Une ancienne vie sans intérêt. Un passé à oublier. A refouler. Des souvenirs à effacer et surtout des personnes à ne plus croiser. J'ai fais le choix de supprimer de ma vie, les choses futiles et les gens dispensables. Je fais toujours ce choix, et souvent, je n'écoute que moi. Et si l'on pourrait dire que je suis égoïste, je répondrai simplement que je me protège des autres, du monde. Dire que je suis née tel jour à tel endroit n'a pas plus d'importance que de savoir ce que j'ai mangé ce matin. Et je n'ai pas envie de parler de mon enfance. J'ai vécu normalement dans une famille banale à laquelle je tenais beaucoup, point. Savoir qu'à ma première transformation en lycanthrope, j'ai tué ma famille, n'est pas primordial. Cela me fait souffrir et je ne souhaites plus en parler. C'est une faiblesse. Et j'en ai terriblement honte. Je peux vous raconter quelques brides de mon histoire, mais je ne vous promet pas la survie à la fin de ce récit.

Je l'ai déjà dit, je suis née dans une famille banale, au budget moyen mais affreusement adorable. J'aimais mes parents et mes quatre sœurs. J'étais l'ainée, je prêtais mes vêtements à mes fripouilles de sœurs et j'avais un petit copain. J'étais avec lui depuis deux ans, et je l'avoue, j'étais heureuse. Pour mon anniversaire, il m'acheta un reflex numérique. Un appareil photo extraordinaire. Une boite à souvenir. La chose la plus merveilleuse sur Terre. Ce fut donc le déclic, je voulais faire de cet appareil, l'objet nécessaire à mon travail, à ma vie, à mon bonheur. J'étais tellement obnubilé par cet appareil, que je ne voyais quasiment plus mon copain et je n'assistais plus au sortie familiale du dimanche. Non. Je sortais dans les bois, près d'une falaise, faire des photos, encore et encore. A cette époque, je faisais un site internet où j'exposais toutes mes photos et j'avais alors promis à certains internautes, une photo d'une belle pleine lune. C'est ce soir là, que j'ai croisé le chemin d'une bête ignoble, qui courait en ma direction. C'était horrible. Son regard, avide de soif, de faim, avide de mon corps. J'étais le plat de résistance, ou le désert, et je le savais. Je le sentais. J'ai réuni tout le courage qu'il me restait et j'ai pris en photos cette bête le temps qu'elle court sur moi. Je n'ai eu qu'une seule photo, ce monstre était bien trop rapide, de plus, celle-ci est floue. Mais cette bête m'a propulsé contre un arbre en tenant mon bras dans sa gueule. Le bruit de mes os sous ses dents étaient ignobles mais tout ceci s'est passé si vite... Le choc m'a sonné, je n'étais plus consciente et c'est en me réveillant longtemps après, que je ne trouva plus aucune trace de cet animal. Il ne me restait que cette photo, d'un loup à moitié humain sur deux pattes, extrêmement grand et vraiment affreux. Alors, j'ai erré dans les bois, perdue, et je n'osais pas demander de l'aide, téléphoner. J'avais peur que l'on me prenne pour une tarée. Puis la nuit suivante, je me suis transformer en la même bête ignoble qui m'avait attaquée. C'était si douloureux ! Je ne sais poser de mots sur ce moment si pénible et qui avait semblé durer une éternité. Ma blessure n'était plus là. J'étais forte. J'ai alors senti cette faim en moi, ce désir de tout détruire, cette envie de massacre. La colère si puissante en moi me semblait sans fin. Ne sachant où aller, où trouver à manger, j'ai couru sous cette forme bestiale à un endroit familier : ma maison. Là, j'ai tout détruit. Déchiqueter mon père, arracher la tête de ma mère, éventrer mes sœurs. Je les ai mangé. Et j'ai aimé ça. Je me suis endormie près de leurs corps et je me suis réveillée plusieurs jours après. Au réveil, j'ai vu tout ce sang, cette chair à mes côtés, ces entrailles. La première réaction que j'ai eu, c'est de vomir. J'ai vomit toutes mes tripes et les larmes me sont alors venues. C'était à cause de moi ? Tout ça ? Je ne savais pas vraiment si j'avais commis cette atrocité. Je ne voulais pas croire que c'était moi. Pourtant, dans le fond, je le sentais et j'étais dégoutée de ma propre personne. De cet être, cet animal, qui était désormais moi.

J'ai alors pris des affaires, mon appareil photo et mes divers objectifs, un album souvenirs et de quoi manger un peu, même si après tout ça, je n'avais pas vraiment faim. D'une nature maniaque, j'ai tout nettoyé, la maison entière, j'ai mis les corps dans des sacs, éponger le sang. J'ai fais les poussières et nettoyé la litière du chat. Puis contente de mon ménage de maniaque, j'ai mis le feu à cette maison. A ce passé. Il me fallait oublier ceci. Ou alors l'accepté. J'ai fais de l'autostop, j'évitais de me transformer pour ne plus perdre le contrôle. Je suis arrivée dans une ville du nom de Forks et j'ai croisé deux filles étranges. Emma et Eden, si je me souviens bien. J'ai senti qu'elles étaient comme moi. Elles fuyaient je ne sais quoi et je pouvais entendre tout autour de moi, parler de vampire, de modificateur et de lycanthrope. Tout le monde était au courant de l'existence de ces êtres. Ces êtres auxquels j'appartenais. Ces deux nanas m'ont mise au courant des derniers événements, il faut dire qu'en errant pendant de longues journées, je n'avais pas pu suivre l'actualité. Elles m'ont proposé de les suivre, elles m'ont dit qu'il y avait un clan, l'Eclipse. J'avais besoin de parler, surtout avec des gens comme moi, de me confier, et de retrouver la chaleur d'une famille. Un soir de nouvelle lune, on s'est toutes les trois transformées et Eden a commencé à nous diriger. J'arrivais à me contrôler. Elles m'ont tout expliqué mais le comportement de cet Eden m’agaçai. Puis, sous cette forme, inutile de discuter. On s'est battu, je ne voulais pas la tuer, mais elle était épuisée du chemin qu'elle avait fait, Emma était déjà parti je ne sais où et sentant cette puissance nouvelle en moi, je lui ai arraché la tête, avec difficulté, après plusieurs heures de combat. Plusieurs jours après, j'ai revu Emma et je lui ai expliqué. Elle a pleuré, c'est sûr, et elle m'a laissé seule. Comme pour me punir, me faire du mal. Elle était la seule à pouvoir me dire où se trouvait cette famille. Eclipse.

J'ai finalement trouvé, grâce à Morgan. Il n'était pas transformé, mais il m'a senti, il est venu à moi et on a discuté, purement et simplement. Cela m'avait étonné je dois bien l'avouer. Lors de cette discution, il m'a demandé si j'étais fière d'être ce que j'étais, soit une lycanthrope. Je n'avais jamais réfléchi à cette question, je savais juste que j'étais dégoutée d'avoir tuée ma propre famille mais je sais que je n'avais éprouvée aucun remord à tuer cette autre fille. J'en étais même plutôt contente. Il m'a demandé si j'étais aussi heureuse que le monde entier soit au courant de notre existence. Et j'ai dis oui. Car je voulais que l'on m'accepte comme suis. Sans avoir à me cacher. Je voulais aussi, inconsciemment, que les humains aient peur de la lycanthropie. De ce que je suis. A présent, je suis dans ce clan, et même si Emma ne m'aime pas à cause de ce que j'ai commis à son amie, j'aime ma famille. Et quiconque tentera de toucher l'un de ses membres, finira en casse-croûte.

Alors lecteur, cette histoire qui est la mienne, t'a plus ? Oui ? Très bien. Ce sera les dernières paroles que tu entendra. Car mon passée est à oublier. Et toi, à ingurgiter.