Absente. Kaitlyn était absente. Il avait suffit que je tourne le dos deux minutes pour qu'elle disparaisse littéralement du quartier général, alors que je m'efforçais depuis quasiment 1h de lui faire avaler quelque chose, lui préparant ses plats préférés qu'elle refusait tous sans exception. La petite était complètement déprimée que sa mère soit morte, et pire, d'avoir assisté à son assassinat. Je pouvais parfaitement le concevoir, mais à cet instant précis, j'étais mort d'inquiétude et si la pleine lune n'était pas qu'une semaine à l'avenir je m'en serais très certainement bouffé les doigts.J'avais retourné la maison, fouillé les moindres recoins, ouvert tous les placards où la petite fille aurait pu se cacher mais elle n'était tout bonnement plus là. Mon coeur commença à s'affoler dans mon thorax, tambourinant aussi fort que s'il souhaitait se faire entendre afin qu'on l'aide à sortir de sa prison de chair et d'os. Je me sentais suffoquer, effrayé à l'idée qu'il lui arrive quelque chose. Elle s'était évanouie dans la nature et à l'heure actuelle, Eclipse avait plus d'ennemis que d'amis.


L'espace d'un instant, je m'arrêtai dans la cuisine, m'appuyant sur le bar et me prenant la tête dans les mains, tâchant de retrouver mon calme. J'étais énervé et terriblement inquiet à la fois, tant et si bien que j'en tremblais. Mais dans quel état j'étais ? Mon manque de sommeil n'aidait probablement pas, j'étais à bout de nerf et j'avais l'impression que j'allais imploser. Sans réfléchir d'avantage, je me jetai à l’extérieur de la villa, claquant la porte d'entrée derrière moi et dépassant Juliet qui arrivait sans lui adresser le moindre mot ; non pas que je lui en voulais ou quoi ce soit. Je ne réfléchissais tout simplement pas, ma fille venait de faire la pire bêtise qu'elle aurait pu faire et j'étais mort d'inquiétude à l'idée de la perdre elle aussi. Un fois à l'extérieur du jardin, je regardai les deux côtés de la rue, ne sachant de quel côté aller, si bien que je dus serrer les poings pour tenter de contenir cette peur qui me nouait le ventre.


« Kaitlyn ! Ça me fait pas rire ! Rentre tout de suite sinon je t'en colle une ! »


J'observai à nouveau les deux côtés de la rue, pour finalement me mettre à courir, tentant de réfléchir malgré mes idées brouillées à un endroit où la petite fille aurait pu aller, mais rien ne me venait, c'était comme si mon cerveau était paralysé.

Juliet eut tôt fait de me rattraper alors que la peur de perdre ma fille me rongeait de l'intérieur. Sa voix me parvint comme lointaine, et pourtant, ce qu'elle venait de dire me paraissait tout ce qu'il y a de plus censé. Dans la forêt ; Kaitlyn adorait s'y réfugier, s'y balader, et avait même fait construire une cabane avec sa mère. La cabane ; c'était probablement là-bas qu'elle était partie, elle souffrait de la mort de sa mère et tout à coup il me semblait alors évident qu'elle cherche à s'en rapprocher autant que faire se peut. Quel autre endroit mieux que la cabane faite avec amour ?

Ni une, ni deux, je fonçai droit vers la forêt, Juliet derrière moi. Je n'avais pas besoin de la regarder pour savoir qu'elle devait elle aussi être morte d'inquiétude. Et une chose était sûre, je ne serais pas tranquille tant que ma Kaitlyn ne serait pas saine et sauve dans mes bras. Je m'enfonçai dans la forêt, évitant branches et racines, certains bouts de bois me griffant alors que je guérissais aussitôt. En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, j'avais atteint la cabane et inspirant un grand coup, je sentis la présence de ma fille. Seule. Elle allait bien.


« KAITLYN ! »


Je me rapprochai de la gamine, l'attrapant par les épaules et m'agenouillant près d'elle en plantant mon regard dans le sien. Les traits de mon visage étaient partagés entre la colère et le soulagement, si bien que mon coeur faillit imploser. J'avais une envie folle de la gifler pour m'avoir foutu une trouille pareille, mais je jugeais mieux de me retenir étant donné le surplus d'émotions qui m'envahissait à cet instant précis.


« Kaitlyn mais qu'est-ce qui t'a pris ?! Partir toute seule dans la forêt ! Où est-ce que tu avais la tête ?! »