× Points RP : 292 × Niveau : 6 × Atout : Intelligence × Âge du perso : 23
Jeu 21 Juil - 1:18
La nuit venait de tomber. J'avais les yeux ouverts, fixés sur le plafond blanc de la chambre ; je réfléchissais tellement qu'il m'était impossible de m'endormir. Je tournai légèrement la tête, pour apercevoir dans le même lit que Lucie et Kaitlyn dormaient à poings fermés. Nous avions eu une journée fatigante, j'avais passé l'après-midi à m'entraîner mais contrairement à elle, Morphée refusait de m'ouvrir les bras. J'eus un léger sourire en apercevant le visage paisible de ma fille, confortablement installée tout contre sa mère. C'était un tableau magnifique d'une mère et sa fille, dont l'amour débordait tant leur relation était forte. De même, je n'imaginais plus ma vie sans Kaitlyn et j'étais incapable de dire jusqu'où je pourrais aller pour elle. A vrai dire, je ne doutais pas que la perdre me rendrait complètement cinglé et que la folie me ferait tout détruire sur mon passage... Mais soit, je ne devais pas y penser. Ma fille était bien là, tout contre moi et dormant tranquillement entre ses parents.
Lentement, je me relevai, posant délicatement les pieds sur le parquet frais, ce qui m'arracha un frisson. Je me relevai et enfilai un simple short, ni plus ni moins. Pourquoi ? Je n'avais pas l'intention d'aller en ville, je comptais aller plus loin encore, je voulais... demander conseil à la lune et à la mer, mes deux mères. Je descendis discrètement les escaliers pour me retrouver nez à nez avec un Fenris parfaitement réveillé et aux sourcils froncés. Il était soucieux des endroits où se rendaient ses frères et sœurs, après tout il avait effectué un rappel général pour nous rappeler nos obligations. Peut-être se demandait-il à qui nous rendions visite si tard la nuit ? Je lui adressai un léger sourire en enfilant mes chaussures.
« J'ai du mal à dormir et je comptais aller m'allonger sur la plage de la Push pour réfléchir un peu... Il se passe tellement de choses en ce moment que j'ai besoin de faire le tri. »
Mon alpha ne répondit rien, se contentant de tourner les talons et retourner s'affaler sur le canapé du salon. Je levai les yeux au ciel avec un sourire amusé avant de sortir de la villa, jetant un coup d’œil à la forêt qui se trouvait à proximité. Je restai immobile un instant, guettant les environs ; personne aux alentours. Je sortis dans la rue et me mis alors à courir, si vite que quelques minutes seulement suffiraient à me faire arriver à destination. J'empruntai les chemins les plus déserts que je connaissais ; Éclipse était traqué et je ne tenais en aucun cas à faire de mauvaises rencontres. Au moins, la Push était le territoire des Quileutes et je m'y sentais davantage en sécurité puisqu'étant en terrain allié.
Le temps passa et finalement je sentis mes pieds s'enfoncer légèrement dans le sol, signe que j'étais sur du sable. Je ralentis ma course jusqu'à la stopper, regardant tout autour de moi. Il n'y avait pas un chat dehors, et le seul bruit qui me parvenait était le clapotis des vagues qui venaient mourir sur le sable. Le vent soufflait mais je m'en fichais pas mal. Je retirai mes chaussures, les posant contre un rocher avant d'aller m'allonger dans le sable et fermer les yeux. Le vent frais et la fraicheur de la nuit me faisaient frissonner, j'avais presque froid mais j'aimais cette sensation. Elle me rappelait qui j'étais et que la nature avait toujours une certaine force sur la population de la terre, elle me rappelait que je n'étais pas immunisé contre tout et que tout pouvait encore arriver.
Je passai de longues minutes allongé dans le sable encore tiède de la journée étouffante que nous avions eue. Malgré tout, je finis par me relever, les yeux rivés vers la mer où se reflétait la lune, Reine des cieux et dominant plus que tout les étoiles. Son croissant brillait d'une lueur vive malgré les nuages qui tentaient d'y faire obstacle. J'eus un sourire en songeant que les lycanthropes tiraient bel et bien leur origine de cet astre que nous admirions tant. Je finis par me lever et avancer doucement en direction de l'eau, cette dernière venant dans un premier temps lécher la plante de mes pieds avant d'enfin les entourer, d'une étreinte délicate, agréable et fraîche qui me fit frémir. Je fermai les yeux un instant avant de les rouvrir pour continuer mon ascension dans la mer, la fraîcheur de l'eau me glaçant les muscles si bien que je fus obligé de retenir une exclamation lorsque la moitié de mon corps fut immergé. Je finis par glisser mes mains en coupe sous l'eau pour finalement m'arroser le corps, claquant presque des dents. Là, j'avais véritablement froid mais il n'y avait rien de tel pour me remettre les idées en place. Puis d'un seul coup, maintenant que ma nuque était mouillée, je plongeai, nageant désormais dans cet élément que j'aimais tant, qui me calmait les nerfs et apaisait mes pensées. Je finis par ressortir de l'eau, secouant vivement la tête pour ébouriffer mes cheveux et reprenant ma respiration.
Ce ne fut qu'à ce moment-là que je sentis une présence, un parfum mielleux que je n'avais pas senti depuis pas mal de temps. Un léger sourire se dessina sur mes lèvres tandis que je me retournai et me relevai, sortant de l'eau et m'avançant vers elle. Vers Jude. Je finis par m'arrêter à quelques mètres, encore à moitié dans l'eau ; le vent sur ma peau nue et mouillée me glaçait d'autant plus mais peu m'importait.
« Jude... Je commençais à me demander ce que tu étais devenue... »
Je détournai les yeux d'elle, reposant mon regard sur le rocher près duquel j'avais laissé mes chaussures ; c'était sur ce rocher que Jude s'était assise, deux ans auparavant, lors de notre rencontre. Cela faisait déjà si longtemps que j'avais du mal à y croire... Le temps passe bien vite, même quand on a l'éternité devant soi...
Jude Rose
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Jeu 21 Juil - 12:06
Les cris de mon enfant me réveillèrent en sursaut tandis que Maria se précipitait dans le couloir pour aller le consoler du mauvais rêve qu’il avait certainement dû faire … mauvais rêve qui se répétait toutes les nuits et sur lequel je n’avais aucune emprise. Doucement je repoussais les draps de soie noire qui me recouvraient. Je posais mes pieds sur le parquet chaud de ma chambre et me levais avec une délicatesse telle que j’aurais pu me comparer à une plume tombant des ailes d’un ange. Je m’approchais doucement de la fenêtre et scrutait le devant de mon immense villa. Le parc était parfait car les jardiniers y travaillaient jusqu’à ce que chaque millimètre soit à sa place. Maël pleurait encore, fort, si fort … que mon cœur se tordit dans ma poitrine. Je jetais un dernier coup d’œil au ciel et y aperçu la lune accompagnée de ses étoiles. Cette vision me rappela l’homme qui un jour m’avait volé mon cœur et mon amour pour finir par le détruire et me réduire à néant comme une vulgaire poupée de chiffon que l’on aurait jeté au feu. Mais je finis par secoué la tête et par m’écartais de la grande fenêtre après avoir tiré les rideaux de velours. Je passais doucement à côté d’une chaise sur laquelle reposait ma robe de chambre en satin noir brodé de dentelle noire. Je l’attrapais au passage et sortis de ma chambre pour finir par me diriger vers la chambre de mon si petit fils. Je savais que cette âme était la seule pour laquelle je mourrais un jour car cette âme faisait partie de la mienne. Ce petit bout d’homme était la dernière chose qui pouvait être ma seule rédemption. Je m’immisçais doucement dans la chambre où je vis Maria avec mon fils sur le rocking-chair qui se trouvait devant la grande fenêtre. Maël venait à peine de se calmer dès lors où j’étais apparue dans la chambre. Je m’approchais doucement du tandem et pris mon fils des bras de la gouvernante tout en disant à celle-ci d’aller reprendre sa nuit là où elle l’avait laissé car j’étais dès à présent là pour mon enfant. Maria se leva et sans mot dire partie en me laissant seule en tête à tête avec le petit bonhomme que j’aimais le plus. Je m’assis doucement avec lui dans le fauteuil à bascule et commençais à me balancer. Maël était dans bras, la tête posée contre ma poitrine et avait ses petits points fermés tout contre lui. Je l’observais, fière. J’étais fière de mon enfant et je sentais que bientôt il serait prés. Mes longs cheveux roses, légèrement en bataille, tombaient sur mes épaules comme une cascade d’eau et venais chatouillés ses frêles épaules. Mes yeux gris s’était rallumés d’une flamme iridescente, incandescente … une flamme qui avait disparue il y a déjà bien longtemps. Maël avait fermé ses petit yeux et dormait à point fermer en profitant de ma chaleur corporelle de louve. Je restais là encore un petit moment à caresser sa petite tête et à profiter de son odeur car je ne pouvais me permettre de passer trop de temps près de lui tant ma meute avait besoin de moi alors chaque moment que je pouvais partager était une bouffée d’oxygène dont je me délectais. Je me levais doucement tout en le tenant contre moi après plusieurs minutes et m’approchais doucement de son lit à barreau dans lequel je le déposais avec une délicatesse immense. Je lui souhaitais une douce nuit en lui chuchotant que je l’aimais du plus profond de mon cœur puis je sortis de la chambre sur la pointe des pieds. Mais lorsque j’eus fermé la porte et que je m’apprêtais à retourner dans ma chambre je fus surprise de me retrouver nez à nez avec Maria.
- « Madame Rose, je suis désolé de vous importuner mais je pense qu’il serait bon pour vous d’aller prendre l’air un peu … vous … si vous me permettez … vous semblez soucieuse. Je sais ce que vous êtes et je garde le secret depuis le premier jour où vous m’avez engagé mais … bref sortez si ça peut vous faire du bien, je serais là pour lui madame. - Je savais qu’en vous engageant je faisais un bon choix. Merci de veiller sur mon fils Maria. - De rien Madame, je suis à votre entière disposition. »
Alors sur ce bref entretient avec ma gouvernante, je retournais dans ma chambre et laissais sur le seuil de celle-ci ma longue robe de chambre pour n’être qu’en nuisette noire, nuisette qui laissait voir toute la finesse de mon corps et de mes longues jambes. Je n’avais plus rien d’une femme qui avait mis au monde un enfant. J’avais recouvré le corps de guerrière que j’avais avant. J’avais retrouvé toute ma souplesse, toute ma félinité, toute l’animalité que j’avais avant ma grossesse. Cependant je n’en jouais plus comme avant, j’étais femme, entièrement femme alors qu’avant j’étais encore une entité perdue entre deux statuts, une partie de moi était encore adolescente de par sa frivolité et son manque de jugement et l’autre partie était femme à cause de sa condition d’alfa et de toutes les responsabilités que j’avais pu avoir à porter sur les épaules. Aujourd’hui je n’étais plus qu’une femme, une femme dont le cœur battait pour les êtres qu’elle chérissait, une femme qui avait une cause à défendre, une femme, une vraie. J’étais un véritable démon se cachant sous les traits ultra féminins de mon physique … j’étais un monstre assoiffé de vengeance, un cerbère … J’entrais doucement dans mon dressing où je retirais mes sous-vêtements et ma nuisette pour n’enfiler qu’un maillot noir, deux pièces, et une petite robe noire à bretelle fine et uniquement composée de voilages transparents superposé qui laissé entrevoir très légèrement mon corps et par la même mon maillot de bain. Je ne pris pas le soin de chausser car je ne désirais que sentir l’humus sous mes pieds, la terre, la fraicheur de la rosée couplée avec la chaleur de la terre. Je ne pris pas non plus le soin de prendre une veste tant ma condition de louve faisait que je n’en avais guère besoin. Une fois habillée à mon gout je sortis. Je m’approchais doucement de ma coiffeuse où là par contre je pris cinq minuscules minutes afin d’apposer au ras de mes cils supérieur un trait de liner noir et un peu de mascara au cas où je tombe sur quelqu’un que je connaisse ou sur une proie potentielle. Je ne vérifiais pas le résultat, je ne touchais pas à mes cheveux toujours ébouriffés et légèrement ondulés qui tombaient sur mes épaules nues jusqu’à mes seins et le creux de mon dos. Puis je partis en remerciant une dernière fois Maria sur le passage.
Mes pieds effleuraient le sol avec une délicatesse plus qu’enivrante et je me laissais bercée par toutes les odeurs de la forêt ainsi que par tous les bruits qui m’entouraient. Le craquement des branchages sous le poids de leurs feuillages, le gazouillement des animaux et le bruit de leur fuite sur mon passage, le souffle du vent qui caressait la ramure des arbres, le bruit de mes pas sur la terre chaude et humide, le froissement des fougères que je poussais pour passer , tout ceci était une symphonie que j’aimais tous les jours un peu plus. J’avançais tout doucement, ne cherchant qu’à profiter de cet instant sans savoir vraiment où j’allais, me laissant juste guidée par mes pas. Je touchais tout sur mon passage, consciente d’y laisser mon odeur mais je me fichais des potentiels ennemis qui pouvait me suivre … j’étais seule et je savais me défendre. Certes je manquais de pratique vu l’ermite que j’étais devenue mais les combats, les techniques de défense, c’était comme le vélo ou ma nage, une fois que l’on avait appris cela ne s’oubliait pas. Doucement je finis par sentir les embruns salé de la mer, l’odeur d’iode mélangée à celle des algues. Je savais où je me trouvais … La plage. Cela faisait une éternité que je n’y étais pas retournée surtout depuis que … Il y avait trop de mauvais souvenir là-bas de toute façon. Je m’avançais encore un peu et … je le vis. Lui. Ici. Pourquoi ? Morgan. Je le regardais doucement cachée derrière mon arbre, cachée de sa vue mais pas de son odorat, j’en étais certaine. D’ailleurs j’eut rapidement confirmation de ce que je pensais car il vint vers moi mais s’arrêta à quelques mètres. En cet instant, je ne désirais qu’une chose… partir ! Prendre la fuite aussi vite que possible. Prendre mes jambes à mon coup pour ne pas à revoir son visage mais c’était trop tard, il me parlait … semblait heureux de me voir. Pas moi !
- « Jude... Je commençais à me demander ce que tu étais devenue... - Tu sais pertinemment où j’habite … si tu croyais que j’étais morte, tu n’avais qu’à te rendre chez moi et vérifier par toi-même. »
Ma voix me fit l’effet d’un iceberg, froide, si froide … Jamais avant je ne lui aurais parlé comme ça, jamais. Mais j’étais amère, je ne lui avais pardonné ses fautes qu’à moitié et je n’étais allié à leur clan que parce que Fenris me l’avait demandé et que je ne pouvais me permettre de mettre en danger ma meute en lui refusant mon aide. Je l’observais comme une statue de marbre, cruelle et froide, alors que j’aurais tant aimé être encore animée de chaleur envers lui mais cela m’était difficile. Je le vis se tourner vers un rocher, le rocher sur lequel je m’étais assise il y a des années lors de notre rencontre. Je me rappelais de cette rencontre … et cela réveilla en moi une douleur que je croyais définitivement éteinte. Bien vite, je détournais le regard, quelque peu dégoutée mais je ne laissais rien paraitre. Je restais inerte, inaccessible … de marbre. Je m’avançais à pas mesuré et fis un léger écart pour maintenir la distance que nous avions entre nous. Je m’approchais du bord de l’eau qui me lécha les orteils tout en m’arrachant un frisson. Je tournais le dos à Morgan, j’en avais conscience et cela pouvait s’avérer dangereux mais je n’en avais que faire. Je plantais mes pieds dans le sable humide tandis que les vaguelettes de l’eau venaient mourir à mes pieds en y laissant leurs écumes.
- J’espère que Fenris va bien … comme toutes tes satanées conquêtes. Ta fille aussi …
Je ne comprenais pas pourquoi je venais de dire cela car je n’avais absolument aucune envie d’en savoir plus et cela n’était que de l’hypocrisie au fond mais je n’oubliais pas ce qu’il était pour moi. Mon imprégnation … Il était celui pour lequel mon cœur battrait toute sa vie, celui qui avait la clé, qui avait toutes les cartes en mains. Il m’avait déjà trahis, à plusieurs reprises, il était celui à qui je pouvais tout pardonner … mais il était aussi celui que je haïssais le plus, celui après qui j’en voulais le plus et cela rendait mes sentiments à son encontre tellement flous que je préférais faire comme s’il n’existait pas, chose que je n’aurais jamais faite avant. Je regardais l’horizon où la lune se reflétait dans la mer et j’inspirais doucement l’air iodé tout en fermant les yeux quelques millièmes de secondes. J’écoutais le bruit des vagues, ma respiration, mon sœur qui s’emballait dans ma poitrine alors que je le bâillonnais pour qu’il se taise et arrête de se débattre… maintenant j’avais Théodore… et il fallait qu’il s’y fasse. La brise vint chatouiller mon visage et mon corps, faisant virevolter quelques mèches de mes longs cheveux et faisant courir sous ma peau un long frisson. J’inspirais une nouvelle goulée d’eau et me retournais vers Morgan qui était encore là…
- Au fond, malgré la froideur dont je fais preuve à ton égard, je suis heureuse que tu sois encore en vie … c’est bien, pour … tout le monde.
Une légère vague de tristesse passa dans mes yeux mais je m’astreignis à la faire partir pour ne laissait transparaitre aucune émotion dans mon regard. Il n’avait pas le droit de voir qu’il m’atteignait encore. Mon monde n’avait pas le droit de voir qu’il comptait encore ne serait-ce qu’un peu car assurément il se remettrait à tourner autour de lui, mon imprégnation. C’était fini depuis longtemps. Ça avait pris fin avant même que ça ne commence et pourtant … je l’aimerais toute ma vie. Je me détournais à nouveau de lui et plantais à nouveau mon regard sur l’horizon ne sachant pas ce que je devais faire maintenant.
Morgan Kankowsky
× Points RP : 292 × Niveau : 6 × Atout : Intelligence × Âge du perso : 23
Jeu 21 Juil - 22:16
« Tu sais pertinemment où j’habite … si tu croyais que j’étais morte, tu n’avais qu’à te rendre chez moi et vérifier par toi-même. »
Un point pour elle. Cependant, "ce que tu étais devenue" ne signifiait pas nécessairement la mort... Je la dévisageai sans rien répondre pourtant ; il fallait avouer que la dernière fois que nous nous étions vraiment vus, nous nous étions battus, je lui avais pété le nez et il avait fallu que Fenris intervienne. Et pourtant, Fenris était loin d'être un exemple de maturité à cet instant-ci, c'était bien pour montrer à quel point nous étions tombés bas... Ma relation avec Jude était tellement étrange depuis ce jour à la falaise où elle m'avait avoué s'être imprégnée de moi, qu'elle était condamnée à m'aimer... nous passions du tout au tout en un rien de temps, tantôt nous étions les meilleurs amis du monde, tantôt nous étions les pires ennemis. Mais contrairement à elle, j'avais évacué toute la rancœur que j'avais pu éprouver à son égard, tout simplement parce que j'avais mûri, moi aussi, et que d'homme libertin j'étais passé à homme cherchant à se poser. Mes objectifs avaient changé, ceux de Jude aussi, nous avions pris des chemins différents mais je la respectais plus que tout même si nos idéaux ne concordaient pas, et pour cause ; elle vivait, tous les jours, en m'aimant silencieusement, bâillonnant son coeur et tentant de se reconstruire à deux pas de chez moi. Je ne savais pas si j'aurais eu la même force qu'elle, se lever chaque matin en ayant une pensée pour quelqu'un qui ne m'aimerait jamais ; j'avais eu des sentiments pour elle, mais j'avais eu tôt fait de les étouffer, pour diverses raisons... J'avais eu peur, je nous trouvais trop différents, et triste réalité, je ne l'avais compris qu'en apprenant qu'elle était enceinte. Alors je ne répondis rien et ne relevait pas son ton presque agressif tant il était glacial, je ne lui en voulais pas. J'admirais Jude même si nous appartenions à deux mondes différents, je ne savais pas si elle s'en rendait compte mais c'était un fait, et chacun de ses gestes pour sortir la tête de l'eau m'insufflait davantage de respect à son égard.
Je détournai les yeux à mon tour, les reposant sur la surface de l'eau, pensif. La revoir ici à cet instant me faisait bizarre, j'avais peine à croire que nous nous soyions autant éloignés l'un de l'autre alors que nous étions si proches. Cela faisait plusieurs mois que nous ne nous étions pas vus, et je n'avais rien fait pour, en fait. A chaque fois que Kaitlyn était déposée dans leur QG les matins précédents les nuits de pleine lune, je n'y étais pas. Les seules à s'être dévouées pour l'accompagner avaient été Lucie, et Emma au cours du dernier mois durant lequel Lucie avait été absente. Moi ? Jamais, pourtant je savais que cela aurait fait plaisir à ma fille et peut-être à Jude... peut-être. Mais d'un autre côté, je savais aussi que cela risquait de nourrir le feu qui grandissait chaque fois que Paul me voyait ; c'était indéniable, Paul me haïssait et j'avais beau le détester pour ce qu'il avait pu me dire à mon "retour à la vie", je n'en restais pas moins empli de culpabilité parce que j'arrivais à me persuader que c'était en partie de ma faute si sa relation avec Jude n'avait pas vraiment marché, que les sentiments que la jeune louve éprouvait pour moi étaient sans cesse un problème puisqu'ils étaient éternels et indiscutables, Paul le savait très bien. Il savait très bien que Jude m'aimerait toujours et qu'ainsi elle ne serait jamais totalement sienne, mon retour surprise en avait été la preuve. La jeune femme s'avança vers moi, lentement, d'un pas sûr mais mesuré ; elle ne voulait pas être trop loin, mais pas trop proche non plus. Lorsque je reposai les yeux sur elle, elle m'avait tourné le dos, comme installant des barrières à ne pas franchir entre elle et moi. Je me mordis la lèvre inférieure en reposant mes yeux sur la surface de l'eau qui m'entourait, écoutant la jeune femme aux cheveux rose parler, réfléchissant à ce que je pouvais lui dire sans la braquer... La rancune qu'elle éprouvait pour moi pouvait si rapidement lui chatouiller les muscles que je préférais faire attention, je n'avais en aucun cas l'intention d'en venir une nouvelle fois aux mains avec elle.
« J’espère que Fenris va bien … comme toutes tes satanées conquêtes. Ta fille aussi … »
J'eus un petit sourire amusé, préférant ignorer les références à mes conquêtes puisque ceci me faisait penser à Emma, à son bannissement, à nos au revoir et à la relation qu'elle avait entretenue avec Théodore, une relation qui avait duré plusieurs mois... Cela faisait déjà si longtemps qu'il avait quitté Eclipse, cela me semblait être une éternité. Et chaque jour qui passait me faisait le haïr plus encore, chaque seconde en le sachant en vie me frustrait. Oui, je voulais tuer mon frère, vraiment. Et je savais que le jour où je serais enfin en face à face avec lui, je ne pourrais pas retenir mes coups ; d'ailleurs, je savais aussi que le jour où cela arriverait, je n'en aurais pas envie. Il avait toujours été le gamin modèle autrefois, mais depuis que je l'avais retrouvé, il me paraissait totalement différent, beaucoup trop changé... Chaque seconde qui passait tarissait l'image que je m'étais toujours faite de Théodore Kankowsky, mon petit frère que j'avais abandonné sans prévenir par peur de lui faire du mal, au même titre que nos parents. Il était resté le garçon modèle tandis que j'avais réellement été transformé en monstre, et aujourd'hui, qui était-ce réellement ? Moi ? Parce que je me nourrissais d'êtres humains ? Ou lui, le gamin égoïste réagissant au quart de tour, parano et filant sa vie simplement de sorte à être l'opposé de la mienne ? Je ne savais pas.... Peut-être étions-nous tous les deux des monstres, mais simplement des monstres différents. Je finis par reposer mes yeux sur Jude alors que j'avais perdu mon sourire, m'enfonçant un peu plus dans l'eau afin de me protéger du vent.
« Fenris se porte plutôt bien oui... Kaitlyn aussi, sa mère est de retour du Mexique alors tu n'imagines pas le débordement de joie qu'elle nous fait vivre... »
Là-dessus je relevai la tête vers le ciel, mes yeux se fixant sur la lune avec un sourire. Ma Kaitlyn était mon petit rayon de lune, une simplicité déconcertante et si rayonnante qu'elle rendait ma vie plus agréable rien qu'en me souriant, en me sautant dans les bras en m'appelant. Je n'imaginais plus ma vie sans elle, Kaitlyn était ma chaire, mon sang, ma fille ; elle était une part de moi, un petit bout de femme qui ravissait tout le monde au sein de la meute. Oui, tout le monde, y compris Fenris. Malgré son caractère de cochon, il ne pouvait pas me cacher qu'il était bien content de pouvoir participer un peu à son éducation en lui montrant comment décapiter ses Barbies. Je me redressai légèrement pour reposer mes yeux sur Jude, qui finalement s'était retournée vers moi.
« Au fond, malgré la froideur dont je fais preuve à ton égard, je suis heureuse que tu sois encore en vie … c’est bien, pour … tout le monde. »
Je rebaissai les yeux à ses paroles, songeur. Je ne savais pas si c'était les paroles de Jude ou de son coeur, car assurément il s'agissait de deux acteurs bien distincts. Son coeur lui hurlait probablement que l'élu qu'il avait choisi était là, à quelques mètres d'elle et elle se refusait à bouger, ce qui était probablement ce qu'il y avait de mieux pour nous deux. Alors, pensait-elle vraiment ce qu'elle me disait ? Ou était-elle simplement guidée par son coeur auquel elle ne pouvait pas entièrement résister, si bien qu'elle se sentait obligée de me dire des gentillesses ? Je finis par également lui tourner le dos, me glissant entièrement sous l'eau pour ressortir au bout de quelques secondes, me passant une main dans les cheveux pour retirer cet effet plat que je détestais tant.
« Je ne t'en veux pas d'être aussi froide tu sais. Je ne peux tout bonnement pas imaginer ce qui te passe par la tête, je ne peux pas imaginer ce que tu ressens, contre quoi tu luttes tous les jours... Mais je connais d'autres modificateurs et les voir à l'oeuvre me permet de ne pas douter une seconde de ton courage. »
Je marquai une pause, car mes pensées m'étaient douloureuses. Je fermai les yeux en me passant les mains sur le visage, soupirant profondément et tournant toujours le dos à la jeune femme. Je n'aimais pas ce que je m'apprêtais à dire, mais c'était pourtant la triste vérité. Je rouvris les yeux, fixant l'horizon de mon côté, frissonnant à cause de la fraîcheur de l'eau, une nouvelle fois.
« Tu sais aussi bien que moi que nous avons pris des chemins différents et que nos idéaux ne sont pas les mêmes. Tu sais, au même titre que moi, que l'alliance des Seigneurs avec Eclipse ne tient plus qu'à fil, pour diverses raisons. Déjà parce que notre but commun a été réalisé... les humains savent qui nous sommes désormais. Ensuite, parce qu'Eclipse ne compte pas s'arrêter là. Aussi, parce que désormais tu as Maël et que nos projets futurs seraient certainement trop dangereux pour lui... Et enfin à cause de ta relation avec mon frère, Théodore. »
Là-dessus mon coeur manqua un battement. Il n'y avait pas à dire, cet homme me donnait des nausées désormais et j'éprouvais une difficulté certaine à le considérer encore comme étant mon frère... Non, parce qu'en fait, je ne le voyais plus comme tel mais comme une cible. Je relevai les yeux vers la lune, cet astre que j'admirais tant et qui apaisait mes maux au même titre que l'eau. Je me sentis rapidement mieux, ainsi entouré de cet environnement qui me convenait tant.
« Fenris doit avoir la certitude de pouvoir compter sur ses alliés, or Théodore est, pour nous, devenu une cible. Je n'hésiterais pas à tuer mon propre frère, mais je sais que tu ne pourrais pas lui donner le même sort. J'essaie de ne plus trop m'approcher de toi parce que je sens que nous sommes trop différents... Nous ne serons pas éternellement des alliés et le jour où nous serons ennemis je ne veux pas être freiné par de quelconques sentiments. »
Je pinçai les lèvres ; nous nous étions déjà battu mais ce n'était rien de sérieux. Le jour où Jude prendrait le parti de Théodore, un traître d'Eclipse, nous serions forcés d'être en face à face et l'un de nous devrait mourir. Cette perspective me faisait souffrir lorsque je repensais aux moments que nous avions vécus ensemble. Je fermai les yeux, les poings se serrant sous l'eau ; je revoyais le visage de Jude quand nous nous étions rencontrés, je la revoyais me parler de son père en pleurant et je me revoyais lui dire qu'elle faisait vieille lorsqu'elle pleurait. Et puis je me souvenais avoir mangé avec elle au lycée, je me souvenais de sa frustration lorsque des filles m'avaient invité à une fête. Je lui avais fait sécher les cours ce jour-là, pour la première fois de sa vie. Je l'avais emmenée à la falaise, là-bas je l'avais embrassée. Elle m'avait alors avoué son imprégnation et suite à mon refus, avait été littéralement détruite. Je la revoyais pleurer et sauter de la falaise pour prendre la fuite sans que je puisse la suivre. Elle avait malgré tout rejoint Eclipse pour l'attaque du bal, reniant ses sentiments pour moi pour mener à bien ses idéaux même si cela signifiait être à moins d'un mètre de moi. Et puis je revoyais mon retour après les trois mois au cours desquels elle m'avait pensé mort, la joie qui avait éclairé ses yeux et la fureur qui avait animé ceux de Paul. A ce moment précis, j'avais brisé quelque chose entre eux, c'était indéniable. Il y avait encore tant de souvenirs avec elle, le désarroi qui l'avait rongé lorsque j'avais couché avec Emma sur cette même plage, dont elle foulait le sable actuellement. Ses yeux gonflés et rougis par les larmes tandis qu'elle avait purement et simplement eut l'intention de se noyer ; j'avais partagé beaucoup de moments avec elle, des bons comme des mauvais et tous étaient gravés dans ma mémoire. Jude était et resterait, malgré tout, une femme exceptionnelle.
Jude Rose
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Ven 22 Juil - 0:10
« Fenris se porte plutôt bien oui... Kaitlyn aussi, sa mère est de retour du Mexique alors tu n'imagines pas le débordement de joie qu'elle nous fait vivre... »
L’espace d’un instant je fus soulager de savoir que tout aller bien pour et que sa famille allait bien elle aussi, au moins autant aussi bien que lui. Cependant je sentais dans sa voix une certaine réserver que je ne connaissais que trop bien. Je le connaissais. Même si nous étions devenu deux personnes aux antipodes l’un de l’autre, je le connaissais. Je savais qui il était… Le fils de l’océan… Et celui de la lune. Il était plus fervent admirateur des éléments et lui-même m’avait dit un jour qu’il était le fruit de ces éléments. Je me rappelais avoir souris lorsque j’avais entendu pareille baliverne. Je le regardais, l’écoutant parlé de sa voix roc. Il m’avait manqué et en même temps pas car nous étions à jamais différents l’un de l’autre. Autant à notre rencontre nous avions été proches, quasi inséparable, autant maintenant nous étions comme deux noyaux nucléaires qui ne pouvaient opérer de fusion tant nous étions discordants. Nos regards se croisèrent et ce que j’y vis ne fis qu’accroitre mon sentiment. Nous nous étions perdu tous deux sur deux chemins différents qui jamais ne se recroiseraient. Nous n’étions plus des amis, nous n’étions plus des alliés, plus rien ne nous retenait… sauf mon imprégnation qui me liait à lui à jamais et le jour où tout basculera je serais la seule à périr. Je m’y étais faite. L’idée ne m’effrayait plus tant que je l’avais pesée et soupesée… Je détournais le regard et plongeais mes mains dans ma chevelure afin d’y saisir une mèche que je commençais à tortiller autour de mes doigts. S’en était fini, le clap de fin s’approchait à grand pas. Pourquoi notre histoire avait-elle tourné aussi mal ? La belle et la bête, Roméo et Juliette … je n’étais pas une de ses héroïne … je n’avais pas le droit au bonheur alors que lui si et je le lui souhaitais de plus profond de mon cœur mais je vis qu’il doutait de la sincérité de mes paroles. Sauf que je portais mon choix sur le silence. Le silence était la meilleure des parades, la meilleure des façades. Le silence effaçait tout, dissimulait les vérités et les mensonges… le silence était mon plus grand allié. Il finit par me tourner le dos et par se plonger entièrement dans l’eau comme pour se purifier, comme pour un dernier lavement … Puis j’entendis ses mots …
« Je ne t'en veux pas d'être aussi froide tu sais. Je ne peux tout bonnement pas imaginer ce qui te passe par la tête, je ne peux pas imaginer ce que tu ressens, contre quoi tu luttes tous les jours... Mais je connais d'autres modificateurs et les voir à l'œuvre me permet de ne pas douter une seconde de ton courage. -Ce n’est pas du courage, Morgan. Loin de là, l’amour déçu reste et restera toujours un amour déçu mais le temps efface les blessures, les apaises et nous permet de vivre mieux même s’il reste toujours des séquelles. Tout ne se passe pas comme dans les films sinon nous serions heureux à l’heure qu’il est. Or non, nous ne le sommes pas … On finit toujours par ployer devant notre destinée … mon cœur s’est trompé à ton propos et je ne peux le blâmer… mais je t’en prie, ne me parle pas de courage alors que ce n’est rien d’autre que de l’abdication…
Mais mot résonnèrent dans le silence comme un claquement de fouet mais le timbre de ma voix, lui n’était pas sec, au contraire, il était doux comme du velours, savoureux comme un bon vin français car je ne voulais pas le froisser, je ne voulais pas le blesser comme il m’avait blessé. Je n’étais pas comme ça, j’avais certes de la rancœur, mais je ne voulais en aucune manière être responsable d’une quelconque blessure superficielle qui n’aurait servi à rien d’autre qu’à mettre un terme final au peu de relation amicale qu’il nous restait. Je posais mes yeux sur le jeune homme. Mes iris avaient tournés au gris et étaient comme deux belles pierres précieuses trônant au milieu d’un regard d’acier. Je voyais bien qu’il était dérangé, que quelque chose qu’il s’apprêtait à me dire lui était douloureux alors doucement je me mis en mouvement en reculant légèrement comme pour lui laissait le champ libre. Je baissais le regard, me détournais doucement et remontais mon visage vers le ciel qui se constellait de million de petit point lumineux que l’on appelait communément étoiles. Nous étions perdus, tous les deux. Ni l’un ni l’autre, je le savais, ne voulait faire de mal à l’autre car la douleur était déjà bien présente. J’attendis qu’il se lance, patiente, tout en regardant le ciel …
«Tu sais aussi bien que moi que nous avons pris des chemins différents et que nos idéaux ne sont pas les mêmes. Tu sais, au même titre que moi, que l'alliance des Seigneurs avec Eclipse ne tient plus qu'à fil, pour diverses raisons. Déjà parce que notre but commun a été réalisé... les humains savent qui nous sommes désormais. Ensuite, parce qu'Eclipse ne compte pas s'arrêter là. Aussi, parce que désormais tu as Maël et que nos projets futurs seraient certainement trop dangereux pour lui... Et enfin à cause de ta relation avec mon frère, Théodore. -Je le sais en effet aussi bien que toi. Théodore … pourquoi parle-tu de lui dans des termes aussi froids ? Je ne comprends pas…
Je n’ajoutais rien, soupirais, attendais la suite car je le savais il y avait une suite. Théodore et moi venions à peine de nous retrouver que déjà je sentais la fin approcher. Pourquoi devais-je toujours me retrouver dans des situations impossibles ? Pourquoi étais-je incapable d’aimer quelqu’un en paix ? Pourquoi dieu s’en prenait-il à moi depuis ma tendre naissance ? Pourquoi était la seule question qui me vint à l’esprit. N’avais-je déjà pas assez souffert ? Etais-je réellement destinée aux enfers comme le prédisait mon père lorsque je n’étais encore qu’une gamine ? Etais-je en fait que le sous-fifre des éléments ? Je ne savais pas et Morgan mit rapidement fin à mon questionnement …
t]]« Fenris doit avoir la certitude de pouvoir compter sur ses alliés, or Théodore est, pour nous, devenu une cible. Je n'hésiterais pas à tuer mon propre frère, mais je sais que tu ne pourrais pas lui donner le même sort. J'essaie de ne plus trop m'approcher de toi parce que je sens que nous sommes trop différents... Nous ne serons pas éternellement des alliés et le jour où nous serons ennemis je ne veux pas être freiné par de quelconques sentiments. -Des sentiments ? Tu n’en a pas envers moi … seulement moi et … tu le sais très bien. Est-ce donc là la fin de tout ? La fin de ma vie ? Vais-je mourir en martyr comme je me le suis toujours dit ? Oh je n’attends aucune réponse de ta part mais je t’avoue que je ne comprends pas ce qu’a pu faire ton frère pour se mettre votre clan à dos … Cela ne me concerne pas. Ou peut-être que si…[/b]
Encore une fois le silence vint m’entourer de ses bras protecteur et une révélation se fit à moi. J’allais mourir, j’allais mourir par amour car je l’aimais, lui, le traitre, Théodore … Je savais que je ne pourrais le tuer comme je ne pourrais tuer Morgan. Je n’étais pas immortelle, eux-si. Moi je vieillissais tous les jours un peu plus alors qu’eux restaient éternellement dans leur splendide beauté sculpturale. J’allais mourir et c’était une évidence. Comment choisir … Les souvenirs que nous avions ensemble vinrent à mon esprit comme un million d’abeilles bourdonnantes mais je les rejetais pour me protéger de la douleur qui allait en naitre. Je baissais mon visage vers Morgan et vis la tristesse et la douleur dans ses yeux. Je vis ses lèvres pincées ce qui ne fit que confirmer ma révélation. J’allais me sacrifier … Mon clan survivrait, Maël survivrait et prendrait la tête dès qu’il serait en âge, je le savais. Paul dominerait la meute jusque-là mais moi… moi je ne serais plus … Je serais morte, enterrée six pied sous terre sans que personne ne regrette ma présence. J’avais toujours été l’électron libre au fond, celui que personne n’attrape, celui que personne ne veut, celui qui disparait toujours… Mon regard se fondit dans celui de Morgan et toute la tristesse que je m’escrimais à cacher y passa comme un orage. Morgan était un homme bien, je le savais, je l’avais toujours su … mais entre son clan et moi protégeant un traitre, son choix était fait … j’étais celle qu’on allait éliminer pour traitrise. J’étais comme une sorcière de Salem, j’étais un démon. Un démon que l’on allait balayer comme s’il n’était que poussière. Je me détournais de Morgan … Je ne lui en voulais pas. J’avais toujours su que ça se finirait comme ça … l’heure n’était pas encore là mais elle était bien plus proche que ce que tout le monde croyait. Je lui tournais le dos en tournant vers la forêt.
« Ainsi je connais donc la fin de mon histoire … je vais mourir comme la traitre que je suis. Au fond qu’elle autre fin aurais-je pu avoir mon amour… mon imprégnation… Dieu que le destin est une chose incontrôlable. Fenris sera déçu … Mon clan sera en deuil … Mon fils sera orphelin, pourvu que quelqu’un le protège de la mort à ma place et après la mienne. Maria peut-être. Je ne t’en veux pas Morgan … Cela fait longtemps que nous connaissions la fin. Cela fait longtemps que le monstre vieillissant d’égoïsme que je suis aurait du mourir. Nous n’aurions jamais dû nous rencontré, nous n’aurions jamais dû nous faire le mal que nous nous sommes faits. Nous en effet tellement différent… Moi je ne suis qu’une femme déchiquetée de l’intérieur qui à peine reconstruite se fait balayer par un ouragan et toi tu n’es qu’un homme … exceptionnel, un guerrier, un véritable loup. Il est temps … de nous avouer que ce qui est impossible est en effet impossible que rien ne peut changer la donne… C’est fini ! C’est comme ça ! »
Je marquais une pause dans ma tirade, prenant le temps d’inspirait l’une de mes dernière goulée d’iode. Qui sait peut être allait-il mettre un terme à ma vie dans les minutes qui venaient puisque je venais de confirmer les craintes qu’il n’avait qu’à moitié exprimer. J’aimais Théodore, j’aimais ce qu’il était, qui il était … je l’aimais comme j’aurais aimé Morgan si j’avais pu … un amour de rechange en quelques sortes mais un amour qui signait ma fin. J’étais prête de toute façon, j’abdiquais comme une reine. Je fis quelques pas dans le sable en direction de la forêt et m’arrêtais encore une fois.
« L’abdication … est la seule véritable preuve de courage qui puisse véritablement comptée. Si la cause est vaine, ne pas se battre et accepter son destin sans craindre la mort et l’après est le véritable courage, le courage que seul un être pur peut véritablement l’exprimer. Je ne me considère pas comme un être pur, bien au contraire, je suis un poison, un démon et le destin me le fait payé depuis l’enfance alors … je n’ai pas peur. Je n’ai pas peur de dire au revoir à la vie. J’aime Théodore et je paierais le prix de cet amour de tes mains et de celles de ton alfa comme il se doit. Tout ce que je souhaite c’est que mon fils, si petit soit-il, puisse vivre au moins aussi longtemps que moi et que le reste de mon clan de paie pas pour la faute que j’ai commise… Alors à titre posthume, je te demande de les épargnés. N’oublie jamais que tu auras été l’amour de ma vie… n’oublie jamais que j’ai souffert pour toi et que je me suis effacé face à ton bonheur. Ne m’oubli jamais car moi … je ne t’oublierais jamais, j’emporterais mon amour pour toi dans l’au-delà… tu seras enfin libre d’être qui tu es. »
Sur ces douloureux mots je me tus et repris ma marche à pas lents, si lents. Les larmes que j’avais retenues jusque-là commencèrent à roulées sur mes joues d’albâtre. Je m’en voulais de devoir abandonner mon fils de manière aussi tragique. Je m’en voulais d’avoir à trahir mon clan de cette manière et de devoir les laisser comme ça mais le cœur à ses raisons que la raison, elle-même, ignore. Le destin voulait que je finisse ainsi alors je finirais de la manière dont il le souhaitait. Je mourrais pour Théodore, je mourrais par amour, je mourrais pour laisser une chance de liberté à ceux que j’aime. Je mourrais avec les honneurs, je mourrais comme l’alfa que j’étais, la tête haute. Mais ce que je savais aussi, c’est qu’avant de mourir, je me battrais pour le peu d’égo qu’il me restait. Au fond, j’étais blessée depuis toujours et Morgan le savait. Je passais la lisière de la forêt et m’arrêtais à côté d’un énorme chêne et je jetais un dernier regard à celui qui était mon imprégnation et lorsque je voulus disparaitre, je ne pus m’y résoudre. Alors je restais là, muette et en larmes, à l’observer.
Morgan Kankowsky
× Points RP : 292 × Niveau : 6 × Atout : Intelligence × Âge du perso : 23
Ven 22 Juil - 17:12
« Ce n’est pas du courage, Morgan. Loin de là, l’amour déçu reste et restera toujours un amour déçu mais le temps efface les blessures, les apaises et nous permet de vivre mieux même s’il reste toujours des séquelles. Tout ne se passe pas comme dans les films sinon nous serions heureux à l’heure qu’il est. Or non, nous ne le sommes pas … On finit toujours par ployer devant notre destinée … mon cœur s’est trompé à ton propos et je ne peux le blâmer… mais je t’en prie, ne me parle pas de courage alors que ce n’est rien d’autre que de l’abdication… »
Malgré le ton doux et tendre employé par Jude, ces mots me faisaient mal. Ils me faisaient mal non pas parce qu'ils étaient criants de vérité, mais parce que Jude était tellement quelqu'un de bien qu'elle passait son temps à se dénigrer, se refusant, au final, elle-même le bonheur... Aujourd'hui encore elle se persuadait que tout allait bien, alors qu'au final, tout allait mal. L'homme qu'elle aimait l'avait trompée, elle s'obstinait à rejeter Paul qui était pourtant le père de son fils, risquait de perdre des alliés, et par conséquent, elle risquait sa vie un peu plus chaque jour. Elle était prête à mourir pour Théodore, mais je ne pouvais m'empêcher de me demander si c'était réciproque. L'amour qu'elle éprouvait pour lui était aveugle, inconsidérable, profond. Elle était prête à tout pour lui, l'attendant dans l'ombre alors que lui... Lui que faisait-il ? Il rejoignait une meute ennemie sur un coup de tête, couchait à droite à gauche... Théodore ressemblait à celui que j'étais avant en fait, il ressemblait à celui qui avait tant fait souffrir d'êtres innocents à qui il disait tenir tout en se détruisant lui-même. Je baissai les yeux avant de secouer légèrement la tête de droite à gauche, relevant ensuite mes yeux sur l'alpha des Seigneurs de la nuit. Je ne pouvais décemment pas la laisser s'auto-détruire ainsi.
« Tu te trompes Jude. Ne t'es-tu jamais appréciée à ta juste valeur ? Pourquoi mets-tu toujours la barre trop haut ? Tu es une personne exceptionnelle et tu es certainement la seule à ne pas le remarquer. Un jour tu as failli abandonner oui, ce jour où tu as couru dans le lac et que je t'ai rattrapée. Mais Jude, tu es toujours là, devant moi et chaque jour tu luttes, consciemment ou pas. Cesse de te dire faible alors que j'ai rarement vu des personnes aussi fortes que toi, levant les yeux sur une personne et acceptant son destin sans rechigner. Tu sais voir les gens, mais tu ne te vois pas, toi. Tu vis avec ta tristesse, tu vis avec ta douleur et ça c'est une marque de courage incontestable car tu sais que même avec le temps qui passe, cette tristesse et cette douleur ne disparaîtront jamais vraiment. »
Je finis par lui tourner le dos à mon tour, la respiration difficile. Chaque mot que nous prononcions était une douleur lancinante qui parcourait mes muscles et terminait son parcours en infligeant une blessure irréparable à mon coeur. Je n'avais jamais voulu que notre relation évolue ainsi, je n'avais jamais voulu que nous nous retrouvions face à face en tant qu'ennemis un jour et si je n'étais pas aussi dévoué à ma meute, j'aurais certainement pris la fuite. Mais dès que je fermais les yeux, je revoyais Fenris, je revoyais les Volturi, je revoyais Eclipse. Chaque membre me souriait, je revoyais Kaitlyn tendant les bras vers moi en me demandant un câlin, je revoyais Lucie lever les yeux au ciel en souriant et en croisant les bras. Je revoyais Willow, timide et renfermée qui tentait de se faire une place et que nous avions accueillie volontiers, je revoyais Fenris qui avait lui aussi tellement changé en l'espace de deux ans... Nous avions tous grandi, nous avions tous mûri. Tous, sauf un... Je rouvris les yeux, je ne souhaitais pas penser à lui, lui qui avait tout foutu en l'air égoïstement. Je me mouillai le visage, cherchant du réconfort après de cette eau salée qui m'apaisait et pansait mes blessures chaque fois que je venais m'y baigner. Un coup de vent balaya la plage, se glissant dans mes cheveux et caressant ma peau glacée tandis que je relevais les yeux vers la lune, annonçant à Jude que sous peu nous serions ennemis, que cela se dessinait comme notre destinée et que chaque seconde qui passait nous rapprochait fatalement de notre ultime face à face.
« Je le sais en effet aussi bien que toi. Théodore … pourquoi parle-tu de lui dans des termes aussi froids ? Je ne comprends pas… Des sentiments ? Tu n’en a pas envers moi … seulement moi et … tu le sais très bien. Est-ce donc là la fin de tout ? La fin de ma vie ? Vais-je mourir en martyr comme je me le suis toujours dit ? Oh je n’attends aucune réponse de ta part mais je t’avoue que je ne comprends pas ce qu’a pu faire ton frère pour se mettre votre clan à dos … Cela ne me concerne pas. Ou peut-être que si… »
Je me tournai lentement vers Jude, mes yeux exprimant toute la tristesse et toute la couleur que je pouvais ressentir à ce moment-là. Théodore était mon frère mais aussi mon ennemi juré, celui à qui je rêvais d'arracher les tripes. Il avait tout détruit, tout ce qu'il touchait devenait poussière comme s'il était maudit et je tenais à mettre fin à ses méfaits moi-même, Fenris le savait et ce dernier se réjouissait d'ailleurs de mon dévouement pour la destruction de Solaris et la chasse de Théodore, un traître à son sang, un traître à ses origines, un traître à sa famille. Je me relevai, sortant à nouveau de l'eau, les poings serrés. J'avais mal et chaque douleur que Théodore m'infligeait de plus nourrissait davantage ma haine envers lui et Dieu seul savait comme je le haïssais. Je le reniais, j'avais honte de lui, j'avais honte de sa personne, de ce qu'il était. J'avais honte qu'il dise à quelqu'un que j'étais son frère, que nous avions les mêmes parents, que nous avions grandi ensemble. Il apparaissait comme un inconnu méritant la mort à mes yeux, comme un ingrat, une ordure. Jude se détourna de moi, le poing resserré sur le haut de sa robe. La souffrance se lisait dans sa posture, mais Jude ne me contredirait pas, elle savait aussi bien que moi que prendre parti la mènerait à une situation difficile car elle était condamnée à affronter ou Théodore, ou moi et si elle se retirait j’apparaîtrais également comme un ennemi. Je l'observai, éloigné d'elle par quelques mètres que nous avions jugé bon d'entretenir et qui me faisaient autant de bien que de mal. Je finis par baisser les yeux sur le sable, prêt à l'écouter et me préparant à souffrir encore un peu plus à sa réponse face à laquelle je serais simplement impuissant. La simple idée de savoir que cette nuit-là était peut-être la dernière au cours de laquelle nous pourrions parler en paix m'était difficile à accepter.
« Ainsi je connais donc la fin de mon histoire … je vais mourir comme la traitre que je suis. Au fond qu’elle autre fin aurais-je pu avoir mon amour… mon imprégnation… Dieu que le destin est une chose incontrôlable. Fenris sera déçu … Mon clan sera en deuil … Mon fils sera orphelin, pourvu que quelqu’un le protège de la mort à ma place et après la mienne. Maria peut-être. Je ne t’en veux pas Morgan … Cela fait longtemps que nous connaissions la fin. Cela fait longtemps que le monstre vieillissant d’égoïsme que je suis aurait du mourir. Nous n’aurions jamais dû nous rencontré, nous n’aurions jamais dû nous faire le mal que nous nous sommes faits. Nous en effet tellement différent… Moi je ne suis qu’une femme déchiquetée de l’intérieur qui à peine reconstruite se fait balayer par un ouragan et toi tu n’es qu’un homme … exceptionnel, un guerrier, un véritable loup. Il est temps … de nous avouer que ce qui est impossible est en effet impossible que rien ne peut changer la donne… C’est fini ! C’est comme ça ! »
Je fermai à nouveau les yeux quelques secondes, laissant le temps à la souffrance de parcourir mon corps et rendre chaque membre douloureux, comme transpercé par des milliers d'épines qu'il me serait impossible d'enlever. Je pris une grande inspiration, me rappelant comment elle m'avait appelé. "Mon amour, mon imprégnation". Ces mots me faisaient souffrir car je les savais en partie responsables de la situation actuelle. J'en souffrais d'autant plus quand je me disais que c'était mon idiotie qui nous avait menés jusqu'ici, parce que oui, j'avais été un idiot de la rejeter alors que nous aurions simplement pu être heureux tous les deux. J'avais renié mes sentiments naissant au profit d'une liberté éphémère que je cherchais aujourd'hui à perdre. J'étais jeune, j'étais idiot, j'étais immature. J'étais un abruti et la part de responsabilité que j'avais dans mon avenir avec Jude me détruisait, me consumait à petit feu et c'était une douleur que je ne pouvais exprimer, dont je ne pouvais parler, pas même à Jude. Elle pensait que je n'avais jamais ressenti quoique ce soit pour elle et peut-être était-ce mieux ainsi. Elle souffrait probablement moins en s'imaginant qu'elle n'avait toujours eu aucune chance plutôt que se torturer en se disant que si elle avait davantage insisté, j'aurais fini par céder. C'était une torture que je ne voulais pas lui infliger, je préférais ainsi l'endurer seul et la subir en silence, sans que personne ne sache. C'était ma punition, je devais souffrir de ce lourd secret car j'étais coupable de cet affrontement qu'il y aurait entre elle et moi.
« L’abdication … est la seule véritable preuve de courage qui puisse véritablement comptée. Si la cause est vaine, ne pas se battre et accepter son destin sans craindre la mort et l’après est le véritable courage, le courage que seul un être pur peut véritablement l’exprimer. Je ne me considère pas comme un être pur, bien au contraire, je suis un poison, un démon et le destin me le fait payé depuis l’enfance alors … je n’ai pas peur. Je n’ai pas peur de dire au revoir à la vie. J’aime Théodore et je paierais le prix de cet amour de tes mains et de celles de ton alfa comme il se doit. Tout ce que je souhaite c’est que mon fils, si petit soit-il, puisse vivre au moins aussi longtemps que moi et que le reste de mon clan de paie pas pour la faute que j’ai commise… Alors à titre posthume, je te demande de les épargnés. N’oublie jamais que tu auras été l’amour de ma vie… n’oublie jamais que j’ai souffert pour toi et que je me suis effacé face à ton bonheur. Ne m’oubli jamais car moi … je ne t’oublierais jamais, j’emporterais mon amour pour toi dans l’au-delà… tu seras enfin libre d’être qui tu es. »
Ses derniers mots furent de trop, je rouvris les yeux pour fixer la surface de l'eau qui très vite, fut troublée par une goutte, puis une autre... Les larmes glissèrent malgré moi le long de mes joues, venant mourir sur mes lèvres ou terminant leur chute dans la mer. Je levai une main pour la poser sur mes lèvres, serrant les dents et refermant les yeux pour retenir le sanglot qui me nouait la gorge. J'avais envie d'hurler, d'évacuer toute cette pression, toute cette souffrance qui s'accumulait mais je ne le pouvais pas. Je n'en avais pas le droit. Pour Jude, pour moi, pour Fenris, je devais réprimer mes désirs les plus puissants, je devais me contrôler et m'empêcher d'agir bêtement. Que penserais-je de moi lorsque j'aurai le sang de Jude sur les mains ? Comment est-ce que je réagirais à cet instant, lorsque je verrai ses yeux rivés dans les miens et que je comprendrai qu'elle abandonnait ? Qu'elle souriait à la mort que j'allais lui offrir ? Je savais que ce meurtre me suivrait, je savais que toute ma vie il me hanterait. Toute ma vie je fuirais ceux qu'elle avait pu chérir et protéger car dans leurs yeux je verrai leur haine et leur désarroi, leurs yeux seraient emplis de reproches et tous me rappelleraient à quel point Jude était une personne merveilleuse, que j'étais un monstre d'avoir osé mettre fin à ses jours, rendant Maël orphelin de mère. Je me retournai, ne souhaitant pas que Jude me voit dans cet état si la bonne idée de se retourner lui venait à l'esprit. J'avais déjà tué des gens que je connaissais mais jamais je ne m'en étais pris à des gens si chers à mon coeur. Rien que l'idée d'imaginer le sang de Jude sur mes mains me rendait malade, d'imaginer son cadavre devait moi me retournait l'estomac. Pourtant je le ferais, quitte à me haïr ensuite je le ferais, sans hésitation. Je la tuerais tout en hurlant ma rage et ma douleur. Je la tuerais en pleurant, en regrettant d'ores et déjà mon acte, je la tuerais avec toutes les forces qu'ils me resteraient, mais je la tuerais. Je la tuerais, parce qu'elle, elle ne le ferait pas.
Lorsqu'enfin je réussis à me calmer, la jeune femme m'avait tourné le dos. Elle s'était éloignée et rejoignait la lisière, sans un mot de plus. Je ne pouvais pas la laisser partir comme ça, je ne pouvais pas lui dire au revoir en m'arrêtant sur de telles paroles. J'avais besoin de lui parler, besoin d'entendre sa voix, besoin de voir son sourire et besoin qu'elle me dise encore et encore qu'elle ne m'en voudrait pas. D'un revers de main j'essuyai mes joues, effaçant les traces de larmes et me calmant en prenant une grande inspiration. Je m'arrosai légèrement le visage afin de me remettre les idées en place, me mordant la lèvre inférieure pour retenir un nouveau sanglot. Je devais tenir, je devais être fort, masquer mes émotions du mieux que je le pouvais. Je souffrais mais j'étais le personnage secondaire de l'histoire et j'avais un rôle à jouer. Lorsque je me retournai à nouveau vers la lisière je la cherchai du regard, espérant la revoir. Et je la vis, la main posée sur le tronc d'un énorme chêne, m'observant de loin. Elle semblait comme figée, pétrifiée, terrifiée. Jude avait peur je le sentais, mais elle acceptait cette peur. Alors je ne réfléchis plus, avançant simplement vers elle, l'eau se dégageant sur mon passage. Je m'approchai, lentement, mes pieds foulant le sable fin comme ils l'avaient fait tant de fois mais cette nuit n'avait rien de commun aux autres. Je finis par arriver à la hauteur de Jude, franchissait les quelques mètres que nous avions convenu d'instaurer dès qu'elle était apparue. Je la regardai un instant, avant de prendre une légère inspiration, relevant les yeux vers la cime du chêne. Lui avait au moins une vie paisible et n'était pas tourmenté par des choix difficiles...
« J'admire la manière dont tu aimes Théodore malgré ce qu'il est. Un gamin prétentieux, capricieux, orgueilleux, égoïste et immature comme on en croise rarement. Quand je pense à Paul, à Maël, je n'arrive pas à me mettre à leur place... Car tu les abandonnerais pour un homme qui a osé te tromper pendant si longtemps. »
Je marquai une pause, reposant mes yeux sur elle avant de les rebaisser vers le sol. L'idée de perdre Jude à cause de Théodore ne me faisait que le haïr plus encore et j'avais du mal à ne pas le montrer.
« Théodore ne réfléchit pas aux conséquences de ses actes. Son égoïsme l'empêche de voir la réalité du monde et je suis certain qu'il ne sait pas que tu es prête à mourir pour lui alors qu'il n'en ferait sûrement pas autant. Au même titre qu'Emma a failli être tuée par Fenris avant qu'il ne la bannisse de la meute. Théodore détruit tout ce qu'il touche et je n'ai pas envie qu'il te détruise toi aussi, comme il a déjà anéanti tant de personnes. Tu es importante pour moi Jude, plus que tu ne l'imagines et tu ne réalises certainement pas à quel point il m'est difficile de te voir t'attacher autant à quelqu'un comme lui... Je ne voulais pas que notre relation se termine de cette façon. Je n'oublierai jamais qui je suis et qui j'ai été pour toi mais promet-moi au moins que tu n'oublieras jamais ce que tu as enduré et tout ce à quoi tu as survécu, tout ce contre quoi tu t'es battu. Tu es une femme merveilleuse et... il est hors de question que tu partes en étant persuadée d'être un monstre... »
Je me mordis la langue, mon regard cherchant celui de la jeune femme. Ses yeux d'acier étaient fixés sur moi et j'éprouvais une douleur si intense qu'il m'était impossible d'accepter le fait que d'ici peu, ces yeux seraient fermés et ne se rouvriraient plus. J'aurais aimé la prendre dans mes bras, la serrer contre moi, sentir sa chaleur comme je l'avais sentie tant de fois par le passé. Mais était-ce une bonne chose ? Avais-je le droit ? Non, sûrement pas. J'allais prendre sa vie, qui étais-je pour chercher du réconfort auprès d'elle ? Si elle ne m'en voulait pas, moi je m'en voulais. Et je m'en voudrais certainement pour toute l'éternité qu'il me restait à vivre.
Jude Rose
× Avertissements : 0/3 × Points RP : 24 × Niveau : 7 × Atout : Force × Âge du perso : 21 a
Lun 1 Aoû - 16:33
- J'admire la manière dont tu aimes Théodore malgré ce qu'il est. Un gamin prétentieux, capricieux, orgueilleux, égoïste et immature comme on en croise rarement. Quand je pense à Paul, à Maël, je n'arrive pas à me mettre à leur place... Car tu les abandonnerais pour un homme qui a osé te tromper pendant si longtemps. »
Je plantais mes yeux d’acier dans les yeux azur de Morgan et ce que j’y vis me blessa au plus profond de moi. Je voyais des regrets mais que regrettait-il ? Il ne pouvait se permettre de me faire cela. Il n’avait pas le droit, je ne lui autorisais pas cette faiblesse. Il savait que je l’avais toujours aimé … il le savait. Je l’observais sans piper mot. J’avais plongé dans ses yeux un regard si dur et si froid, un regard si infaillible, que personne n’aurait pu comprendre toute l’ampleur de la guerre sentimentale qui se jouait en moi. Je reculais d’un pas tout en continuant d’observer l’homme qui me faisait face. Je voyais sa colère, je voyais sa haine. Je n’étais pas dupe. Mais je continuais de me murer dans le silence.
- Théodore ne réfléchit pas aux conséquences de ses actes. Son égoïsme l'empêche de voir la réalité du monde et je suis certain qu'il ne sait pas que tu es prête à mourir pour lui alors qu'il n'en ferait sûrement pas autant. Au même titre qu'Emma a failli être tuée par Fenris avant qu'il ne la bannisse de la meute. Théodore détruit tout ce qu'il touche et je n'ai pas envie qu'il te détruise toi aussi, comme il a déjà anéanti tant de personnes. Tu es importante pour moi Jude, plus que tu ne l'imagines et tu ne réalises certainement pas à quel point il m'est difficile de te voir t'attacher autant à quelqu'un comme lui... Je ne voulais pas que notre relation se termine de cette façon. Je n'oublierai jamais qui je suis et qui j'ai été pour toi mais promet-moi au moins que tu n'oublieras jamais ce que tu as enduré et tout ce à quoi tu as survécu, tout ce contre quoi tu t'es battu. Tu es une femme merveilleuse et... il est hors de question que tu partes en étant persuadée d'être un monstre...
Importante ? Une femme merveilleuse ? Il se fichait ouvertement de moi là. Mes yeux s’agrandirent à chacun des mots qu’il prononçait tandis que lui cherchait désespérément à comprendre ce qu’il se passait en moi. Pouvait-il seulement comprendre ? Tout était tellement confus … Moi-même je me débattais avec ce cœur qui ne voulait rien d’autre qu’aimer et être aimé en retour. Je l’épiais, je l’observais, je le guettais. J’allais jusqu’au plus profond de son âme. Il se retenait, c’était clair et limpide comme de l’eau de roche. Allons allons, ne te retiens pas mon cher … profite de ma présence tant que je suis encore ici, présente devant tes yeux et ton cœur meurtri. Je fermais les paupières durant quelques millièmes de seconde et inspirais son odeur, lorsque je les rouvris, mes doigts tremblaient. Sans vraiment comprendre pourquoi je lui décochais un sourire en coin, mon regard scintillait d’un million d’émotion et je montais ma main jusqu’à sa joue. Ma paume embrassa sa peau avec une douceur infinie. Je continuais de sourire aussi belle qu’un ange. Mes longs cheveux tombait en cascade sur mes épaules, ma robe voletait dans la légère brise qui soufflait, mes pieds nus s’enfonçaient légèrement dans la terre. Le silence régnait en maitre autour de nous et ma main, elle, restait là tout contre sa joue. Je restais là tout près de lui, résignée. Mon sourire s’effaça doucement mais mon regard s’emplit de tendresse à l’égard de cet homme qui se refusait de céder à ses sentiments. Je me fichais qu’il me repousse, je me fichais qu’il m’achève, l’amour n’existe que dans les rêves … alors j’enfreins la limite et je le pris dans mes bras. Je me trouvais collée à lui, peau contre peau, ma paume droite toujours sur sa joue, l’autre dans sa nuque et mon visage dans son cou. Mes doigts caressaient son corps avec une délicatesse extrême ce qui ne me perturba même pas. Je restais là, lui impuissant, moi usant des dernières cartouches de bonté que je possédais.
- Je te promets Morgan, je te promets de ne pas oublier qui tu étais, ce que tu es et ce que tu as été pour moi … mon unique exception. Ne regrette pas ce que tu ne peux pas changer. Nous avons tous des choix à faire, j’ai fait le mien au détriment de tous ceux que j’aime … Mourir … oui je vais mourir, je vais mourir par amour, me sacrifier … mourir pour l’amour d’aimer n’est pas une fin en soi, ne t’en veux pas moi… moi je ne t’en veux pas. Tu fais ce que tu as à faire … Je sais qui est Théodore, je sais ce qu’il peut devenir … Je crois en lui, je crois en la grandeur de son âme qui n’attend que d’être révélée. Alors je lui tends la main pour le guider comme tu l’as fait avec moi il y a des années. Je lui tends la main au prix de ma vie … n’est-ce donc pas de la générosité qui se cache derrière ce geste ? Une certaine grandeur d’âme, peut-être ? Je n’en sais rien. Tout ce que je sais, c’est que ce c’est une chose bien. Tu es quelqu’un de magnifique Morgan, tu es le fils des éléments, ta mère saura purger ton chagrin … Dieu te pardonnera j’en suis certaine. Mon fils te pardonnera peut-être cela dépendra de l’histoire que l’on servira. Mais saches Morgan que tu es un être exception, d’une grande valeur à mes yeux d’aveugle… je t’aime …
Je le serrais contre moi encore quelques secondes tout en me rembrunissant et en me terrant dans mon silence salvateur. Dieu seul savait à quel point le gout amer des mots que je venais de prononcer en chuchotant me brulaient la langue et finissaient d’achever mon cœur agonisant. Oh Morgan si tu savais à quel point cela me fend le cœur … comme si … si tu savais à quel point je regrette que … que ça se finisse ainsi. Oh mon dieu. J’inspirais encore et encore l’odeur suave de l’homme qui serait à jamais mon imprégnation, à jamais celui que j’aimerais. Je gardais les yeux clos, j’imprimais la sensation de sa peau sous mes doigts, de son thorax montant et descendant au gré de ses respirations contre mon propre thorax dans ma mémoire. Je greffais dans ma tête les souvenirs de cette dernière embrassade comme si tout était déjà terminer. Si j’avais eu le courage, je lui aurais volé un baiser mais mon cœur n’y survivrait pas alors je me mordais la lèvre presque jusqu’au sang puis je décidais enfin de le lâcher. Je restais là si proche et si distante à la fois, âme sœur brisée, cœur brisée, vie brisée, vide. Je ne le regardais pas, je n’écoutais plus son cœur comme si je m’étais repliée derrière une muraille insonore. Je laissais tomber ma main de sa joue et celle-ci vint rejoindre mon côté tristement. Mes yeux étaient vides de tout sentiment, tout comme mon corps en fait. Je n’étais plus qu’une coquille vide, comme si, à travers cette dernière accolade, je lui avais légué tout ce qu’il me restait. Quelle ironie. Je me reculais doucement de Morgan sans oser croiser son regard, sans oser le regarder une dernière fois. Je me mouvais à reculons, la tête basse mais les épaules droites et le dos droit. Mes mains, accrochées à mes bras pendants le long de mon corps, restaient à demi fermées à demi ouvertes, encore tremblantes. Je m’arrêtais une fois que la distances qui nous séparée me semblait suffisante. Là, je relevais les yeux sur lui et le transperçais d’un regard des plus perçants, celui qui d’entre tous pourrait lui faire comprendre à quel point cela m’était douloureux, à quel point j’étais …. Perdue …. Le regard le plus lourd de sous-entendus que je puisse lui servir. Après tout je venais de me mettre à nue devant lui, je venais de dévoiler mes pensées les plus sincères, je venais de le prendre dans mes bras alors que j’avais juré ne plus le toucher. Malgré tout ceci j’avais envie de me blottir encore contre lui, envie de lui faire vraiment comprendre que la mort n’est jamais une fin en soi… Certes j’arrêterais de parler, de bouger, de manger, d’aimer, de respirer mais je continuerais à être là, à travers les souvenirs, les paroles que j’ai pu prononcer tout au long de ces années … Depuis toujours je savais que je devais mourir tôt ou tard puisque que mon frère était mort à ma place à la naissance et que j’avais moi aussi failli y laisser la peau. En 21 ans, je n’avais fait que repousser l’heure du glas qui devait sonner la fin de ma vie, la fin des battements de mon cœur … MA fin. Je continuais de le fixer … muette. Je continuais de mourir intérieurement, je ne voulais que lui et au final … j’allais mourir. Peut-être avais-je encore le choix. Peut-être pouvais-je rebrousser chemin et choisir une autre alternative. Peut-être… Tout le monde cherche quelque chose, une raison de vivre, une raison à son existence … moi tout ce que je n’avais jamais rechercher c’était un peu de reconnaissance. J’avais été détesté par mes parents, par ma famille au grand complet. J’avais été repoussée par Morgan, puis j’avais éconduit Paul tant j’étais blessée par le premier, et voilà que maintenant je devais choisir encore entre éconduire l’homme que j’aimais pour me protéger et le protéger lui … ou mourir avec lui, pour lui, en tournant le dos à tous ceux que j’aimais et qui m’aimait en retour. Que devais-je faire ? Plus je regardais Morgan plus le doute s’emparait de mon être et s’immisçait dans mes veines comme un poison mortel que l’on n’aurait pu arrêter. Je le faisais souffrir à rester là, je le savais et cela m’étais encore plus insupportable que les remords qui commençaient à s’agiter en moi comme des centaines de petits démons essayant de s’échapper des enfers à travers mon corps. Je baissais donc les yeux une énième fois et la tête suivit le mouvement ce qui entraina à nouveau la chute de mes longs cheveux devant mon visage. J’avais honte tout à coup , honte du choix que je faisais , honte des sentiments que j’éprouvais pour les deux frères … honte de la tournure qu’a pris la situation par ma faute puisque si j’avais été claire avec tout le monde, rien de tout cela ne serait arrivé. J’avais honte de respirer encore. Et j’avais encore plus honte de voir à quel point Morgan souffrait par ma faute car si ma disparition ne lui faisait aucun effet jamais il ne m’aurait dit ce qu’il venait de dire. Hésitante, je relevais la tête, les larmes aux yeux sur lui.
-Par… Pardo… Pardonne-moi …
Je bafouillais ces quelques mots avec toute la sincérité dont j’étais capable puis je fis volte-face et commençais à m’éloigner tremblante de fond en comble. Mes émotions étaient tellement dévastatrices que je sentais qu’elles me poussaient à vouloir opérer une transmutation et si je la faisais devant lui, je risquais de le blesser encore plus que nécessaire. J’en avais déjà assez fait. Je savais qu’il était à même de me calmer, je savais qu’il pouvait éviter ça, qu’il en était capable mais ce serait lui faire prendre un risque dont il n’avait aucunement besoin. Je voulais le protéger. Pourquoi voulais-je ça alors que je m’affairais à le détruire en choisissant Théodore ? Quel amour était le plus fort ? Lequel des deux frères serait le plus blesser ? Morgan était mon imprégnation, toute ma vie je serais liée à lui et Théodore lui, l’amour passion, l’amour violent, l’amour destructeur, ravageur, celui que l’on peut comparer à la pire des tempêtes. L’un me rejetait, l’autre ne voulait que moi. Que faire ? Que choisir ? Les rêves sont si beaux. Il m’était si facile de me réfugier en eux que de faire face à la réalité des choses. Si facile… Je reculais encore, m’éloignant de plus en plus de Morgan, de l’être qui était le seul ayant en sa possession le pouvoir de me faire changer d’avis. Je m’éloignais mais pourquoi ? Au fond, quel était mon but en prenant de la distance ? Un tremblement plus fort que les autres me fit comprendre que j’étais proche de la transformation et qu’elle n’allait pas tarder à commencer.
( c'est nul de chez nul !! )
Morgan Kankowsky
× Points RP : 292 × Niveau : 6 × Atout : Intelligence × Âge du perso : 23
Lun 1 Aoû - 22:02
Suite à mes mots, un lourd silence s'installa à nouveau entre Jude et moi. Elle me dévisageait, me fixait, semblait me sonder et chercher des réponses dans mon regard fuyant. Je baissai alors les yeux, retenant un instant ma respiration. Je me sentais mal, cela faisait bien longtemps que je n'avais pas ressenti une telle douleur. Il était alors indéniable que les souffrances du cœur étaient de loin supérieures à toutes celles que l'on pouvait lui infliger physiquement. Et le cœur de Jude, dans quel état était-il ? Je savais que je le faisais souffrir en étant là, je le torturais de mon regard et l'étouffais de ma présence. Il devait d'ores et déjà être en lambeaux, lambeaux que je déchirerais plus encore lorsque le sang de Jude coulerait sur mes avants-bras et que je la tiendrai, inerte, dans mes bras. Je me mordis la langue à cette pensée qui me répugnait : je ne devais pas faiblir, pas maintenant, pas devant elle. Je ne devais rien laisser paraître, je devais rester fort... Et pourtant je savais déjà qu'elle avait vu la douleur, je savais qu'elle avait conscience de ma souffrance autant que j'avais conscience de la sienne. Lorsqu'enfin je sortis de mes pensées, je vis à nouveau cette douleur chez Jude, trahie par ses mains qui tremblaient, légèrement, mais suffisamment pour que mes pupilles puissent le remarquer. Je relevai alors les yeux, lentement, jusqu'à retrouver ceux de Jude pour ne plus les quitter. Sa main se posa délicatement sur ma joue, si bien qu'un bref instant je fermai les yeux pour ne penser qu'à ce contact, à la douceur de sa peau. Ses doigts fins m'arrachèrent un sourire, aussi léger soit-il, sourire que je vis également sur les lèvres de la jeune femme lorsque je rouvris les yeux. Puis elle se rapprocha, franchissant les derniers centimètres qui nous séparaient et passant ses bras autour de mon torse, le bout de ses doigts caressant avec douceur ma peau nue. Je fermai alors les yeux, posant ma joue sur la tête de Jude avant d'enfin trouver la force en moi de lever les bras et l'entourer à mon tour.
« Je te promets Morgan, je te promets de ne pas oublier qui tu étais, ce que tu es et ce que tu as été pour moi … mon unique exception. Ne regrette pas ce que tu ne peux pas changer. Nous avons tous des choix à faire, j’ai fait le mien au détriment de tous ceux que j’aime … Mourir … oui je vais mourir, je vais mourir par amour, me sacrifier … mourir pour l’amour d’aimer n’est pas une fin en soi, ne t’en veux pas moi… moi je ne t’en veux pas. Tu fais ce que tu as à faire … Je sais qui est Théodore, je sais ce qu’il peut devenir … Je crois en lui, je crois en la grandeur de son âme qui n’attend que d’être révélée. Alors je lui tends la main pour le guider comme tu l’as fait avec moi il y a des années. Je lui tends la main au prix de ma vie … n’est-ce donc pas de la générosité qui se cache derrière ce geste ? Une certaine grandeur d’âme, peut-être ? Je n’en sais rien. Tout ce que je sais, c’est que ce c’est une chose bien. Tu es quelqu’un de magnifique Morgan, tu es le fils des éléments, ta mère saura purger ton chagrin … Dieu te pardonnera j’en suis certaine. Mon fils te pardonnera peut-être cela dépendra de l’histoire que l’on servira. Mais saches Morgan que tu es un être exception, d’une grande valeur à mes yeux d’aveugle… je t’aime … »
Quel sentiment paradoxal que l'amour... Lorsque l'on dit à quelqu'un qu'on l'aime, le premier sentiment qui doit venir est le soulagement. Le soulagement de l'avoir dit, le soulagement d'avoir cette boule au ventre en moins, le soulagement de se dire que le plus gros a été fait. Puis vint la peur d'être rejetée et enfin, le désarroi ou le bonheur en fonction de la réponse donnée. Tout était si différent avec Jude, je savais que ce je t'aime sonnait différemment. Il était résigné, empreint d'une souffrance sans nom qui me tordait le cœur tant la douleur qu'il partageait ne me laissait pas insensible. Il n'attendait aucune réponse de ma part, n'aspirait qu'à être prononcé pour soulager momentanément Jude d'un trop lourd fardeau pour ses frêles épaules. Je fixai la forêt, droit devant moi, observant la pénombre rassurante des arbres tandis que le bruit de la mer derrière moi apaisait encore mon esprit torturé. J'aurais aimé lui dire, la serrer dans mes bras et lui dire que bientôt tout serait fini, qu'elle ne souffrirait plus mais cette pensée même me rendait muet.C'était égoïste, je pensais à la souffrance que j'éprouverais en lui ôtant la vie, mais elle ? Quelle souffrance devait-elle ressentir en abandonnant les siens, en étant condamnée à trahir quelqu'un ? Je fermai alors les yeux, resserrant légèrement mon étreinte sur elle mais elle ne tarda pas à s'en défaire pour rétablir une distance correcte entre nous. Son regard se planta alors dans le mien, scrutant toutes les émotions que mes yeux pouvaient démontrer, trahissant la moindre de mes pensées. Je sentais que je la perdais, que malgré mes mots elle me glissait entre les doigts. Je me sentais impuissant, coupable et dieu seul savait à quel point je haïssais ce sentiment. Chaque seconde qui passait à la regarder me paraissait être une éternité au cours de laquelle je gravais chacun de ses traits dans ma mémoire, je gravais son expression, son regard, sa posture, tout. Je ne voulais pas qu'elle disparaisse mais je savais que même si je réussissais à mémoriser cet instant dans les moindres détails, le temps est assassin et je finirais par oublier, tôt ou tard dans ma vie d'immortel. La jeune femme me tira alors de ma douloureuse pensée en bougeant, penchant à nouveau la tête vers le bas et baissant les yeux vers le sol, semblant soudainement honteuse, rongée par une culpabilité qu'elle ne devrait pas ressentir. Mes traits s'adoucirent en la voyant ainsi, et ce, même si je ne bougeai pas pour autant bien que l'envie n'en manquait pas. Je la regardais simplement, attendant quelque chose de sa part, n'importe quoi : un signe, un mot, un geste... Mais lorsque Jude releva les yeux vers moi, ses yeux embués de larmes me coupèrent soudainement l'envie de savoir ce à quoi elle pensait. Cela la déchirait de l'intérieur, était la cause d'une souffrance qu'elle ne pouvait plus retenir.
« Par… Pardo… Pardonne-moi … »
J'entrouvris les lèvres mais aucun son ne sortit, aucun souffle de franchit mes lèvres. La jeune femme me tournait le dos désormais, elle s'éloignait de moi en refermant ses poings. Je ne bronchais pas, ne bougeais pas, j'étais alors comme figé, pétrifié. Elle partait. Une vive douleur me traversa alors le corps à cette pensée et au même moment où la jeune femme cédait à sa transformation et se mit à courir, mais pas avec toute la vitesse dont elle était capable.
« JUDE ! »
Je ne réfléchis plus et me mis à courir à mon tour, prenant la belle louve par surprise en lui sautant dessus et agrippant mes mains au niveau de ses omoplates. Certainement sous le coup de la surprise, Jude retrouva sa forme humaine, si bien que j'eus tôt fait de me retrouver avec les mains sur ses épaules. Emportés par la vitesse, nous roulâmes sur plusieurs mètres, le corps griffé par des branches qui passaient ça et là. Je terminai alors ma course allongé sur la jeune femme, que j'avais par automatisme serrée dans mes bras pour éviter de la lâcher lorsque nous roulions encore. Je restai un moment là sans bouger, le visage enfoui dans le creux de son cou et la respiration rapide, respiration que je tentais de calmer en redonnant un rythme normal aux battements de mon cœur qui s'était affolé à l'idée que Jude s'en aille et ne revienne plus. J'avais si mal, si peur, que je n'étais pas décidé à la laisser partir. Pas maintenant, pas tout de suite. Et si cela signifiait que je devais la garder complètement nue en-dessous de moi encore un moment, alors soit.
Je finis par relever la tête, plantant mon regard dans le sien. J'avais mal, je souffrais de cette situation-là qui semblait ne pas vouloir changer. Bien que mon regard trahisse ma peine, je souris à Jude, un léger sourire se dessina sur mes lèvres rosées, mes doigts venant alors glisser à leur tour sur sa joue, savourant le contact de sa douce peau sur la mienne. Un frisson me parcourut l'échine alors que mes doigts quittaient la joue de la louve pour se glisser dans ses longs cheveux.
« Laisse-moi faire une dernière chose pour toi, Jude, je... »
Ma voix se brisa tandis qu'une légère brise me faisait frémir. Je dévisageai la jeune femme un moment avant de finalement poser mon front contre le sien, soupirant et fermant les yeux, mes doigts se refermant sur ses doux cheveux. Je fis le vide, chassant toutes les pensées et questions qui me hantaient depuis que j'avais senti sa présence sur la plage, chassant ce destin qui semblait nous enchaîner dans des camps ennemis. Je pris une grande inspiration et expirai profondément, gravant ce moment dans ma mémoire. Son corps nu contre le mien, sa peau sur la mienne, sa chaleur me protégeant de la brise fraîche de la nuit à la senteur iodée comme je l'aimais. Chaque détail, chaque odeur, chaque bruit, je mémorisais tout. Je retrouvai une respiration calme et posée, rouvrant les yeux et relevant légèrement la tête, ma main venant se poser complètement contre le visage de Jude. J'étais là, avec elle, je pouvais encore lui parler et profiter de sa présence. Peut-être était-ce la dernière fois, et si tel était le cas je ne pouvais décemment pas la laisser partir sans rien dire.
« Laisse-moi t'aimer, rien qu'une nuit. Je veux être à toi ce soir, je veux combler ton cœur et te donner ce que j'aurais du t'offrir il y a deux ans. »
Sur ces mots, mes lèvres trouvèrent les siennes alors que je fermais les yeux, la respiration accélérant à nouveau. Peur d'être repoussé ? Pas vraiment, non. Je savais surtout ce que mes mots signifiaient. Je voulais aimer Jude ce soir, je voulais apaiser les douleurs de son cœur en lui donnant ce que je n'aurai plus l'occasion de lui offrir à l'avenir. Le contact de ses lèvres sur les miennes me ramena alors deux ans en arrière, lorsque je lui avais fait sécher les cours pour l'emmener à la falaise et lui faire admirer l'horizon. Je revoyais mes bras étendre les siens face aux étendues infinies qu'étaient le ciel et l'océan, chantonnant la machine volante avant de ramener ses mains à sa poitrine et l'embrasser. Nous étions bercés par la même odeur grâce à la mer, le vent soufflait tout autant, comme cherchant à rappeler ce moment à Jude, ce moment où tout allait encore bien avant qu'elle ne bascule dans le vide, entraînant avec elle une suite d'événements nous menant droit vers notre face à face. Nous devions oublier ces événements, laisser de côté ces souvenirs et profiter de l'instant présent, qui s'avérait être bien plus chaleureux que l'avenir.
Jude Rose
× Avertissements : 0/3 × Points RP : 24 × Niveau : 7 × Atout : Force × Âge du perso : 21 a
Sam 20 Aoû - 0:35
-Jude.
Ce cri, je ne l’entendis qu’à peine alors que la transformation s’opérait, lentement, doucement, irrésistiblement et détruisant les dernières parcelles d’humanités qu’il me restait. Je n’avais connue pareille transformation qu’une seule fois avant aujourd’hui… lorsque j’avais cru l’avoir perdu à jamais … Lorsque toute mon âme de louve s’était dressée en opposition à la douleur que mon cœur, humain, tellement humain, ressentait. Maintenant que je me retrouvais sous ma forme de louve cela aurait été tellement facile de fuir, loin, très loin. Mais les bras de Morgan encerclèrent si vite mon corps de louve et que le choc fut tel pour mon pauvre cœur, que ma transformation fut réduite à néant et je me retrouvais, humaine et nue, dans ses bras, contre sa peau, son corps, à l’endroit exact que je redoutais le plus. Son corps tremblait contre le mien et cela me déroutais à un point inimaginable. Je fuyais son regard, il fuyait le mien jusqu’au moment où il releva la tête et planta son regard dans le mien et là … là … il se produisit un miracle et ce miracle c’était son sourire. J’étais encore hébétée de ma transformation et lorsque ces doigts vinrent caresser ma peau douce au niveau de ma joue, je fus propulser directement dans mon corps alors que jusqu’à cet instant j’avais eu l’impression de voir la scène de l’extérieur. J’étais pétrifiée, meurtrie à un point tel que je ne sentis même pas le frisson qui parcourut ma colonne vertébrale à l’instant où sa main continua sa route jusqu’à mes cheveux … Que faisait-il ? Pourquoi m’avait-il retenu alors que l’on se faisait autant de mal à l’un qu’à l’autre ? Je ne comprenais pas. Tout était trop confus dans ma tête…
« Laisse-moi faire une dernière chose pour toi, Jude, Je … »
Mon esprit, à cette phrase, décida d’outre passé la sensation de pétrification que je ressentais dans tous les muscles de mon corps et en l’espace de quelques secondes je récupérais l’intégralité de mes fonctions motrices. Mais je perçus la défaillance dans sa voix, la douleur qui traversa son regard et son visage tandis qu’il essayait tant bien que mal de la dissimulé avec un sourire faiblard. J’aurais voulu effacer cette tristesse, revenir en arrière, ne jamais lui avouer mon amour, ne jamais le faire souffrir comme je le faisais souffrir en cet instant mais cela était trop tard. J’avais déjà ravagé son cœur comme un ouragan balaye tout sur son passage, ne semant que désarroi, mort, peur et tristesse. C’était trop tard de toute manière, on ne pouvait rien faire, ni l’un, ni l’autre, sauf peut-être se laisser porter par le courant. Il appuya son front contre le mien. Je ne bougeais pas, trop concentrée sur le murmure de son cœur qui agonisait autant que le mien à cause de la tournure que prenaient les évènements. Le pire dans tout ça c’était que j’étais là, tout contre lui, à moitié inconsciente, à moitié consciente, nue, tellement nue et pourtant, je m’en fichais, vraiment. Une brise marine venait nous enlacé et je savais qu’il devait avoir froid mais que mon corps volcanique le protégeait et cela affaiblit un peu les cris que mon cœur poussaient intérieurement. De plus il semblait mémorisé l’instant avec une concentration telle qu’il aurait pu être blessé sur le champ par la foudre qu’il n’aurait pas réagi. Et moi, que faisais-je ? Eh bien, rien … je ne bougeais pas et respirais à peine … J’étais … ailleurs.
« Laisse-moi t'aimer, rien qu'une nuit. Je veux être à toi ce soir, je veux combler ton cœur et te donner ce que j'aurais dû t'offrir il y a deux ans. »
Je voulus réagir, dire quelque chose à ces mots, faire quelque chose, n’importe quoi mais … rien ne sortit de ma bouche, aucun geste ne s’esquissa et ses lèvres trouvèrent les miennes sans peine. J’aurais voulu lui dire de ne pas faire ça, que cela allait finir de nous faire du mal, que cela allait finir de signer notre acte de mort, mon acte de fin de vie. .. Lui vivrait longtemps, pas moi. Mais mon cœur, si faible, si dépendant de lui, de ça, repoussa tous les ordres censés que je donnais à mon cerveau et cela finit que je me laissais aller dans ces bras. C’était mal. C’était la pire chose que l’on pouvait faire et en même temps la meilleure … cela me rendrait heureuse, durant une nuit du moins. Je voulais qu’il m’aime, j’avais même toujours voulu cette chose mais … pas de cette manière, pas par pitié. J’allais mourir, certes, je m’y étais faite. J’abandonnais le combat, je cédais ma place pour ceux qui la méritaient plus que moi. J’aimais pourtant ce contact, je l’adorais même mais bien vite je me dégageais et le repoussait rompant le lien entre nos lèvres…
« Aime moi, désire moi, hais moi, désire ma mort si tu le souhaite … mais je ne peux accepter si tu fais ça par pure pitié. Et dieu seul sait que j’en ai envie depuis … longtemps. -J'en ai envie Jude, et je n'ai absolument pas pitié de toi... au contraire je t'admire. -Alors soit, aime moi autant que je peux t’aimer.
Sans dire quoi que ce soit de plus mes lèvres retrouvèrent les siennes pour danser une valse sensuelle. Je l’embrassais comme j’avais toujours voulu l’embrasser, fougueusement, langoureusement, amoureusement … tellement amoureusement. Je me fichais bien des conséquences et je savais qu’il y en aurait, ne serait-ce qu’avec Théodore que je trahissais, du moins, que j’allais trahir. Bref mes mains montèrent doucement sur son torse, qu’elles caressèrent avec une tendresse immense puis elles descendirent doucement, tellement doucement, effleurant tous les muscles, tous les creux jusqu’à atteindre leur but ultime : son short.
Morgan Kankowsky
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Dim 28 Aoû - 18:31
Je ne me sentis pas repoussé lorsque je déposai pour la seconde fois de notre vie mes lèvres sur les siennes, malgré son absence de réaction. Je savais que mon geste venait de la surprendre et je ne doutais pas un seul instant qu'une lutte sans merci faisait rage en elle à cet instant précis, pour la victoire du cœur ou de la raison. Nous étions tous les deux des traîtres, au fond. En ne me repoussant pas elle trahirait Théodore, et en l'incitant à se glisser dans mes bras je trahissais Ashley. Est-ce que je me sentais coupable ? Pas vraiment non, depuis le rappel de Fenris je ne me voyais plus tellement comme étant en couple avec Ashley, j'attendais seulement de l'avoir en face à face pour lui annoncer notre rupture. Alors, était-ce vraiment mal ? Hormis trahir mon cœur en lui promettant d'en aimer une autre pour une nuit, que faisais-je de mal ? Je trahissais mon petit frère aussi. Ce cher et tendre Théodore dont je ne me préoccupais plus. Avec tous les poignards qu'il m'avait enfoncés dans le dos, je me fichais bien qu'il puisse souffrir de ce que nous pourrions faire avec Jude. Pour le moment je n'en avais que faire, même si au fond de moi je ne pouvais nier qu'un sentiment de satisfaction me prendrait les tripes lors de mon prochain face à face avec Théodore. Je n'avais pas l'intention de m'arrêter de vivre pour ses beaux yeux et mon monde avait cessé de tourner autour de lui depuis bien des années.
La jeune femme finit par réagir, la pression sur mes lèvres se faisant plus forte. J'aurais pu sourire, mais je ne le fis pas. Elle m'avait certes donné le signe d'une réponse positive mais je la sentais encore tourmentée et je savais que le débat au fond d'elle continuait de faire rage, qu'elle pesait encore le pour et le contre. Je ne tardai d'ailleurs pas à recevoir la confirmation de ce que je pensais, Jude détournant légèrement la tête pour se défaire du contact de mes lèvres, le souffle court, le regard hésitant. Je soutins son regard, me redressant légèrement sur mes mains, avant que sa voix ne s'élève enfin dans le silence de la nuit.
« Aime moi, désire moi, hais moi, désire ma mort si tu le souhaite … mais je ne peux accepter si tu fais ça par pure pitié. Et dieu seul sait que j’en ai envie depuis … longtemps. - J'en ai envie Jude, et je n'ai absolument pas pitié de toi... au contraire je t'admire. - Alors soit, aime moi autant que je peux t’aimer. »
Je l'admirai un instant, observant ses traits fins tandis que son regard d'acier courait aussi sur mon visage. Ses lèvres vinrent alors retrouver les miennes, empreintes d'une passion qui ne saurait alors me laisser insensible. Mon cœur s'affola dans ma poitrine, comprenant alors que nous ne pouvions déjà plus faire marche arrière. Nous avions peut-être pris une mauvaise décision, peut-être une bonne ; peu importait, le moment que nous partagions était un instant volé qui ne se reproduirait probablement jamais et dont chacun de nous deux profitait pleinement. J'appréciais de sentir ses mains glisser sur mon torse, j'aimais sentir ses doigts retracer les contours de mes muscles, frôlant ma peau ou la caressant pleinement. Si j'avais pu avoir froid quelques minutes auparavant, ce n'était plus le cas. J'étais bien dans ses bras, protégé de la fraîcheur du vent par sa peau brûlante et fiévreuse, suffisamment pour me faire perdre pieds de manière régulière. Les mains de la belle louve glissèrent jusqu'à mon short et le firent glisser le long de mes cuisses jusqu'à finalement le laisser au sol près de nous, me laissant alors uniquement vêtu de mon boxer noir.
Je rouvris doucement les yeux, éloignant légèrement mon visage de celui de Jude afin de la voir, l'admirer. Mon regard se plongea dans le sien, s'y perdit un instant alors qu'un léger sourire fendait mes lèvres. J'étais à l'aise, j'étais bien, à cet instant précis. Je ne regrettais pas ce que nous étions sur le point de faire et je n'avais aucunement l'envie de faire marche arrière, revenir sur mes pas. Mes mains glissèrent le long du corps de la jeune femme tandis que je reposais mes lèvres sur les siennes, mon souffle s'écourtant au fil des minutes qui passaient. Mes doigts frôlèrent sa peau, appréciant sa douceur et sa chaleur, retraçant ses formes avec plaisir. Je fis dériver mes baisers, laissant la fougue prendre le contrôle de mon corps, mes muscles tremblants d'impatience tandis que je luttais chaque seconde qui passait pour faire durer cet instant magique. J'embrassais son oreille, son cou, descendant de plus en plus jusqu'à regagner sa poitrine, son ventre, son bas ventre... Je relevai délicatement ses jambes, une main sur chaque cuisse pour la guider, ma langue s'engageant dans une danse sensuelle. Je voulais qu'elle n'oublie rien de cette nuit, qu'elle atteigne le summum du plaisir, je voulais l'aimer comme elle m'aimait. L'amour qu'elle éprouvait à mon égard était si fort à cet instant que je le ressentais à travers mon propre corps, je me sentais brûler de l'intérieur et surtout, j'avais senti mon cœur cesser de hurler à l’infamie devant une telle vague sentimentale. L’imprégnation était puissante, j'avais beau savoir ce que c'était, je n'en mesurais l'étendue qu'en ce moment même. Mes mains se déposèrent complètement sur les cuisses de la jeune femme, mes doigts effectuant de doux aller-retour entre ses hanches et ses cuisses tandis que je continuais de lui faire plaisir. Désormais, seuls nos soupirs, les bruissements des feuilles mortes et le souffle du vent faisant murmurer les arbres déchiraient le silence ; les mots n'étaient plus nécessaires, nous étions en parfaite osmose et les gestes suffisaient pour que nous nous comprenions.