et si on regardait les étoiles?

Je suis débile, jamais il ne voudra me voir. Surtout qu'il doit le savoir maintenant... Que je suis recherchée pour quelque chose d'étrange. Pourquoi maintenant ? Je tournais en rond dans la maison de Johanna depuis deux jours. Je ne savais pas quoi faire. Je mourrais d'envie de le voir, pour que je puisse m'expliquer et surtout m'excuser au près de lui. Finalement je décidais de sortir, aller à la plage. Ce soir là, le ciel était dégagé, il faisait froid, mais cette nuit sans lune était magnifique. Je regardais l'océan, toutes mes contradictions en tête. Pouvais-je lui faire confiance ? Aurait-il peur de moi ? Je devais l'avoir déçu...
Mais pourquoi je me préoccupais de savoir si je l'avais déçu... Assise sur mon rocher je posais ma joue contre mon genoux. J'étais ridicule... Les yeux rivés sur l'horizon parsemée d'étoiles. Je ne savais plus trop quoi penser. J'avais juste envie qu'il regarde ce paysage surprenant baigné dans la douce lumière des étoiles avec moi.
A cette instant je sais pas vraiment ce qui me pris, mais toute légère, je suis allée chez lui...
Une fois sur place toute essoufflée, l'adrénaline baissa d'un coup, me faisant revenir à la raison.
Qu'est ce que je faisais là ? Lui proposé de regarder des étoiles ? Bonsoir la loose. En plus venir le réveiller à deux heures du matin pour ça ! Je suis complètement folle.
Oui, je me dégonflais, mais qu'aurais-je pu faire d'autre ? De toute façon, il ne voudrait certainement pas me voir...
Je soupirais et m'adossais à sa voiture. Ridicule... Serrant mes genoux contre moi, je fermais les yeux. Il faisait plus froid que je ne le pensais. Je me demandais ce qu'il aurait pensé si je l'avais réveillé pour voir les étoiles avec moi... Aurait-il encore apprécié ma compagnie ?
Finalement toujours accroupie, je glissais mes écouteurs dans les oreilles pour écouter la musique avant de rentrer. Je voulais juste rester un peu le temps de deux ou trois chanson. Histoire que mon échec soit un peu moins cuisant. Je me de la musique ? Avait-il éteint son portable ?
Et si je lui envoyer un sms ? Répondrait-il ?
Au final, je ne fis rien de ce que j'avais prévu, je m’assoupis et m’endormis contre la portière de sa voiture. Ce n'étais pas la première fois que je dormais dehors ainsi et pas la dernière. En rêvant j'entendais toujours la musique que débitaient sagement mes écouteurs. Un peu de simplicité dans ma vie si compliquée.

Je n'avais pas revu Keyra depuis notre premier rendez-vous qui s'était au final terminé d'une façon plutôt catastrophique à cause de l'intervention du policier. Je l'avais protégée, mais elle s'était sentie mal jusqu'à la fin, et j'avais fini par comprendre qu'elle n'avait pas seulement peur de retourner dans son foyer. Je n'avais demandé aucune confirmation à William Corbero quant à ce qu'elle avait bien pu faire, je n'avais rien vérifié. Pourquoi ? Allez savoir, peut-être espérais-je au fond de moi qu'elle me dirait d'elle-même ce qu'il s'était passé. Ce qu'elle était. Oui, même si nous n'étions pas allés très loin elle et moi au final, j'étais quasiment certain qu'elle était une modificatrice, que ce soit suite à des contacts physiques, à sa méfiance, ou à son comportement face au policier... et à son comportement face à moi quand elle avait aussi appris que j'étais de la police.


Je poussai un profond soupir. J'avais traîné dans un bar à lire un livre en sirotant un cocktail. Il était quasiment minuit et je n'habitais pas la porte à côté, d'autant plus que je n'avais pas pris la voiture. Mais quel idiot...
J'arrivai chez moi vers une heure et demi du matin, après avoir marché pendant une heure et demi, les sens aux aguets et prêt à utiliser mon arme si le besoin s'en faisait ressentir. Mais non, mon long trajet se passa sans encombre. J'entrai dans la maison grande et silencieuse et entrepris de me changer, m'ébouriffant les cheveux en y passant les mains. Je songeai à prendre ma douche l'espace d'un instant, mais je repoussai finalement au lendemain matin. J'étais crevé et je n'avais qu'une envie, dormir. J'enfilai mon tee-shirt et m'approchai de la fenêtre, prêt à abaisser le volet... quand je vis une silhouette assise contre ma voiture, une femme, Keyra. Que faisait-elle là ? Je restai un moment immobile, ne comprenant pas sa position avant de finalement décider de sortir. Je la rejoignis prêt de la voiture et pus constater au bout de quelques secondes que malgré ses écouteurs dans les oreilles, elle dormait. Devais-je la réveiller ? Je n'en avais pas la moindre idée. Alors je glissai mes bras autour d'elle et la soulevai pour l'emmener à l'intérieur et la déposer sur mon lit, pour finalement la couvrir avec la couverture. Lorsque je fus prêt et que les volets furent fermés, je la rejoignis en silence, glissant à mon tour dans les bras de morphée.


Je me réveillai en premier, me passant une main sur le visage et tournant la tête vers Keyra qui dormait toujours à côté de moi, ou en tout cas en avait l'air. Sans doute ne voudrait-elle pas me voir dans le même lit qu'elle lorsqu'elle ouvrirait les yeux. Je me hissai donc hors du lit, rabattant la couette derrière moi pour éviter que Keyra n'ait froid, et je me rendis dans la salle de bain avec des vêtements propres pour prendre ma douche. En quelques minutes je fus propre, je me passai les mains dans les cheveux après les avoir brièvement séchés parce que je ne supportais pas qu'ils soient plats. Je m'habillai et me regardai dans un miroir. Finalement, je n'aimais pas du tout le tee-shirt que j'avais pris. Je l'enlevai et retournai dans la chambre en le repliant, m'approchant de l'armoire pour en choisir un nouveau.

J'entendais le bruit lointain d'une douche... Certainement Johanna. J'avais du rentrer tard, et l'ayant remarqué elle avait du préférer me laisser dormir. Finalement je n'avais pas eut le courage de voir Andy... Les rayons du jour filtrés par les volets me caressaient le visage et j'enfouis mon visage dans la couette. Encore à moitié endormie... Mais pas pour longtemps. Quelque chose clochait, je ne me rappelais pas être rentrée, pire cette couette n'avait pas son odeur habituelle. Je me tournais ouvrant grand les yeux. Ce plafond n'était pas celui de ma chambre, et la place à coté de moi était encore chaude... Ma gorge se serra alors que les battements de mon cœurs accélérèrent. Qu'est ce que je faisais là ? Où est-ce que j'étais !
J'essayais de réfléchir, mais rien ne venait. Je me rappelais clairement être allée à la plage... Ensuite j'étais restée comme une couillonne devant la porte de chez Andy avant d'écouter de la musique contre sa voiture. Et après qu'est ce qui c'était passé ? Bon sang ! Je me remémorais mon rêve étrange, enfin quelques brides indistinctes. Il y avait eut quelqu'un qui m'avait porté, enfin je crois. Bon sang mais qu'est ce qui c'était passé ?

J'avais peur, et des larmes s’échappèrent des mes yeux. Assise sur le lit, j'étais perdue. Je ramenais mes jambes contre moi, j'étais toujours habillée de mon t-shirt et mon jeans... Mais ça ne voulais rien dire, n'est ce pas ? Je devais être entrain de faire un mauvais rêve. Le bruit de l'eau avait cessé bien avant que je m'en rendre compte quand j'entendis des bruits de pas. La porte s'ouvrit et mon cœur s’arrêta... Je ne savais pas à qui j'avais à faire et encore moins ce qui m'attendait. Mes muscles se tétanisèrent.
La silhouette fine et musclé d'un jeune homme se dessina dans l'encadrement de la porte, et mon regard détaillait son profils familier quand je reconnu Andy.
Je me retrouvais sans voix, contente de ne pas me réveiller dans le lit d'un inconnu, mais pas encore certaine d'être réellement réveillée. Muette, les yeux brillants intensément, à tel points qu'on devinait aisément que je venais de pleurer, j'offrais un spectacle pitoyable. Mince...
Je me doutais maintenant ce qui avait du se passer, il avait dû me voir prostrée contre sa voiture... Comme un chien battu. Quelle idiote pourquoi j'étais venue ? Qu'est ce qu'il allait penser ? Et qu'est ce que je pouvais dire ? J'étais tendue et inquiète. Perdue dans un flot d'émotions contradictoires.
Consciente que je devais rompre malgré tout le silence. J'allais le saluer, presque comme si de rien n'était, mais au lieu du Bonjour que je m’apprêtais à lui adresser une toute autre phrase s’échappa de mes lèvres :

_ On a rien fait n'est ce pas ?

J'ignore lequel de nous deux fut le plus surpris par ce que je venais de dire. J’enfouis ma tête dans mes genoux rougissante de honte.

_ Mince... C'est pas ce que je voulais dire... Je... Pardon dis-je d'une toute petite voix étouffée. J'étais abattue, je n'aurais pas pu faire plus maladroit comme intervention.

Mon coeur loupa un battement quand j'entendis la voix de Keyra s'élever dans l'air, brisant le silence, alors que je terminais de m'habiller. J'étais incapable de dire si ça c'était vu, mais j'avais très certainement sursauté. Je m'étais tellement détendu avec ma douche que j'en avais presque oublié la présence de Keyra dans mon lit, si bien que sa voix me surprit plus qu'elle ne l'aurait dit. Et ça, c'était sans parler de la question qu'elle me posait. Je me retournai vers elle, les yeux ronds. Je n'étais pas particulièrement choqué par sa question, mais, disons que je ne m'y étais pas particulièrement attendu et je n'imaginais que ce serait la première chose qu'elle demanderait à son réveil. Elle comprit très vite dans quelle situation nous nous trouvions et chercha refuge dans ses genoux, cachée par ses cheveux en bataille. Je finis par enfin retrouver le contrôle de mon corps et mon coeur reprit un rythme plus ou moins régulier ; disons qu'il était aussi instable que tous les matins avant que je prenne mes cachets. Je me mordillai la lèvre inférieure en m'approchant de la jeune femme, m'asseyant sur le lit à côté d'elle.


« Si on avait fait quelque chose, je pense qu'on s'en souviendrait tous les deux. J'allais quand même pas te laisser dormir dehors. Tu t'es bien reposée ? »


Je marquai un silence, baissant les yeux vers mes genoux que je ne pouvais pas m'empêcher de bouger. Putain. Je me levai et m'approchai de la table de chevet pour en ouvrir le tiroir et prendre mes cachets. Je les avalai rapidement et rangeai la boîte, reportant mon attention sur la modificatrice.


« Keyra... Qu'est-ce que tu faisais assise contre ma voiture ? »


Elle ne s'était quand même pas fait mettre dehors ? Ou alors elle avait voulu me parler, sauf que je n'étais pas là alors elle m'avait attendu... et quand j'étais rentré, je ne l'avais pas vue et elle dormait déjà. Je n'avais aucune idée de ce qui pouvait justifier une nuit à la belle étoile comme ça. Je savais que ma voiture était belle, mais de là à s'endormir volontairement contre la portière, sans doute pas.

Je l'observais silencieusement. Je chamboulais sa journée. Lorsqu'il posa la question fatidique. Je relevais la tête vers lui. Le regardant dans les yeux avant de fuir à nouveau son regard.
Serrant d'avantage mes jambes contre moi.

_ Je voulais te voir.... Enfin... Pour être honnête, je voulais m'excuser pour mon comportement au café...

J'étais à nouveau au bord des larmes mais je relevais les yeux vers Andy, après tout il n'allait pas me manger, celui qui était véritablement en danger c'était lui et il l'ignorait... Je rassemblais mon courage.

_ C'est débile, mais je me sentais particulièrement mal à l'aise à propos de ça... Et hier soir, pour me changer les idées j'ai décidé d'aller à la plage... Et j'ai re pensé à toi, je sais pas pourquoi j'ai cru que tu aurais peut-être aimé voir l'océan illuminé par les étoiles. Alors... Je suis simplement venu chez toi...
En fait j'aurais dû simplement t'envoyer un texto... Mais je sais pas pourquoi je l'ai pas fait. Fin bref de fil en aiguille je me suis retrouvée devant chez toi à plus savoir quoi faire.
Je voulais pas te déranger. Et comme j'étais venue en courant j'ai voulu me reposer un peu... Et après tu connais la suite...

Je rougis à nouveau et reportais mon regard sur mes pieds. Je passais mes mains sur mes bras, j'avais toujours un peu froid au réveil. Et il va sans dire que ce réveil était plutôt particulier.

_ Je te demande pardon... Je voulais pas t'imposer ça...

Finalement, je me levais et déclarais toujours aussi peu assurée.

_ Bon je vais pas t'embarrasser d'avantage... Je vais rentrer... Merci... De ne pas m'avoir laissée dehors... Je suis confuse d'avoir sous-entendu que tu m'avais fait quelque chose... C'était idiot de ma part. Je vais te laisser tranquille.

Je passais ma main dans mes cheveux, en mordillant ma lèvre inférieure. Ignorant que ce geste était presque suggestif. D'un coup d’œil, je remarquais alors mon mp3 sur la table de chevet. Je l'attrapais frôlant au passage Andy. Mon cœur bondit dans ma poitrine. Je sentais des picotements là ou l'on s'était malencontreusement touché. Je ne pus réprimer ma surprise et fis un bon en arrière.
Okay, là j'avais vraiment l'air louche, je sentais ma bête remuer en moi, comme attirée par mon stress.
Non tu ne le toucheras pas, il ne m'a rien fait, pensais-je, comme si cet ordre silencieux pouvait suffire à la calmer.
Si seulement tu savais qui je suis réellement, tu ne m'aurais jamais laissée dormir près de toi.


Edit fail/ j'avais écrit t'embrasser au lieu t'embarrasser...

Tout le long des explications de Keyra, j'essayais de recoller les morceaux de son histoire, mais malgré le point final qu'elle prononça, j'avais toujours des trous, les explications n'étaient pas complètes, je le savais, je le sentais. Pourquoi ? Parce qu'il était absurde que Keyra vienne de la Push à pieds pour me voir simplement pour me demander pardon et me proposer de regarder les étoiles. Certes, elle avait parfois un comportement étrange, mais... pour ça ? J'avais comme un doute, quelque chose clochait. Peut-être voulait-elle me dire qu'elle était une modificatrice et que finalement, elle prenait la fuite ? Après tout c'était une explication plausible et j'étais désormais presque certain qu'elle n'était pas humaine, pour ne pas dire que j'en avais la certitude. J'avais dormi avec elle et à moins qu'elle soit grippée elle avait la peau vraiment brûlante ; et elle ne semblait pas à l'agonie.


Elle m'annonça qu'elle allait partir, ne pas me "déranger" davantage. Pour récupérer son mp3, elle me frôla, et elle sursauta, réaction pour le moins bizarre quand on savait qu'on avait dormi ensemble. Je baissai les yeux, réfléchissant un court instant avant de me lever sans prononcer le moindre mot. Je n'étais pas sûr de ce que je devais faire, peut-être était-ce plus raisonnable de la laisser partir, à moins que la meilleure idée soit de tout mettre à plat... Je m'approchai d'une commode, pensif et tournant le dos à la jeune femme.


« Tu ne voulais pas me parler de ce que tu es ? »


Les mots étaient sortis d'eux-même. Je ne savais pas comment elle allait le prendre, j'ignorais si elle allait rester ou partir en courant, mais désormais elle savait que j'étais au courant. Le problème, c'était que ça m'emmènerait forcément à parler de ce que moi, j'étais. Je pourrais le lui cacher encore, mais je n'en avais plus particulièrement l'envie. Corbero m'avait dit que c'était risqué d'avoir à se rapprocher autant de l'ennemi, j'avais tenu à affirmer ma place chez les Hunters et voilà où j'en étais, songeant que Keyra ne méritait sans doute pas d'être tuée. Je me retournai vers elle et plantai mon regard dans le sien, une ambiance lourde régnant désormais dans la chambre.

Je me figeais. Fixant intensément son dos. Comment le savait-il ? Avais-je parlé pendant mon sommeil ? Mes muscles étaient tendus et mon cœur était figé dans un autre espace temps. Mon cerveau réfléchissait à toute vitesse alors que mes dents entamèrent ma lèvre inférieure en la faisant saigner.
Ça faisait mal, mais ce n'était ce qui me perturbais le plus. Le savait-il depuis le début ou non ? Et pourquoi n'était-il pas plus étonné que ça ?
Je pouvais lui dire sans craindre de reproches de la part de Jacob, mais je n'acceptais pas ce que je suis... Alors je ne vois pas pourquoi Andy l’accepterait aussi facilement.

_ Oui... dis-je d'une voix blanche.
Mais...Je comprends pas... Si tu le savais pourquoi tu ne m'a pas laissée contre ta voiture... Tu dois savoir que ça ne m'aurait pas tuée ! Comment peux-tu dormir à coté d'un monstre et lui demander s'il s'est bien reposé... Ma voix c'était brisée trahissant les larmes qui n'allaient pas tarder à striée mon jolie minois si je ne me calmais pas.

Ma bête roula en moi comme pour me rappeler qu'elle était bien là, prête à bondir à tout instant. Mais je ne lui cédait pas. Je ne la maîtrisais pas encore, mais depuis que Johanna m'avait prise sous son aile, je parvenais à mieux la contrôler.
Mais là je sais pas vraiment comment prendre cette situation.

_ Pourquoi tu ne m'as pas fuis?

Ne pas soupirer, ne pas céder. C'était maintenant l'instant de vérité. J'étais suffisamment faible pour ne pas être capable de la tuer alors que là était le principal but de ma mission si elle s'était avérée être une modificatrice. Que penserait le chef en me voyant ainsi ? Sans doute que j'étais pitoyable. Autant j'avais épargné Théola parce qu'étant imprégnée de moi, elle pouvait m'être d'une grande aide et représentait une protection constante, autant pour Keyra... je n'avais pas la moindre excuse. Je restais impassible, et pourtant au fond de moi, une véritable guerre éclatait entre la part de moi qui appréciait Keyra et la part de moi qui souhaitait venger ma défunte fiancée. Je détournai les yeux quelques secondes, regardant une photo de mon ex et moi avant de revenir à Keyra, fixant ses iris bleus.


« Il n'est pas dans la nature d'un Hunter de prendre la fuite. »


Voilà, elle savait, désormais. Nous n'avions rien à faire ensemble au final, nous étions censés nous tuer mutuellement, nous haïr, être ennemis jusqu'à notre mort. Rien que par mon statut, elle savait aussi désormais que je vouais une certaine haine envers ceux de son espèce. C'était étrange comme sensation parce que je la détestais et je l'appréciais en même temps, je lui en voulais d'être un monstre et une fille super à la fois.


« Nous avions des doutes sur Johanna et toi. Ma mission consistait à me rapprocher de toi pour découvrir la vérité, et te tuer, si tu étais effectivement une modificatrice... »


Sauf qu'elle était toujours en vie. J'avais beau la détester pour être une modificatrice, je savais qu'elle détestait tout autant que moi le monstre qu'elle abritait. Je l'aimais bien trop, déjà, pour lui faire du mal.

Il y eut un blanc l'espace d'un instant je crus que mes jambes allaient fondre sous moi. Mais je teins bon soutenant son regard. Il le savait depuis le début et j'hésitais entre la colère et la tristesse. Mais surtout je me sentais mal pour Johanna et Jill.
Alors d'une voix qui me paraissait étrangère je dis :

_ Bravo Sherlock ! Mais ma condition n'implique absolument pas Johanna.

Je m'avançais vers lui, déterminée. Je comprenais mieux pourquoi ma bête réagissait bizarrement en sa présence. Mon regard planté dans le sien.

_ Alors qu'est ce que tu attends?

Après tout, je ne méritais pas mieux que la mort... J'étais venue la cherché ici, et Johanna m'en avait empêché, maintenant je mettais sa vie et celle de son fils en danger. Cette fois-ci mes larmes coulèrent sans pour autant que je les cache et que j'en ai honte. J'avais peur, mais j'obligeais ma bête à rester en moi.

Ma voix était maintenant calme et posée :

_ Et bien vas-y... Fais ton boulot... Tu as démasqué ta proie.

Je n'étais plus qu'à un pas de lui. J'étais troublée par ces révélations, mais étrangement j'acceptais mon sort. Après tout on meurt bien tous un jour ou l'autre. Que ce soit de ces mains ou de celle d'un autre ou de vieillesse n'avait aucune importance. Je soutenais toujours son regard, jusqu'au moment où il esquissa un mouvement, je fermais instinctivement les yeux.

Allez savoir pourquoi, je ne m'attendais pas à une telle réaction de la part de Keyra. Elle paraissait soudainement bien plus sûre d'elle. Le fait qu'elle soit une modificatrice ne signifiait pas que Johanna en était une également, c'était vrai ; mais je n'avais pas Johanna à charge après tout. Keyra était ma seule mission. J'observais la jeune femme qui se rapprochait de moi. Elle était énervée, c'était compréhensible alors je ne bronchais pas, l'écoutant simplement et la regardant pleurer. Mais cette fois, elle ne cachait pas ses larmes. Était-ce des larmes de colère ? De déception ? De peur ? Je n'en avais pas la moindre idée. Je finis par lever les bras tandis qu'elle fermait les yeux. Mes doigts se glissèrent dans ses cheveux et mes pouces essuyèrent ses joues humides à cause des larmes.


« Si j'avais voulu te tuer, je l'aurais fait pendant que tu dormais, Keyra. »


Je retirai finalement mes mains. Même si j'avais apprécié le contact, je ne pouvais pas aller plus loin. Et puis, désormais, elle me détestait ; je l'avais trompée, trahie, blessée, je l'avais manipulée et elle savait maintenant que rien était le fruit du hasard entre elle et moi, que j'avais provoqué notre rencontre et que je m'étais arrangé pour lui plaire. Ce que je voulais, maintenant, n'avait plus d'importance. Je ne pouvais pas mener ma mission à bien, je m'arrangerais seulement pour sauver ma peau auprès de Corbero, et nos chemins semblaient se séparer. Alors qu'elle rouvrait les yeux, je plantai à nouveau mon regard dans le sien.


« J'aurais aimé que ça se passe autrement. »


J'aurais aimé qu'elle soit humaine ou ne pas la rencontrer en tant que Hunter, ne pas avoir pour mission de la démasquer et la tuer. J'aurais aimé qu'aucun monstre n'existe sur terre, que la vie soit plus facile. Mais la vie est injuste, n'est-ce pas ? Alors forcément, rien ne se passait comme je l'aurais voulu.

Je m'attendais tout sauf ça... Ce geste, je comprenais plus rien... Ne venait-il pas de me dire qu'il devait me tuer ? Je sentais encore la chaleur de ses doigts sur mes joues. Je l’interrogeais du regard surprise. Au moment où il s'écarta de moi mes jambes cessèrent de soutenir mon poids. Je me laissais tomber. J'étais assise par terre les yeux rivés sur le parquet les joues en feu. Qu'est ce que je devais comprendre de tout ça, moi ? Et pourquoi mon cœur s'affolait-il à se point ? Je cherchais une réponse dans ses yeux, mais j'étais incapable de la déchiffrer. Pourquoi à son contact ma bête ne se manifestait pas ? Que de pourquoi et aucunes réponses. Je serrais les poings.

_ Tu devrais me tuer tant que ma bête ne s'est pas manifestée.

J'insistais, parce que.... Parce que je devais être honnête avec lui, et que j'arrivais à lui en vouloir. Je devrais me sentir trahie lui en vouloir, et pourtant j'y arrivais pas. Parce qu'en croisant sont regard il m'a semblait y voir une peine immense. J'ignorais pourquoi il était devenu un Hunter, mais quelque chose le troublait.

_ Je comprends pourquoi tu dois le faire, et c'est normal parce que je l'ai tué... Je voulais pas... mais...

Mon regard se perdit dans le vide, je revivais l’événement une énième fois.

_ Ce type m'a embarquée dans cette rue, il m'a forcé... Il m'a touché, et j'ai pas pu la maîtrisée... Je me suis transformée et je l'ai tuer avant de m'enfuir horrifiée... C'est pour ça que tu dois faire ton devoir et me tuer...
Je l'ai tué, et j'ai pas su la maîtriser. Je suppose que c'est parce que tu es un Hunter qu'elle ne c'est pas encore manifestée... je veux pas te faire de mal.

Oui, je ne voulais pas le blesser ou le tuer accidentellement sur un coup de tête de ma bête. De nous deux il est fort probable que ce soit moi qui ai le plus peur de ce que je suis. J'avais été le plus sincère possible, j'attendais juste mon châtiment.

Je sentis mon coeur se serrer en voyant Keyra tomber au sol. Allez savoir pourquoi, je me sentis très mal à la voir dans cet état, comme une condamnée à mort qui acceptait son sort et se savait coupable, qui ne comprenait pas pourquoi je lui laissais la vie sauve. Je sentis mes muscles se raidirent lorsqu'elle me dit qu'elle comprenait pourquoi elle devait mourir, parce qu'elle l'avait tué... Sur le coup, je ne compris pas, je revoyais Eddie. Ce n'était quand même pas elle ?


"Ce type". Non, Keyra ne parlait pas d'Eddie, fort heureusement... Je retins l'immense soupir de soulagement qui voulut franchir mes lèvres, mais qui était à l'instant présent plus que déplacé. Je l'écoutai en silence, fixant le mur bien que je sente son regard sur moi. Alors, c'était ça. Elle n'avait pas besoin de me dire que c'était ce qui lui avait fait fuir la Californie pour que je fasse le lien. Je finis par baisser les yeux vers elle et je m'agenouillai à mon tour pour être à sa hauteur. De nouveau, je levai une main pour essuyer ses joues.


« Entre lui et toi, c'était sans doute lui le monstre, même s'il est clair que le fait que tu ne te contrôles pas est un vrai problème. »


Mon regard parcourut son visage l'espace d'une fraction de seconde alors que je remettai une de ses mèches de cheveux en place.


« Il n'aurait pas du... te faire de mal. »


Et je ne voulais pas lui en faire non plus. Elle semblait terrifiée, autant par ce qu'elle était que par ce qu'elle avait fait. Doucement, je la pris dans mes bras, sans rien faire de plus. Je voulais simplement qu'elle sache que je ne lui ferais pas de mal d'une quelconque manière que ce soit.

Il ne croisa pas mon regard alors que je lui racontais le monstre qui est en moi, ses yeux perdus dans le vague... Il devait prendre conscience que je méritais la mort. Son attention se reporta sur moi et mes muscles se raidirent immédiatement. Seulement cette fois ci je ne détournais pas le regard plongeant dans ses yeux bleu azur. Il ne prononça pas un mot avant d'être à ma hauteur, alors que mon pou s’accélérait vertigineusement. Mais rien dans ses geste et dans sa voix n'était belliqueux. Pourquoi ?
Ses mots me surprirent et je me détendis malgré moi, la délicatesse avec laquelle il replaçait les mèches de cheveux qui barrait mon visage me fit d'avantage rougir. A cet instant j'aurais aimé être capable de lire dans ses pensées pour comprendre ce qui se passait. Dans le petit chaperon rouge, jamais le chasseur n'avait épargné le loup... J'ignorais qui était le petit chaperon Rouge de cette histoire, mais j'étais clairement le méchant loup et lui le gentil chasseur. C'était impossible.
Doucement il m'enlaça, j'arrêtais de respirer sous le coup de la surprise. Toute raide dans ses bras, je ne savais pas quoi faire. Que faisait-il ?


Immobile, je fermais les yeux, je voulais retrouver mes esprits mais n'y parvenais pas. J'aurais dû le repousser et m'enfuir, au lieu de m'abandonner à cette étreinte. C'était contre nos natures. Je me blottie contre lui, mon visage enfouie dans sa poitrine. Je n'avais encore jamais confié à qui que soit ce qui c'était passé... Je me sentais étrangement plus légère. Je restais un moment contre lui, reprenant mon souffle le plus calmement possible, alors que mon cœur battait la chamade. La louve en moi s'était presque retirée, lovée tout au fond de moi, comme si en cet instant elle n'avait qu'une envie dormir, effaçant presque sa présence en moi.
Je me sentais si légère d'un coup. Mais ce n'était pas bien.
Je m'arrachais délicatement à son étreinte la gorge serrée.
Je restait pourtant proche de lui mon regard aimanté par le sien. M'appuyant sur mon bras gauche pour ne pas lui tomber dessus je posais ma main droite sur sa joue gauche. Je la laissai glisser le long de sa mâchoire, mon pouce effleurant ses lèvres, il termina sa course au milieu de sa bouche.

_ Promets moi, que si un jour tu me croises sous ma forme lupine, tu n'hésiteras pas... Tu te rappelleras pourquoi tu es devenu un hunter. Je n'ai pas encore accepté ce que je suis et sous ma forme animale j'ai encore tendance à suivre ses instincts, et il y aura aucun moyen pour toi de savoir si oui ou non je suis maître de moi. Alors je ne veux pas que tu hésites. S'il te plaît...

Mes mots étaient durs, mais je ne regrettais pas de les avoir dit. J'ignorais pourquoi il ne pouvait me tuer maintenant. Mais une chose était sûre. Si jamais l'on se croisait un jour alors que je serais une louve, l'un de nous deux y passerait. Et je préférais sincèrement que ce soit moi. Il prenait un trop gros risque en me laissant la vie sauve. Je retirais ma main de son visage. Mes yeux toujours plantés dans les siens. Je voulais me blottir encore une fois dans ses bras... Mais je n'avais pas le droit n'est-ce pas ?

C'était tellement... bizarre. Ce qui était en train de se produire n'aurait jamais du avoir lieu, c'était incorrect, ça ne nous mènerait nulle part. Je l'épargnais ? Mais pour combien de temps ? Je compatissais ? Mais jusqu'à quand ? Tout ceci n'était qu'éphémère, Keyra et moi n'étions pas compatibles, nous n'étions pas faits pour marcher main dans la main ni suivre le même chemin. Je la sentis s'éloigner un peu de moi, se défaire de mon étreinte en douceur et je sentais que c'était à contre-coeur qu'elle le faisait. Je fixai ses yeux, ne bronchant pas en sentant sa main se poser sur ma joue et son pouce glisser sur mes lèvres, bien que ce contact m'ait arraché un frisson. Les mots qu'elle prononçait étaient évidemment très loin de me plaire, j'aurais préféré qu'il n'y ait pas cette question-là à se poser. Pourtant, je savais qu'elle avait raison de mettre le sujet sur la table, qu'elle avait raison de dire que je devrais la tuer sous sa forme lupine. De toute manière, je n'avais aucun moyen de reconnaître les modificateurs entre eux une fois qu'ils s'étaient transformés ; la seule que je reconnaissais était Théola, puisque je l'avais vue en louve avant de la voir en humaine. Mais Keyra ? Il était évident que si je croisais un loup géant quelque part, je n'aurais pas le droit de me demander si c'était Keyra, ou pas. Il me faudrait agir, un point c'est tout. Cette idée me faisait mal au cœur, elle me rappelait que nous étions ennemis et que même si je l'épargnais maintenant, rien ne garantissait que ce serait aussi le cas dans le futur.


Sa main retomba avant que je n'ai pu la retenir. J'acquiesçai d'un léger signe de tête, levant une main à mon tour pour caresser son visage. Je n'en aurais peut-être plus l'occasion ensuite. Je me rapprochais d'elle doucement, le cœur battant, sans trop être certain de ce que je faisais, je savais seulement que je le voulais. Je m'arrêtai un instant alors que mes lèvres frôlaient les siennes, sans aller plus loin. Franchir le pas, ou rester raisonnable ? Est-ce que cela pourrait nous apporter quelque chose de bien, à tous les deux ? Je me posais beaucoup de questions, probablement trop. Je décidai alors d'en faire abstraction, prenant la décision de suivre mes envies. Mais je n'en eu pas l'occasion. Au moment où j'allais l'embrasser, la porte d'entrée claqua fortement au rez-de-chaussée et j'ouvris de grands yeux en me redressant vivement.


« Mon chef ! »


Je jetai un coup d'oeil à ma montre pour être certain, mais oui, ça ne pouvait être que lui. J'avais complètement oublié qu'il m'avait dit qu'il passerait pour avoir de mes nouvelles. Je me relevai, tendant la main à Keyra pour l'aider à en faire de même.


« Tu dois te planquer. Il ne vient jamais seul, tu te ferais voir si tu sortais de la maison. »

Bip bip bip biiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiip.....

Je venais de frôler la crise cardiaque. Oubliant même de respirer.
J'étais sonnée, je comprenais plus rien du tout. Il devait me tuer, j'étais sa proie et on avait été à deux doigts de s'embrasser. C'était juste... Comment avons nous pu en arriver là ?
Andy me mit sur mes pieds en quelques secondes. Je devais me cacher... Oui mais comment ?
Où ? Je cherchais une réponse dans ses yeux, mais je n'y lisais que le reflet de ma crainte et de mon étonnement.
Les pas dans l'escalier se rapprochaient. Je me glissais dans la penderie. Au moment même ou la porte de la chambre s'ouvrit.
Je retenais mon souffle, prisonnière du noir espérant ne pas être découverte. J'étais coincées entre ses vêtements et à la merci de la mal chance. Bon sang mais pourquoi ça devait se passer comme ça?

Il y eut un instant de réflexion, au cours duquel la panique nous prenait, avec Keyra. Si William nous attrapait ensemble ? On était cuits tous les deux, rôtis comme des poulets. Sans plus réfléchir davantage, la jeune femme se jeta dans mon placard et s'y enferma pile au moment où William entrait dans ma chambre. Je me tournai vers lui, portable en main et ouvrant de grands yeux. Surtout, ne pas perdre son sang froid. Ne pas perdre son sang froid.


« Chef, je suis désolé, j'avais oublié que vous deviez passer...
- Ça ira. Tu en es où dans ta mission ? »


Ma mission ? Démasquer Keyra et la tuer. Je hochai la tête, passant devant mon chef pour ouvrir les volets.


« Ça avance, mais ça prend du temps. Keyra est une fille prudente, elle ne me laisse pas m'approcher trop d'elle et elle ne parle pas d'elle. »


William ne releva pas. Ça ne lui plaisait sans doute pas du tout, ce que je venais de dire, mais c'était comme ça. Je me retournai vers lui une fois les volets ouverts, attendant de voir s'il avait autre chose à me dire. Mon chef s'approcha du placard, si bien que je retins mon souffle quelques secondes, avant de se tourner vers moi.


« Zack nous a trahis. Il a découvert que Johanna et son fils, Jill, étaient des modificateurs et a pris la décision de les couvrir. Si tu le revois, tue-le. Désormais, tu seras sous ma tutelle. »


J'entrouvris légèrement la bouche avant de la refermer comme un poisson dans l'eau. Je devrais tuer Zack si je le voyais ? Nom d'un chien. Mais dans quelle espèce de merde je me trouvais ? Johanna, Jill, Keyra, Zack... quel merdier. Putain. Je me mordis la langue pour revenir à la réalité et acquiesçai d'un signe de tête.


« On a une idée de l'endroit où il a pu aller ?
- Il n'a pas du aller bien loin, Johanna et Jill sont des Quileutes, ils ne quittent pas la Push. Je mets ma main à couper que Keyra fait aussi partie de la meute. Sois prudent, si tu tombes sur Johanna ou Zack, je doute qu'ils te laissent la vie sauve. Zack a sûrement parlé de ta mission. Je veux que tu me tiennes au courant de tout ce qu'il se passe.
- Très bien... »


Je ne dis rien de plus. C'était un véritable foutoir. Il ne manquerait plus que je me fasse égorger par Johanna d'un coup de mâchoire, tiens. Et Zack, pourrait-il me tuer ? Si oui, je n'étais pas en sécurité dans cette maison, il savait où j'étais. Je pinçai les lèvres sous le regard de mon chef, qui s'approcha de moi et me plaça un revolver entre les mains.


« Le nouveau modèle. Prends-en soin. »


Sur ces quelques mots, il sortit de la chambre, puis de la maison. Après le claquement de la porte d'entrée, j'entendis le moteur des voitures et les crissements des pneus s'éloigner. Je me laissai aller contre le mur, rejetant la tête en arrière en poussant un profond soupir, le revolver toujours en main.


« Tu peux sortir Keyra. »

J'étais prostrée dans sa penderie, la tête me tournait presque après ce que je venais d'entendre. Comment, pouvait-on ordonner un truc pareil ! J'ignorais ce que son chef avait enduré pour devenir comme ça, mais ça me révoltait. Il venait clairement de demander à Andy de tuer son bienfaiteur, et d’éliminer Johanna et son fils. Elle n'avait rien fait de mal, non elle protégeait les humains de toutes ses forces, et que dire de Jill si ce n'est qu'un innocent enfant qui n'avait même pas encore l'âge de muter.
Je sais pertinemment que tous les modificateurs ne sont pas bons, mais nous somme juste des humains qui mutons pour se protéger contre les vampires. Que connaissaient vraiment les Hunters ? Ignore-t-il vraiment notre nature si distincte de celle des lycans ?
J'avais un goût amer dans la bouche, c'était trop cruel. Je pouvais comprendre que ma tête soit mise à prix parce que j'avais tué un humain, et qu'après tout mourir pour ça était une peine équitable. Mais pour Johanna et Jill, ils allaient mourir uniquement du fait qu'ils sont modificateurs ? Sans autres formes de procès ? Simplement parce qu'on est pas tout à fait humain ?

C'est le propre de l'homme que de détruire ce dont il a peur. Comme j'aurais aimé avoir tord quand j'avais dit ça à Jacob. Jamais je n'aurais dû mettre les pieds à Forks, sans moi Johanna n'aurait peut-être pas été sous le joug des hunters, sans moi Andy n'aurait pas eu ce problème de conscience...
Ma respiration était saccadée, j'essuyais mes larmes d'un revers de la main, pleurer ne servait à rien, et je ne voulais pas faire plus de mal à Andy. Il avait pris un si gros risque pour moi.
Il fallait que je sorte de ce placard, mais je ne savais pas si j'étais révoltée par ce que je venais d'entendre ou par l'injustice du destin, je ne savais pas si en sortant je me retrouverais dans la ligne de mire d'Andy ou non. Et s'il ne m'abattait pas, que devais-je faire ? L'obliger à me tuer ? Ou fuir et ne plus jamais le revoir ?

Finalement je sortis délicatement de la penderie. Et je crois que j'aurais préféré qu'il me mette en joue. Il était assis la tête en arrière une arme à la main, en proies certainement à des pensées contradictoires. Enfin, je ne pouvais pas le savoir, peut-être prenait-il la décision que ma vie ne valait pas qu'il risque la sienne. Et il aurait raison.
A le voir ainsi, mon cœur se serra dans ma poitrine, j'étais prête à céder à la colère il y a même pas une minute, et là j'étais abattue. Il aurait été tellement plus simple que je le déteste une fois que j'avais appris qu'il était un hunter et que sa mission été de m'éliminer.

Finalement je m'approchais tout doucement de lui. Le cœur battant. C'était peut-être du suicide, mais aucun mots ne voulaient sortir de ma bouche. Et je ne pouvais pas le laisser dans un état pareil. ça faisait trop mal.
Je m'agenouillais à cote de lui. J'avais envie de le prendre dans mes bras, mais j'ignorais si c'était vraiment pour le réconforter ou me réconforter. Je glissais mes doigts dans sa main libre. Et la recouvrais de mon autre main.
Je détestais les mots que j'allais prononcer, mais il n'y avait aucune autre issus.

_ Ta vie est bien trop précieuse pour que tu la risques pour moi. Tu ne me verras plus... Je ferrais en sorte de ne plus jamais croiser ta route, comme ça tu n'auras plus besoin de te prendre la tête pour moi... Je n'en vaux pas la peine.

Je lâchais sa main à regret, mais on avait pas d'autres choix. Je me relevais, déclarant innocemment :

_ J'espère que tu vas survivre, et que tu pourras être heureux. Parce que le sourire te va beaucoup mieux...

Je me dirigeais vers la porte de sa chambre. Une fois la main sur la poignée je m'immobilisais. J'aurais tant aimé qu'il me retienne. Mais il n'avait rien dit ni fait un seul geste. J'avais suivi la raison, je faisais ce que je devais faire. C'était du bon sens.
Zut ! Je n'avais pas envie de partir comme ça, pas maintenant. Il c'était passé en quelques minutes bien trop de choses pour que je puisse rester logique. De toute façon je n'étais pas logique n'est ce pas ? Et merde... J'allais le regretter... Il y avait pas d'autre solutions, et là j'allais faire une bêtise monumentale. Mais j'en étais plus à ça près. Allait-il vraiment rester léthargique comme ça ?
Je mis ma raison en veille, elle aurait tout le temps de me culpabiliser plus tard...

Je me retournais les poings serrés, puis je m’accroupis devant Andy. J'étais folle. Mon cœur tambourinait dans ma tête mais je l'ignorais, tout comme l'angoisse lointaine qui s’insinuait en moi. Je m'apprêtais à faire une bêtise... Nos regard se croisèrent et je fermais les yeux. Ma main gauche se posa sur le sol pour que je garde l’équilibre tout près de sa taille. Cette fois-ci mes lèvres rencontrèrent les siennes, c'était la première fois que j'osais embrasser un garçon. La toute première fois... Le contacte de ses lèvres contre les miennes était doux et brûlant à la fois. C'était agréable. Mais pas éternel. Je me reculais. Prête à ce qu'il me repousse. J'ouvris les yeux en me mordillant la lèvre inférieure. La raison repris le dessus et ma gorge serra si fort que respirer était presque douloureux. J'étais foutue... Automatiquement mes joues rougirent.