Le bruit de la circulation tôt le matin, les coups de klaxon, la fumée de cigarette qui me picotte les narines. Nous sommes lundi c'est ça ? La reprise après le week-end, la chaleur de l'été se fait déjà sentir. Il doit-être environ huit heures, ce que je fais là ? J'en sais trop rien , assis sur un banc sous un arrêt de bus, la tête basse les mains croisées. J'avais décidé de m'isoler un peu, histoire de faire le point et d'essayer de me changer les idées. Visiblement cela n'a pas bien marché, mon esprit est encore plus troublé, comme si ma tête allait exploser. Une légère barbe commence à se voir sur mon visage, les traits de la fatigue ont également fait leur apparition. Le fait est que les évènements durant ces derniers temps sont flous, comme si j'étais perdu à travers. Cette fumée ne fait rien pour arranger les choses en plus, elle me monte à la tête, ca empeste.

Mais au fait qu'est-ce que je fais là exactement ? Ah oui ça me revient, aujourd'hui c'est le jour de mon retour à la maison. Il me tarde de voir la bouille de mon enfant, le visage de mon amour. Je me demande comment ça va bien pouvoir se passer, la fête ? Ou bien une nouvelle dépression, ou bien un accueil simple et chaleureux ? Tant de choses hantent mes pensées, je devrais probablement être content, le sourire aux lèvres, alors pourquoi ce n'est pas le cas ? Pourquoi j'ai cette impression d'avoir perdu la vue durant des jours ? Huit heure-trente, le bus n'est toujours pas arrivé et je sens que je vais devoir marcher sous cette chaleur.

A chacun de mes pas je repense à toutes ces choses qui ont bousculées ma vie à jamais, l'évènement qui s'est déroulé au bal, la soi-disant mort de Morgan puis sa réapparition, dans ma maison, celle de mon clan. J'ai vingt et un ans et je suis père, est-ce normal que mes pensées se noircissent ? Qu'est-ce qu'il m'arrive au juste ? Suis-je en train de devenir un type rongé par la tristesse, le doute ? Tout ce que j'ai recherché à combattre, ce qui a hanté celle que j'aime. Cette impression que tout s'effondre autour de moi, que ceux qui me sont chers disparaissent. Cela doit faire cinq minutes que je marche à présent et d'ici cinq de plus je serai arrivé chez-moi.

Maël, mon fils, comment vas tu grandir dans ce monde ravagé ? Vas-tu être la proie à la tristesse, comme ça était le cas pour ta mère ? Mon enfant je veux te voir grandir, je rêve d'un sourire radieux qui illumine ton visage, un soleil qui réchauffe le coeur de tes parents et de ceux qui t'entourent.
Mon fils, j'ai hâte de te voir grandir tu n'imagines pas à quel point, mon rôle de père je vais l'assumer à chaque instants, j'en suis sûr à présent, je vais veiller sur toi, qu'importe les conflits, au diable les remords, les doutes.

J'ignore pourquoi je n'ai pas eu ce genre de pensées plus tôt, je sais où se trouve ma place, chez-moi auprès de ma famille et de mon clan. Je me vois déjà prendre mon fils dans mes bras, Maël je te vois déjà. Tu es la petite étoile qui me guide dans ce monde au bord du chaos, l'étincelle de bonheur dans cette ère nouvelle. Voilà, j'y suis, la demeure de mon clan est juste enface de moi, une fois la ruelle traversée, seulement quelques mètres me sépareront de mon enfant et c'est après quelques pas que je me tiens devant la porte d'entrée, je prends une grande inspiration, une sorte noeud au ventre, vient de se faire sentir, c'est à la fois un moment de joie et de doute dans lequel je suis. J'aurai aimé que cette porte soit déjà grande ouverte et que Jude m'attende, mais non, je suis là et je recommencer à douter. Bon, c'est décidé, je pousse alors doucement la porte d'entrée, me glissant dans ce lieu que j'avais tant aimé, chez-moi.

Maël je suis là ...