[FenFen & Momo au cinéma.}

Oubliez.
Oubliez tout ce que vous savez de Fenris. Oubliez la guerre, oubliez les lycanthropes et les vampires, oubliez tout ce qui fait que vous voyez Fenris comme un redoutable adversaire. Rencontrez le à travers son apprentissage de la vie, par le biais de ses multiples expériences qui, selon vous sont parfaitement anodines, mais paraissent comme de véritables défis pour l’alpha d’Eclipse.

Le cinéma. Une invention de l’homme que jamais Fenris n’avait visitée, étant donné qu’il n’en avait jamais compris l’intérêt. Ce n’était pas une question de moyen -car tout le monde sait que si Fenris veut entrer quelque part, il entre, que ce soit par la porte, la cheminée, le toit ou le mur- mais plutôt de mode de vie. De là où il venait, rien de tout ça n’existait et il ne connaissait pas tous ces endroits qui sont faits pour que l’humain ne s’ennuie pas.

Devant la façade du cinéma, Fenris se tenait debout, main dans les poches, et regardait les affiches des films, sans vraiment comprendre pourquoi ils foutaient des images pareilles en grand, genre c’était exceptionnel et super intéressant.

« Ils ont vraiment des sales gueules sur ces affiches. Regarde ça Morgan… ces humains ont vraiment une imagination de merde. C’est sensé représenter quoi ce truc poilu qui hurle en arrière plan là ? Un… Loup-Garou du Marécage ? Huh ? Ils font des films sur nous ?! »

Choc. Fenris fixait l’affiche avec des yeux ronds comme des billes.

Je m'étais lancé un défi... Emmener Fenris en ville. Dieu seul sait quel défi cela pouvait représenter, d'autant plus que cela signifierait que je me le coltinerais toute une journée. Mais que voulez-vous, je ne voyais jamais mon alpha sortir pour autre chose que chasser, partir en éclaireur ou quelque chose du genre ; c'était comme s'il était né pour se battre et rien d'autre. J'étais donc très curieux de la tête qu'il tirerait face à la vie et toutes ses opportunités.


Je fixais l'affiche, les mains dans les poches à côté de lui.


« Eh bien, oui, il y en a beaucoup même s'il y en a davantage sur les vampires. Ils sont d'ailleurs mieux ceux des vampires, ils crament au soleil au lieu de briller, c'est tellement plus intéressant... ! »


J'eus un sourire avant de déposer une petite tape sur l'épaule à Fenris pour le sortir de sa contemplation devant une image qu'il trouvait très étrange.


« Viens, on va voir le film, on pourra s'faire une idée comme ça. »


Et là-dessus, je me dirigeai vers l'entrée où la jeune femme attendait les clients pour les faire payer

Fenris pencha la tête sur le côté, grimaçant légèrement. Quelle sorte de navet cela pouvait-il bien être ? Suivant Morgan sans lâcher l’affiche du regard, il se questionna sur ce que les hommes pouvaient imaginer à leur sujet. Si les vampires se mettaient à cramer au soleil, peut-être qu’ils donnaient aux lycans des apparences canines genre pitbull, chihuahua, voire caniche ? Fenris reposa son regard sur Morgan et l’imagina dans sa forme lycanthrope, mais avec le poil tout frisé. Beaucoup auraient rit.
Fenris plissa les yeux et serra les poings.

Il passa, comme ça, sans un mot.

« Monsieur !… Il faut faire la qu…
-Ta gueule, je passe.
-Vous n’avez pas le droit ! »

En guise de réponse Fenris fit mine de s’étirer et colla une claque dans la gueule de la bonne femme qui s’était mis en tête que le suivre l’arrêterait. Paf, dans sa gueule. Elle tomba par terre, assommée, et Fenris poursuivit son chemin vers les salles, sous le regard choqué des gens qui achetaient docilement leurs places. Niveau discrétion, raté. Fenris venait de s’afficher ouvertement et l’attention était braquée sur eux.

« Morgan ! Amène ton cul, laisse-les faire la queue. »

Sans se poser de question, Fenris ouvrit une porte -la mauvaise, bien évidemment.

♫ Il n’y a rien de plus douuuuux, qu’un amiiii, et mon ami c’est mon Petit Poney, et si j’ai dans la têteaux un air de fêêêêteuuh, oui c’est grâce à mon Petit Po… ♫

CLAC.
Fenris referma la porte de la salle et se tourna vers Morgan.

« C’est quoi cette horreur ? Ils veulent me tuer avec de la guimauve ces humains à la con ? »

J'allais m'apprêter à faire la queue... Chose qui me parut complètement stupide lorsque je vis Fenris passer devant tout le monde, y compris devant la vendeuse. Celle-ci tenta de s'interposer mais elle eut vite fait de tomber au sol, sonnée par la gifle monumentale qu'elle venait de se prendre. Sans plus attendre, j'enjambai son corps avant de me retourner vers les humains qui faisaient la queue, tout sourire.


« Bon film ! »


Là-dessus je rejoignis Fenris, qui venait de refermer une porte vivement d'où je pus entendre une vague chanson pour enfant... qui me rappela le film que j'étais allé voir avec Kaitlyn.


« Oh, les petits poneys, Kaitlyn a adoré ! »


Face au regard de Fenris, j'eus tôt fait de perdre mon sourire. Damn it, il allait prendre ma fille pour quoi maintenant ? Je me raclai la gorge avant de me passer une main dans les cheveux et dépasser Fenris, l'air de rien.


« Ce doit être dans une autre porte... »


J'en ouvris une, deux, trois, quatre... La cinquième fut enfin la bonne, ou en tout cas, c'était bel et bien un film sur les loups-garous. Je fis signe à Fenris de me rejoindre tandis que je me faufilais dans la salle aux lumières éteintes. Sur l'écran, un homme avait entendu un bruit et un grognement, il semblait apeuré.

Kaitlyn ? Adorer ce truc ? Mais à quel monde Morgan habituait-il sa fille ? C’était une lycanthrope, nom d’une pipe ! Pas un petit toutou de compagnie pour vieilles femmes séniles ! Il fallait qu’elle apprenne le côté obscur de la force, qu’elle contrôle la puissance de son don ; nul autre choix que de faire une cure… au gore. Tripes, boyaux, cervelles, effusion de sang, explosion de corps en mille et un petits morceaux de viande. C’était ça dont elle avait besoin.

Mais bref. Outre le détail concernant l’éducation de Kaitlyn, Fenris ne pipa mot et sivit Morgan jusqu’à -enfin !- la bonne salle. C’était sombre, et il y avait un peu de monde. L’écran était immense et Fenris se stoppa à la porte pour regarder la scène qui passait. Un loup-garou sorti soudainement d’entre les buissons et hurla en… se tapant le torse. Haussant les sourcils, Fenris ne su pas s’il devait rire.

« Depuis quand on nous fait faire King Kong dans les films ? Ils se sont piqués à la farine les mecs qui ont fait ça ? »

Du sang jaillit d’une blessure provoquée par le loup-garou, mais en trop grande quantité bien sûr.

« Woooh, si les humains avaient réellement autant de sang, les vampires mettraient deux jours pour les bouffer ! »

Il fallait avouer que nous n'étions pas tombés sur le meilleur film concernant des loups-garous qui puisse être. Je fronçai les sourcils en regardant le lycanthrope-King-Kong sortir des buissons en hurlant. Et puis même, sortir d'un buisson quoi ? Sauter d'un arbre ok mais un buisson quoi, ridicule... C'est impossible de cacher un lycanthrope derrière un buisson à moins de l'allonger sur le ventre.


J'eus un sourire au commentaire de Fenris ; ça aurait été bien que les humains aient autant de sang, ils auraient été encore plus juteux.


« Chuuuut ! »


Un homme venait de se retourner pour faire taire Fenris, visiblement déjà agacé par ses commentaires. Et encore, il n'en avait pas fini. Quelque chose me disait que cet humain allait fortement regretté de s'être manifesté...


« Excusez-le, c'est que le film est vraiment trop mal fait. »

Même pas perturbé par l'homme qui tentait de le faire taire, Fenris l'ignora royalement et continua de regarder le film, non sans surprise à chaque passage des plus bizarres qui soit. Il finit par s'asseoir sur le siège devant lui et ne pipa plus un mot pendant une dizaine de minute, jusqu'au moment fatidique où le lycanthrope reprenait forme humaine grâce à son amour inconditionnel pour une blondinette à forte poitrine.

« Et voilà ! Evidemment, une femme s'emmêle ! C'est d'une stupidité ce truc, genre ton amour pour une femme te fait redevenir humain ! Ca se saurait ça, tss ! »

Tournant la tête vers Morgan, il l'observa un court instant et lâcha un commentaire.

« C'est plutôt l'inverse, c'est elle qui devient lycanthrope si elle veut pas se faire buter quand ils baisent. »

Fenris secoua négativement la tête en soupirant et un homme se leva pour venir le voir.

« Ca vous dérangerait de vous taire, jeune homme ?!
-J'aime pas ta gueule, vire du plancher. Tu m'agaces, l'humain.
-L'humain ?! Vous vous prenez pour une de ces bestioles ?!
-Morgan, dégage le à l'autre bout de la salle. »

Pour une fois, Fenris avait la flemme de taper quelqu'un. Il préférait regarder le gros navet qui passait sur grand écran, en s'enfonçant dans le fauteuil, bras croisés.

Face au commentaire de Fenris, je me mordis légèrement la lèvre inférieure. Oh, j'avais couché avec Ashley sans la transformer et aux dernières nouvelles, elle était encore vivante... Même s'il est vrai que l'envie de griffer dans ces moments-là est omniprésente.


Un homme se leva pour faire taire Fenris, je ne fis aucun commentaire, observant simplement la scène. La dernière phrase de mon alpha me fit sourire ; tiens en général c'était lui qui frappait, pas moi. Mais bon, je n'allais pas me priver. Je m'approchai d'eux, retournant l'humain en souriant.


« Tout ce qui ne tue pas nous rend plus fort. »


Et là-dessus, PAF! mon poing lui atterrit en plein dans la joue, si bien que je lui avais probablement cassé plusieurs dents. L'homme s'effondra dans les escaliers, complètement sonné, tandis que plusieurs cris s'élevaient dans la salle.

Agacé d'entendre les cris des gens de la salle, Fenris fit claquer sa langue contre son palet puis se leva, avant de beugler.

« Mais vous allez la fermer oui ?! Le prochain qui l'ouvre je lui arrache la tête ! »

Si les gens ne prirent pas tous cette menace au sérieux, ils ne voulurent pas prendre le risque de la vérifier. Après tout, depuis quelques temps ils savaient qu'ils vivaient en compagnie d'êtres surnaturels... alors autant éviter de se frotter à eux, n'est-ce pas ?

Fenris se rassit tranquillement, et continua de fixer le film. C'était incroyablement long et chiant, sans aucune surprise et bourré d'incohérence... fixer l'écran. Le regarder... sans vraiment le voir... ne même plus chercher à comprendre.. et... zzz... zzz... rrrpsshh... zzz...

Avec le filet de bave, évidemment.

L'autorité de Fenris ne se faisait pas que sur sa meute et c'était satisfaisant à observer, j'aimais bien voir les gens faire de grands yeux ronds en le regardant, se demandant s'il allait leur bouffer la cervelle ou commencer par leurs orteils. Je profitai de ce moment d'extrême silence dans la salle pour me glisser à côté de mon alpha et m'asseoir à côté de lui.


J'observai le film un moment, la tête appuyée sur ma main. En plus d'être mal fait, c'était ennuyeux ; ça bougeait tellement plus dans la réalité !
Je tournai la tête vers Fenris, pour voir que ce dernier s'était endormi... et bavait.


« Fenris putain, t'es dégueulasse ! »


Je me retins de foutre la main dessous et la remonter jusqu'à son pif pour lui écraser la bave sur le visage ; il ne m'aurait jamais pardonné une telle humiliation. Je me contentai alors de sortir un mouchoir et lui essuyer la bave avec une mine de dégout.


« C'est carrément trop gore de te regarder te baver dessus, je préfère encore voir un mec avec les tripes qui sortent que te regarder pioncer. »

Fenris dort. Encore. Faut dire qu'avec un film pareil, super prévisible et sans aucun intérêt, y'avait de quoi piquer du nez...




...


Il ne se réveilla qu'à la fin du film, où il entendit des gens passer à côté de lui. Se redressant dans son fauteuil tout en rouvrant les yeux, il maugréa quelque chose et regarda Morgan.

« C'était vraiment nul, comment t'as pu penser que ça pouvait m'intéresser cette merde ? Plus jamais ça, Mort. »

Une chance pour Morgan que Fenris pionçait bien comme il faut auparavant, car il n'aurait certainement pas apprécié les remarques et le second aurait fait un petit vol plané dans la salle de cinéma... :3

Fenris finit par se réveiller, tandis que j'étais sur mon portable, absorbé par mon jeu : angry birds. Ce jeu me rappelait le mythe des trois petits cochons, cachés dans leur maison avec le loup qui voulait les manger. Sauf que dans ma tête, le loup faisait comme les oiseaux d'angry birds : il défonçait tout et allait chercher les cochons jusque dans leur repère.


Je relevai les yeux vers Fenris, quittant mon jeu en haussant les épaules.


« Au moins ça t'auras permis de voir comment les humains nous imaginent : ridicules. »


Je rangeai mon iPhone dans la poche de mon jean avant de me lever à mon tour.


« Je t'emmène ailleurs ou tu en as suffisamment vu pour la journée ? »