Je t'en prie. Ne me laisses pas. Mael était là, à me regarder. Il était mon seul ami, le seul qui avait bien voulu m'écouter lorsque je disais qu'ils existaient. Voilà maintenant quatre ans que ma famille avaient péri, tués par ces monstres, alors qu'eux n'avaient rien fait. Je devais les avoir, les attraper, et les massacrer, tour à tour. Il devait bien avoir un moyen, n'est-ce pas ? Je reportais mon visage sur mon ami, mon frère de coeur, il m'avait soutenu dans ces épreuves... Je passais ma main sur sa joue, pour lui rappeler que j'étais bel et bien toujours à ses côtés. Il souffrait, il hurlait à la mort, elle l'avait tuée, elle allait le tuer. S'il te plait... Continuais-je de le supplier, les larmes roulant sur mes joues. Pâris, va-t-en, laisses moi... Arriva-t-il à murmurer. C'était la première fois qu'il arrivait à parler depuis l'attaque. Je ne pouvais pas le laisser là, à convulser et à souffrir. Je ne pouvais pas. Était-ce dans cette souffrance qu'étaient mort ma famille ? Cela faisait presque trois jours qu'il était dans cet état là, je voyais ses larmes rouler sur ses joues et je savais que la souffrance le rongeait à l'intérieur. Quel était ce processus, pourquoi fallait-il qu'en plus d'une mort certaine, s'ajoute une telle souffrance ? Aussi longue soit-elle. Il ne parvenait même pas à crier, il devait supporter, tout simplement, et dans le silence. On m'avait arraché un à un, chaque personne que j'aimais, que me restait-il hormis la peine ? Maël, je ne partirai pas, je resterai là jusqu'à ce que tu pousses ton dernier souffle, m'entends-tu ?. Sa tête se tourna vers moi, et ses yeux vitreux, autrefois d'un magnifique bleu océan, me regardèrent avec tristesse. Mon frère, je ne meurs pas... Je... Et tout s'arrêta là. S'en était fini pour lui, plus de souffrance, plus de peur. Rien. Je le contemplais quelques instants encore, et m'en allais.

J'avais fais quelques pas, et je m'apprêtais à passer le seuil de la porte de sa chambre, les bras ballant, lorsque j'entendis un bruit. Je m'arrêtais sur mes pas, séchais rapidement mes larmes, et me tournais. Je crus rêver. Il était là, il me regardait, la tête sur le côté. Maël ?!. Je n'en revenais pas, n'était-il pas censé être mort ? Je regardais ses yeux, et mon pouls s'affola. Ses pupilles étaient rouges, rouges sang. Je reculais, apeuré. Il était devenu des leurs, il n'était pas mort... Maël, Non. Noon !!!!!!. Trop tard, il avait planté ses crocs dans ma peau...

Après avoir souffert de la même façon que Maël, je me réveillais enfin. Je me sentais bien, plus puissant que jamais, je me sentais sûr de moi, et assoiffé. J'avais besoin de sang, c'était une chose sûre. La soif que brûlait la gorge et m'empêchait de réfléchir correctement. Sans plus attendre, je sortais de la maison et partais à la recherche de sang frais. Il était hors de question que j'attende, et je ne savais pas vraiment ce que je faisais. J'entrais dans une maison au hasard et tuais l'Homme qui s'y trouvait. C'était tellement bon... J'allais ensuite dans un endroit qui me rappelait quelque chose, je ne savais pas quel était cet endroit, mais mon instinct me disait de m'y rendre. J'entrais dans une petite maison, et observais les pièce. Elle était comme abandonné, et pourtant, c'était une belle maison de bourgeois. J'observais les cadres et m'arrêtais alors. C'était moi, entouré d'une fille et de deux adultes. Ma famille. Puis moi avec un garçon. Maël. Et soudain, tout me revint. Horrifié, je m'enfuyais et errais pendant des années. J'avais passé quatre ans de ma vie à pourchasser les vampires, et voilà que désormais, j'en étais un. Je m'étais battu pour les tuer, et maintenant je faisais comme eux. J'ai essayé de me tuer, mais je n'y suis pas parvenu. Au lieu de ça, j'ai libérer ma rage et mon chagrin en transformant toutes les personnes que je croisais et en tuant... Un jour je transformais une jeune femme, Aubrey. Je continuais de lui écrire, mais sans jamais lui donner d'indices sur mon identité. Elle était magnifique, elle me fascinait... C'est après avoir longuement voyagé, après avoir quitté Paris, que je m'arrêtais enfin à Forks.