Je fermai mon appartement à clé et me dirigeai à pas lents vers la forêt. Aujourd’hui, j’allais chasser. Je mangeais souvent de la nourriture humaine car c’était plus pratique pour moi, mais j’aimais tout autant aller chasser sous ma forme de loup, ou alors de temps en temps attaquer les touristes qui passaient par là … Au mauvais endroit au mauvais moment ! Mais tant pis pour eux. Moi j’y prenais beaucoup de plaisir … Sentir le sang chaud qui coulait dans ma gorge, ou sentir rien que l’odeur de leur sang qui pulsait sous cette peau fragile … De quoi me faire plaisir pendant des heures ! Rien que d’y penser … Je dû me concentrer pour ne pas sauter sur l’homme que je venais de croiser sur le trottoir. Je secouai la tête. Pas aujourd’hui. Aujourd’hui, j’allais chasser des proies innocentes sous ma forme de loup. Mais pas des humains. Oh, j’en avais envie. Mais je savais que si j’en mangeais trop souvent, je risquerais de me faire repérer. Et c’est tout le contraire de ce que j’avais envie. Depuis deux ans, je vivais une petite vie tranquille et je voulais continuer ainsi.


Arrivée à la lisière de la forêt, j’avançai encore sur quelques mètres pour être sûre de ne pas être vue. Oui, j’étais peut-être parano, mais au moins je ne risquerais pas de me faire choper un jour ! Je me transformai enfin, après avoir enroulé difficilement – comme d’habitude – mon short et mon tee-shirt autour de ma cheville, comme m’avait conseillé mon père. Un des seuls conseils que j’ai jamais reçu de lui, d’ailleurs. Puis je me transformai. Maintenant, c’était devenu d’une simplicité enfantine. Je commençai à trottiner vers le centre de la forêt, là où je serais presque sûre de ne pas croiser d’humains pour ne pas avoir à résister à leur arôme. Apercevant un oiseau assez gros, je lui sautai dessus. Certes, ce n’était pas très heureux de voir un loup chasser un oiseau mais j’avais vraiment trop faim et puis c’était en guise d’entrée, on va dire … L’oiseau englouti en une bouchée, je repartie quelques secondes plus tard. Je marchai doucement, quand je sentis une odeur familière. Je la connaissais sans la connaître … Je m’arrêtai et tournai la tête sur le côté. J’entendis soudain un grognement sur ma gauche. Je me tournai vivement de ce côté en reculant légèrement. Quand le loup sortit de derrière les fourrés, je ne bougeai pas et me contentai de l’observer. Il était plus grand que moi, et paraissait assez impressionnant. Je ne bougeai pas, car je me savais plus faible que lui. Je n'avais pas mangé, et je manquai cruellement d'expérience en matière de loup ... Après tout, j'avais tout appris toute seule, au fil des mois et des années. J'étais tout de suite partie de chez mon père, le seul qui aurait pu m'apprendre quelque chose.

J'applatis légèrement les oreilles en attendant de voir si le loup continuait à m'observer ou s'il s'approchait plus, voir s'il m'attaquait.