J’avais choisi le site avec beaucoup d’attention. Je voulais un endroit reculé, un lieu où personne ne me fasse chier. J’aurais eu une cité rien qu’à moi que j’aurais été content. Mais bon, je voulais pas voir les choses en grand. Tout ce qui comptait, c’était une place forte, pratiquement imprenable en cas de baston. De grande taille, capable d’emmagasiner un nombre assez important de futur soldat aussi malade que moi. Il fallait aussi beaucoup de place pour tout ce qui concernait la logistique. Bref, des heures de réflexions et de repérage en perspective. Et, autant vous le dire franchement, ça m’emmerdait à un point que vous ne pouviez même pas imaginer. Vivement que tout se terminait. Et, après quatre longues journées d’intenses mal de crâne, j’avais trouvé ce que j’avais cherché. Je me rappelle que j’avais un sourire aux lèvres, genre flash amoureux ou bien coup de foudre. C’était exactement ce qu’il me fallait. C’était quoi ? Une vieille bâtisse féodale. Un vieux manoir sur un morceau de terre, entouré d‘un long fleuve. Le site me convenait bien: on était en pleine forêt, à deux ou trois kilomètres de la ville. Comme je le disais, la forêt entourait un long fleuve fermé et, au milieu, il y avait ce manoir sur ce morceau de terre. Mais moi, j’avais une autre idée en tête. Une idée complètement folle… Mais bon, on m’avait donné les pleins pouvoirs et un crédit illimité pour mon entreprise. Dans un sens, j’avais intérêt à ce que ça marche mais je me faisais pas trop de mourons… J’en avais rien à cirer au bout du compte, je voulais que les choses se fassent comme j’en avais envie: c’était ce qui était convenu avec Barbara, la Cheftaine de l’Agence… C’était quoi mon projet en fait ? Un complexe aussi géant que ma queue de clébard sous ce manoir. À l’extérieur, ça ressemblerait à une banale baraque. Mais, en fait, ça serait une putain de base souterraine à faire pâlir les plus férus de science fiction. Ouais mon pote ! J’en avais parlé à la Big Boss, je m’attendais à ce qu’elle se foute de ma gueule. Au contraire, elle avait fermé sa grande bouche et avait accepté le projet en me disant qu’il était réalisable… Elle me dit que la base serait prête dans deux ans. C’était à mon tour de me foutre de sa tronche… Et, maintenant… Deux ans plus tard… Je ne rigolais plus…
Deux longues années s’était écoulées et je me tenais à côté d’un type que je ne connaissais ni d’Adam ni d’Ève. Il portait un costard cravate, ses longs cheveux bruns étaient noués en une longue queue de cheval qui retombaient le long de son dos. Il avait des yeux noirs, mesurait dans les 1.80 mètres. Modestement balèze, il avait tout l’air d’être un simple troufion de base. Pour ma part, j’étais en jean et chemise blanche à manches courtes. Mon Smith et Wesson était accroché à mon holster et je fumais ma clope. Eh ouais ! Ça faisait deux ans que j’étais arrivé à Fork. J’étais en stand by. J ‘étais flic dans cette foutu ville de merde et je me faisais royalement chier. J’étais qu’un simple observateur en attendant de passer à l’action. Et maintenant, c’était l’heure… Je fumais ma clope tranquillement tout en écoutant les dires de l’autre.
« Le Manoir a été rénové selon vos instructions. Il compte deux étages. Au rez de chaussée, se trouve les lieux de vie. Salon, bureaux, cuisine et lieu de vie. Vous trouverez aussi une salle de réunion. Au premier étage, chambre ainsi que votre bureau personnel. Au deuxième étage, suivant vos instructions, nous n’avons mis en place que des chambres. Elles sont toutes équipés du meilleur confort possible, conformément à vos instructions… Vous trouverez également un grand garage, abritant de nombreuses voitures… » Commença-t-il alors que je jetais ma cigarette par terre et que je l’écrasais nonchalamment.
« À l’extérieur, nous avons placé des mini caméra un peu partout. Des mines à défragmentation ont été posé un peu partout également, sur un périmètre de trois kilomètres. Nous avons mis en liberté des requins blancs pour sécuriser le fleuve. Une cinquantaine de squales blancs nagent en liberté à l’intérieur du fleuve. Nous avons vidé l’eau du fleuve pour la transformer en eau de mer… Mais, le plus important est à venir…» Poursuivit-il alors qu’il me remet un papier que je fourre dans ma poche. Je savais ce que c’était. Pas besoin de le regarder.
« Le Complexe Souterrain est achevé. Douze étages, creusé dans une profondeurs de trente kilomètre dans le sol. Bureaux, dortoirs, salle d’ordinateurs, une deuxième salle de réunion, trois locaux de prisons, deux salles d’opération médicale ainsi que deux infirmeries et plusieurs salle de torture. Les locaux de prisons sont aménagés comme vous le souhaitiez: les barrières sont en adamantium et reliés à un générateur pouvant délivrer une charge allant jusqu'à 10 000 volts. Vous trouverez aussi une salle des prisons et une salle d’interrogatoire. Vous profiterez des nouvelles avancés technologiques dans toutes les matières. Au dernier niveau, vous trouverez également un grand hangar où ont été disposés toutes les armes que vous avez demandés. Principalement des pistolets automatiques et semi automatiques, des fusils à pompes, des mitraillettes, des pistolets mitrailleurs, des bazookas, des lances roquettes… Bien entendu, toutes les munitions sont en argent pur. Je ne sais pas si cela vous servira vraiment mais nous avons fait selon vos instructions. Maintenant, vous êtes prêt pour atteindre vos objectifs, n’est-ce pas ? » Qu’il me demandait avec sa voix de foutu rapporteur.
Je le regardais. Je souriais. Oh que oui, j’étais fin prêt pour mener ma petite guerre personnelle. J’avais eu tout ce que je désirais et j’allais faire comme je le voulais. Sans rendre de compte à personne et en montant ma propre petite armée rien qu’à moi. J’allais m’éclater…
« Ouais mon pote ! Ça va chier à Fork ! Dis à l’autre pouffiasse que le temps de la reconnaissance est terminée. Maintenant j’attaque le plan. Tu lui diras bien que, à partir de ce moment là, je n’ai plus de compte à lui rendre. Quand je demanderais quelque chose, je veux que ça soit fait dans la seconde qui suit. Je vais appliquer le plan… Mais à ma façon… Maintenant, barre toi espèce de gratte papier de mes deux ! Tu me gâches la vue ! » Lui répondis-je avec mon tact habituel.
Je me dirigeais vers le Manoir alors que l’autre partit. Je savais pas pourquoi mais j’avais envie d’une putain de bière. J’avais envie de me bourrer la gueule. Par chance, derrière le manoir, il y avait une jolie terrasse avec une piscine. Tiens, ce con avait oublié de me le dire… C’est vrai qu’on pourrait pas faire plongette dans le lac avec tous ces requins blanc qui nagent en son intérieur. Je me disais bien, qu’un de ces quatre, ils auraient à bouffer de la viande fraîche… Bof ! C’est pas moi qui m’en occuperait, je laisserais ça à mes subalternes. Je me dirigeais vers la cuisine et découvris que les courses avaient été faites. Je me pris une corona et je me dirigeais vers la salle principale. Il y avait un renforcement sur la gauche du grand escalier en colimaçon qui donnait naissance au premier étage. Il y avait une console qui était caché juste à la droite du renforcement. Il fallait appuyer sur une sorte de brique pour que la console apparaisse. Je sortis le papier, tapa mon code personnel. Non seulement, ce code n’était qu’à moi mais, en plus, le clavier était en réalité un identificateur d’empreinte digitale. Puis, un autre écran apparut je scannais mon empreinte rétinienne. Je fis le tour du propriétaire en sirotant ma bière. Je pense que ça me prit une bonne heure. Pile poil ce que je voulais, surtout la caverne d’Ali Baba. Ces armes… Putain ! Que du bonheur ! Lorsque ma visite fut terminée, et que j’avais pris connaissance de tous les accès, je me rendis, de nouveau, à l’extérieur du Manoir. La vue était splendide. Et dangereuse aussi. Je m’allongeais sur un transat, m’allumais une clope et regardais le ciel. Ouais mon Pote ! La fête ne faisait que commencer…