Pour la centième fois au moins depuis le début de mon règne, me voilà arrivé à Forks, grâce à mon garde ayant le don de la téléportation. Le moins qu'on puisse dire c'était que c'était on ne peut plus utile. Déposé dans la forêt, je ne tardai pas à regagner la petite ville, sillonnant les rues et slalomant entre les maisons, tous les sens aux aguets. La nuit était tombée déjà depuis plusieurs heures sur Forks, cette fois-là je n'avais pas tenu à être là pour le coucher du soleil ; de toute manière j'avais été bien trop occupé. Je n'avais pas énormément de temps, alors j'espérais vivement tomber sur quelque chose d'intéressant rapidement, une conversation à épier ou un cadavre qui me renseignerait sur les actions de chacun des clans qui se faisaient face dans ce trou à rats.


Je tournai ainsi plusieurs minutes avant de finalement sentir une odeur qui m'était familière. Je bloquai ma respiration, m'arrêtant et fermant les yeux. J'osais espérer que lorsque je respirerais à nouveau, l'odeur serait partie. Je rouvris les yeux et pris une grande inspiration ; pas de chance, au lieu de disparaître, l'odeur s'était au contraire faite plus forte. Je jetai un coup d'oeil au tour de moi, mais je ne la vis pas. C'était encore cette fichue humaine trop curieuse qui me collait à l'arrière-train lors de mes visites à Forks, et qui un jour, j'en étais intimement convaincu, finirait par me faire foirer mon statut d'incognito. Je ne voulais pas que qui que ce soit me reconnaisse, enveloppé dans ma cape noir et la capuche sur la tête, me fondant dans les ténèbres mais rien à faire, elle, elle trouvait toujours le moyen de me tomber dessus. Je me mordis la langue, luttant contre mon envie de la mordre ; ce serait pas pur gourmandise, je n'avais pas faim puisque j'avais mangé juste avant de venir. Je me devais d'éviter les massacres inutiles même s'il fallait avouer que cela m'arrangerait de voir cette Cherry morte. La jeune femme finit par apparaître au coin d'une rue et je la fixai sans broncher. Je savais déjà ce qui m'attendait et cela m'exaspérait déjà, je n'avais pas de temps à perdre malgré l'éternité qui se présentait devant moi.


« Et puis quoi, tu me suis encore ? »