappe de mes lèvres avant que je me mette à rire avant de découvrir mon ami Jamie derrière moi. « Idiot, tu m'as fais peur! » Mon rire raisonne alors que je me relève pour le prendre dans mes bras. Tactile. Je l'ai toujours été, surtout avec lui. Allez savoir pourquoi. « Je dois avoir une gueule horrible. J'ai pas beaucoup dormi. Ca va toi? » Je souris, heureuse de le revoir.

L'enfance est surement la plus belle période de notre vie. L'insouciance se lit dans nos traits, la douleur n'est qu'un mot compliqué dont on ignore le gout réel. L'adolescence est cette passade compliquée dans laquelle on explore la plupart des sentiments dont l'enfance était immunisée. La douleur, le coeur qui se serre et tout le reste. La vie d'adulte complique le tout. Les responsabilités etc.... Je ne sais pas quoi penser de la situation dans laquelle je suis. Je suis à mis chemin entre la vie d'adulte et l'adolescence. Cette passerelle si fine qui sépare deux façons d'être différentes. Il faut apprendre à grandir, à mûrir pour passer cette "épreuve" en quelque sorte. Ne plus penser comme un ado boutonneux qui n'a que seul soucis de savoir à qu'elle heure il va pouvoir se coucher, comment il va pouvoir emmerder ses parents et autres conneries qu'on a tous fait étant ado.

L'odeur familière de Jamie proche de mon visage m'arrache un immense sourire. A croire que sa simple odeur me rassure, une sorte de façon pour me dire que je n'ai rien à craindre. Les bras de mon ami, l'arme la plus puissante pour éloigner les mauvaises sensations, les douleurs en tout genre. C'est une sorte de guérisseur si on regarde bien. Mon coeur se recolle à chaque fois que sa peau frôle la mienne ou que sa voix retentit. A croire qu'il ne suffit qu'une seule personne pour que tout le malheur du monde disparaisse. Je ne peux m'empêcher de me serrer contre lui. Retiens moi.

« Meuh oui on te croit tous, t'es tellement moche à vrai dire ! Moi ça va oui.. » Je ris doucement. Je ne me suis jamais trouvé aussi magnifique qu'un mannequin, ni rien. A vrai dire, dire que je suis belle est plutôt ironique vu que moi même, je ne me trouve pas si exceptionnelle que ça. « Merci d'avouer ma laideur, ça m'fait plaisir ! » Je souris alors que je me détache lentement de lui pour le regarder plus amplement. Son visage m'a manqué à vrai dire. Même énormément. « Et toi comment vas-tu ? T'es vacances ont dû êtres superbes tu es radieuse ! Racontes-moi tout ! » Je lui prend la main et m'approche du lac. Je marche près de l'eau, sa main toujours dans la mienne. « Mes vacances hm... Plutôt bien, j'me suis éclatée à New York, j'ai vu tout un tas de beaux mecs, c'était plutôt bien. Et toi? T'as fais quoi? » J'aurais aimé pouvoir passer plus de temps avec lui. J'allais désormais pouvoir me rattraper. Un mois encore avant la reprise des cours pour pouvoir profiter amplement de lui.