Cela faisait exactement deux heures, dix-neuf minutes et cinquante-sept secondes que, les yeux grands ouverts dans l’espoir de rester éveillée, j’assistais à mon cours sur les civilisations étrangères et anciennes du Mexique : les Aztèques. D’habitude, ça aurait été un cours très intéressant et qu’il me tardait d’étudier avec le professeur Collins. Mais j’avais eu une nuit très courte, agitée. Je n’avais dû dormir au total que une heure ou deux. J’étais donc fébrile, nauséeuse, enfin pas dans mon assiette quoi ! J’étais plus morte que vivante. Le professeur claqua dans ses mains pour indiquer la fin du cours et avec un grand sourire je regardais cet homme sacré. Je le bénissais ! J’adorais M. Collins ! C’était un passionné de sa matière et il donnait envie à ses étudiants l’envie de pousser les recherches plus loin sur les sujets abordés en cours. Un véritable moulin à paroles ! Heureusement pour moi, il avait attrapé une angine ce week-end et évitait au possible de parler trop fort. Je lui souhaitais tout de même un bon rétablissement avant de partir. Dans les couloirs je me fis bousculer à plusieurs reprises. Un coup à l’épaule me fit lâcher mon sac qui tomba par terre. Mes livres s’étalèrent tous sur le sol et avec un soupir je me baissais pour les ramasser. Décidément, ce n’était pas ma journée ! En me redressant je fus saisi d’un léger vertige mais je l’ignorais car j’allais finir par être en retard à mon cours suivant ! Le tout premier de ce trimestre ! J’étais excitée malgré ma fatigue. Il s’agissait de l’étude de la lecture de la langue celtique d’Irlande. Dans l’amphithéâtre il n’y avait presque personne. M'étais-je trompée de salle ? Je vérifiais l'heure sur mon portable pour me rendre compte que j'avais cinq minutes d'avance ! Puis je me souvins que j'avais effectivement avancé ma montre de cinq minutes car étant une inconditionnelle retardataire, je programmais toujours ma montre en avance. Je m'asseyais dans les premier rang, puisque j'en avais l'opportunité. Un homme, la cinquantaine, des cheveux blanc, des yeux bleus sympathiques, rieurs promettaient un trimestre enrichissant ! En fait, il avait tout du professeur Dumbledore dans Harry Potter ! Aussi fus-je scotchée lorsqu'il se présenta sous le nom d' Albus McCarty. Quelle coïncidence étrange ! Au total nous ne fûmes qu'une vingtaine de personnes intéressées par ce cours. Tant mieux ! Nous avancerions plus vite. Alors que je prenais mon carnet et un stylo pour tout noter ce que le professeur allait nous dire, il fit une chose à laquelle je ne m'attendais pas. Il demanda à chaque élève présent de se présenter ! J'appris donc ainsi que ma voisine s'appelait Jessica Newton, qu'elle venait du Texas et plus précisément d'un patelin paumé dont je ne me souvenais plus du nom. Puis vint mon tour. Je me levais et parlais fort :

« Je m'appelle Ana Goualc'h, j'ai 24 ans et je viens de France. En Normandie exactement. Mon père est Irlandais et ma mère Bretonne. Je suis donc immergée dans les légendes celtes et les langues étrangères depuis ma plus tendre enfance. C'est ce qui m'a poussé à vouloir en savoir plus. Non seulement pour mes racines, mais pour mes études. J'ai fait nombre de voyages, notamment en Irlande pour voir ma famille, mais je suis aujourd'hui ici pour améliorer mon anglais tout en poursuivant mon cursus scolaire. »

Nous passâmes ainsi les deux heures qui ont suivi les présentations par tester nos connaissance sur le sujet : La langue celtique. Nous commençâmes même à entrer dans le vif du cours. Le professeur McCarty sut me donner l'envie de revenir dans ses cours, même s'ils étaient un peu étrange. L'avis des élèves était identique au mien. J'étais même à présent joyeuse, optimiste quant à la fin de cette journée. Je revenais à mon caractère habituel. Et je rigolais même aux blagues de Phil, un élève que j'appréciais moyennement. Le soir, j'appelais ma mère pour lui raconter ma journée, pas trop longtemps évidement : téléphoner depuis la France vers les États-Unis coûtait très cher ! Enfin, je sentais que j'étais à ma place.


Les jours défilaient de manière surprenante et bientôt l'année fut terminée. M. McCarty nous organisa un voyage, qui devait durer un mois pour approfondir la richesse de la langue celtique. Le départ était prévu en août et j'eus tôt fait de donner ma contribution pour le voyage et de bloquer le mois d' août ! En accord avec mon professeur, je pus être hébergé avec Jess' chez mes grand-parents paternels. Tout aurait pu se passer à merveille, si je n'avais pas rencontré Liam...