Keira,

Je sais que je t'ai fait souffrir. Beaucoup. Beaucoup trop. Mais s'il te plaît, pardonne-moi. Je... je ne savais pas ce que je faisais. Je ne me contrôlais pas. Mais maintenant, je me contrôle. S'il te plaît, pardonne moi... Je t'aime...

Au revoir, ton père, Vladimir.

Énervée, Naomi déchira cette lettre. Comment osait-il lui adresser la parole ? Lui qui lui avait tout enlever ? Lui qui ne s'était jamais occupé d'elle ? Lui qui ne pensait qu'à sa petite personne ? Lui qui les avait tant fait souffrir, à elles et à leur sœur Maya, comment osait-il envoyer une telle lettre ? Hurlant de rage, Naomi jeta la lettre au feu, et attrapa ses cheveux de ses mains, comme si elle voulait les arracher. Elle inspira une fois... deux fois... trois fois... et se laissa plonger dans le gouffre obscur qu'on appelle le passé, tant raconté par sa mère...

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Il devait être environ 10 heures du matin. La jeune Mélody, âgée alors de vingt-cinq ans se promenait tranquillement dans les rues de Sydney. Elle qui n'avait jamais connu son père, elle qui a vu sa mère mourir dans un incendie, devait suivre les traces de celle-ci afin de survivre, devait faire le même métier, à savoir : femme publique. Et, justement, un homme l'avait appelé tôt ce matin-là, désirant passer une matinée en sa compagnie... Elle s'en allait donc rejoindre Vladimir. Elle ne savait de lui que son nom, mais probablement, au son de sa voix, e tau choix de son vocabulaire, était-il comme la plupart de ses clients, à savoir alcoolique ou drogué. Et, en effet, il l'était.

Il habitait un appartement miteux dans un quartier pauvre. Situé au deuxième étage, vu sur l’extérieur, le loyer n'était pas cher, et sans doute le jeune homme ne travaillait pas beaucoup... Melody toqua à la porte numéro 42, et un homme avec une barbe datant de plusieurs semaines, des vêtements en sale état et des yeux entourés de cernes qui laissaient présager une nuit blanche l’accueillit. Ni une, ni deux, il se précipita sur la jeune prostituée pour combler ses envies...

Deux mois plus tard, alors qu'ils ne s'étaient plus jamais revu depuis, Melody découvrit avec horreur qu'elle était enceinte. La jeune blondinette ne savait que faire, ne désirant pas que son enfant vive la même vie qu'elle, désirant au contraire qu'il connaisse son père. Or, elle ne pouvait se résoudre à l'envoyer dans un orphelinat, mais, malheureusement, elle ne pouvait pas payer tout ce que nécessitait un nourrisson, et c'est pour cela qu'elle chercha le père de l'enfant. Or, ce ne pouvait Être que Vladimir, parce qu'avec tous les hommes avec qui elle a eu des relations les deux derniers mois, elle a utiliser des moyens de contraceptions, sauf avec lui qui, pressé n'en avait pas utilisé... L'appelant, elle exigea qu'ils se marient, et, puisqu'il ne voulait pas qu'elle fasse appel à la justice pour lui soutirer trop d'argent, mais surtout puisqu'il se droguait et donc, avoir affaire avec la justice n'était pas le bon plan, étant donné qu'ils découvriront tôt ou tard ses moyens de « divertissement », il accepta, n'ayant pas le choix. Et c’est dans cet univers peu propice à l'éducation d'un enfant que naquit, sept mois plus tard, une jeune fille tout à fait normale du nom de Keira.

Keira grandit donc dans les quartiers pauvres de Sydney. Son père était d'origine Norvégienne et Russe, d'où son nom de famille, tandis que sa mère était Australienne de pure souche, à ce qu'il parait. La jeune enfant ne se faisait jamais réprimander par ses parents, car Vladimir ne s'occupait jamais d'elle, tandis que sa mère devait travailler encore plus pour garantir une éducation la plus correcte possible. Seulement voilà, la gamine n'était pas vraiment... studieuse. Elle était plutôt du genre lunatique où à rire parce qu'une mouche s'était posée sur le dessin de la maîtresse, par exemple. Et pourtant, on décelait en elle une intelligence qu'elle n'utilisait que rarement, comme si elle ne lui appartenait pas complètement... Mais passons.

Six ans plus tard la naissance de Keira, naquit une jeune fille du nom de Maya. Aussitôt, un lien que ni le temps, ni l'espace, ni la mort ne séparera se créa entre les deux sœurs. Le père chercha un travail, même s'il continuait d'être dangereux pour les fillettes la nuit avant de se coucher, ou le matin en se levant, tandis que leur mère se fit de moins en moins présente. Cependant, Maya ne souffrit pas de l'absence de ses parents, car Keira s'occupait d'elle du mieux qu'elle pouvait. C'était même elle qui, la nuit, devait se lever pour calmer le nourrisson ou, le matin, se dirigeait vers la cuisine pour préparer le biberon, ou encore allait la consoler ou devait changer les couches. Mais elle ne s'en plaignait pas, aimant sa sœur plus que tout au monde.

Seulement voilà, un jour, en rentrant du travail, Vladimir croisa une jeune femme prénommée Lætitia. Vampire, elle ne put résister à sa soif, à l'appel du sang. Cependant,désirant de la compagnie, elle ne tua pas le père, mais l'emmena dans un quartier jamais fréquenté où il hurla de douleur durant sa période de transition : trois jours de souffrance intolérable et interminable.

Enfin bref. Reste que le nouveau-né, à son réveil, eut très soif, logiquement, et la Vampire âgée d'un siècle au moins l'emmena jusqu'à son ancienne maison, tuant quelques humains au passage, afin qu'il tue sa propre femme, lui prouvant ainsi qu'il pourrait être son compagnon à elle. Et celui-ci ne put résister à sa soif, assassinant la pauvre femme qui n'avait rien demandé, sous les yeux terrifiés de ses fillettes âgées de dix et quatre ans, cachées dans un placard. Elles se seraient fait tuer si un Vampire du nom d'Aleksander n'était pas passé dans le coin. Ne désirant se battre, les deux autres Vampires, qui cependant avaient l'avantage numérique, s'enfuirent. Lætitia avait son Vampire, et elle ne voulait pas risquer qu'il meurt.

Les deux gamines furent élevée par la suite par ce même Aleksander puisqu'elles n'avaient plus de famille. Et c'est sans doute à ce moment là qu'apparut la deuxième personnalité de Keira : ne sachant si elle devait pourchasser son père afin de venger sa mère, ou si elle devait se fier à son sens des responsabilités et surveiller sa petite sœur, elle donna naissance à Naomi. Leur caractère son semblable : toute deux aiment la vie, aiment se divertir, rire. Toutes les deux seront prêtes à réaliser n'importe quel défit. Seulement, Naomi dut se forger une « carapace », car, là où elle plongeait, elle ne devait pas être « faible ». C'est pour cela qu'elle a une mentalité plus forte : sarcastique, moqueuse, elle peut paraître dur et froide parfois, ne laissant apparaître aucune émotion alors, qu'au fond, elle est comme Keira, une vraie gamine, même si elle est plus intelligente et mâture que K, qui, parfois, peut être douce, gentille et affectueuse, mais débile et souvent maladroite.

Aleksander était issue d'une riche famille, ainsi, il n'eut aucun problème pour devenir le tuteur légal des deux jeunes filles. Mais, heureusement pour lui, il pouvait faire comme si elles n'étaient pas là : Keira s'occupait de tout, pour lui rendre la tâche la plus facile possible, et puis, ce n'est pas comme si elle ne le faisait jamais... Enfin bref. Keira dut surmonter la mort de sa mère, et, après ça, elle fut relativement heureuse, tandis que Naomi ne l'était pas, non, elle avait du mal à faire le deuil. Aleksander décida qu'elles devaient changer d'air, et ils déménagèrent tous les trois jusqu'à Seattle.

Un jour, au courant de l'année, Naomi était dans une ruelle sombre et étroite. Ne supportant pas la mort de sa mère, elle s'acharnait sur une pauvre poubelle qui n'avait rien demandé depuis une heure au moins, lorsque quelqu'un l'entendis. Avançant, cette personne se révélait être Carl, le chef du clan Dankirk. Il lui demanda ce qui n'allait pas et, étrangement, elle se sentie en confiance, en quelque sorte, et lui révéla son secret. Celui-ci lui proposa aussitôt de venir dans son clan, ce qu'elle accepta, désirant plus que tout venger la mort de sa mère.

Pendant ce temps, Keira, elle, ne savait pas que son « double » avait rejoint ce clan. Elle savait qu'elle avait une double-personnalité, puisque Maya s'était suffisamment moquée d'elle sur ce point, savait aussi qu'elle s'appelait Naomi, et se doutait bien qu'elle préparait quelque chose, mais elle ne savait pas quoi, et ne le sait toujours pas.

En grandissant, Keira décida qu'il était temps de s'occuper toute seule d'elle-même et de sa petite sœur, et de laisser Aleksander sans cette responsabilité. La remerciant chaleureusement, elle lui demanda de l'accompagner jusqu'à une plus petite ville, elle et sa sœur. Bien évidemment, Maya était d'accord, alors le Vampire accepta. Il les emmena jusqu'à Forks, où il dut se résigner à les « abandonner ». Âgée alors de dix-huit ans, la blondinette avait le droit de travailler. Elle chercha donc un travail de serveuse et inscrit sa petite sœur au collège de Forks. Elle-même n'allait pas aller faire des études, elle savait que ce serait inutile, et puis, elle n'avait pas vraiment besoin d'argent pour être heureuse. Seulement voilà, en adolescente capricieuse, Maya exigeait de plus en plus d'attention, mais surtout, de plus en plus de chose, surtout qu'elle grandissait. Ayant passée par la même période, elle savait très bien que sa petite sœur ne pouvait pas s'habiller de la même manière qu'il y a quelques années, et puisque le lien qui les unissait était extrêmement puissant, Keira dut se résigner à chercher un deuxième travail ; tout ce qu'elle trouva ce fut strip-teaseuse à Port Angeles. Ayant déjà vu sa mère exercer son métier, elle savait comment séduire un homme. Elle était même capable de devenir femme publique parfois...

Ce qui dégoûtait et enchantait Naomi. Vous ne comprenez pas ? Quel est le meilleur moyen de tirer des informations à un homme, hormis la souffrance ? Les lui demander pendant que ses hormones lui jouent des tours... C'est ainsi qu'un jour, en se levant, Keira découvrit une note sur son bureau, signée de Naomi, lui demandant des renseignements. Cela l'étonna, puis, elle comprit. Alors, elle s'acheta un journal intime, et un stylo rouge et un vert. Elle écrit en vert que son double devrait écrire en rouge, puis écrivit ce qu'elle savait. Grâce à ce journal intime, Keira et Naomi s'échangeaient des mots, des informations, et toutes autres choses, sans pour autant que la dernière citée ne dévoile à l'autre son travail. Elles étaient enfin entrées en contact. C'est pour cela que celle qui était dans le clan Dankirk demanda à Carl de ne jamais dire à Keira ce qu'elle faisait réellement, ainsi, elle la protégeait et, en plus, si on la torturait, elle ne pourrait rien dévoiler car elle ne savait rien. Évidemment, il accepta.

Désormais, Keira a vingt-deux ans, Maya en a seize et cela fait plusieurs années qu'elles n'ont plus de nouvelles d'Aleksander...

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Naomi ouvrit les yeux, et regarda les derniers morceaux du papier brûler. Jamais Keira ne prendra conscience de cette lettre, et c'était mieux pour elle. Lorsqu'elle fut certaine que le papier fut entièrement brûlé et qu'il ne restait plus de traces, elle s'assit sur un fauteuil, et ferma les yeux... afin de laisser place à son autre elle, qui se leva. Elle se dirigea vers la chambre de sa petite sœur, remonta la couverture jusqu'à son menton, lui fit un petit bisous sur le front, puis, prenant son manteau et son sac, sortit, se préparant pour une autre nuit dans cette boîte où empestait l'alcool, la fumée et la sueur, mais bon, il faut bien travailler...